Beaucoup d'entre nous se souviendront de 2020 comme une année marquée par une terrible pandémie mondiale, mais c'est aussi une année charnière dans la lutte contre les maladies tropicales négligées (MTN).
Cette année, la déclaration de Londres de 2012 sur les MTN — un engagement collectif qui a réuni des entreprises privées, des donateurs, des dirigeants mondiaux et des organisations de santé pour éliminer 10 MTN d'ici 2020 — touche à sa fin alors qu'il ne reste qu'une décennie pour atteindre les Objectifs mondiaux des Nations Unies.
Lorsque cette déclaration a été adoptée, elle comportait des objectifs ambitieux qui nécessitaient des niveaux de collaboration sans précédent entre les secteurs privé et public.
Huit ans après son lancement, des étapes record ont été franchies grâce à 13 entreprises pharmaceutiques et à des travailleurs de première ligne qui ont joué un rôle crucial dans la mise en place d'un partenariat à plusieurs niveaux, garantissant que des traitements salvateurs puissent être mis à la disposition de tous les habitants de la planète.
Les programmes de dons de médicaments sont une composante essentielle de cette collaboration et leur envergure est impressionnante. Pour chaque dollar investi, les entreprises pharmaceutiques peuvent contribuer à fournir jusqu'à 26 dollars de médicaments à ceux qui en ont le plus besoin, selon USAID.
Des grands noms du secteur, comme GlaxoSmithKline, Merck et Pfizer, ont fourni plus de 12 milliards de traitements contre les MTN dans le cadre de ce que le Livre Guinness des records a décrit comme le plus grand programme de dons de médicaments jamais lancé dans l'histoire, selon l'organisation Uniting to Combat Neglected Tropical Diseases (UTC).
Rien qu'en 2017, plus de 200 millions de doses ont été offertes dans le monde entier en moins de 24 heures, grâce à un regain d'intérêt pour le renforcement des chaînes d'approvisionnement, a déclaré UTC dans un courriel à Global Citizen.
Outre les dons, les entreprises pharmaceutiques ont également contribué à des innovations remarquables dans le domaine de la cartographie des maladies, facilitant ainsi la prévention, le dépistage et le traitement efficaces des personnes atteintes d'une MTN au niveau local, comme le montre un récent rapport publié par UTC.
En conséquence, des progrès significatifs ont été réalisés au cours de la dernière décennie.
Quelque 1 milliard de personnes dans le monde ont bénéficié de ces traitements au cours des cinq dernières années seulement, ce qui a permis de réduire de 500 millions le nombre de personnes ayant besoin d'interventions liées aux MTN depuis 2010, selon UTC.
Par ailleurs, 42 pays — dont le Malawi, le Ghana, le Togo, le Népal et le Vanuatu — ont réussi à éliminer au moins une MTN depuis 2010, constate UTC. Selon l'organisation, neuf pays ont éliminé le trachome, 19 sont exempts de filariose lymphatique, et la maladie du ver de Guinée est sur le point d'être éradiquée dans le monde entier, avec seulement 24 cas signalés jusqu'à présent en 2020, contre environ 10 000 en 2009.
La directrice d'UTC, Thoko Elphick-Pooley, affirme qu'il n'aurait pas été possible de franchir ces étapes sans l'aide des entreprises pharmaceutiques.
« Sans le programme de don de médicaments, les progrès que nous constatons aujourd'hui sur les MTN ne seraient tout simplement pas possibles, a-t-elle déclaré à Global Citizen. L'ampleur même de ces programmes de dons a encouragé d'autres participants à rejoindre le partenariat, ce qui est une incroyable réussite en soi. »
Cependant, des améliorations sont encore nécessaires.
La feuille de route de l'Organisation mondiale de la santé relative aux MTN, révisée en avril dernier, appelle les pays à éradiquer les MTN dans 100 pays d'ici 2030. Comme la COVID-19 en atteste, pour atteindre cet objectif, il faudra que les acteurs publics et privés collaborent et mobilisent des ressources pour faire face à des priorités sanitaires concurrentes.
Le renouvellement des engagements des partenaires pourrait contribuer à étendre l'échelle et la portée des programmes de dons, a expliqué Mme Elphick-Pooley. À l'heure où la pandémie menace d'annuler des décennies de progrès dans la lutte contre les MTN, cela pourrait être un facteur décisif dans l'avenir de la santé mondiale.
Avec seulement 0,6 % du financement mondial de la santé actuellement consacré à la prévention des MTN, de nouveaux engagements sont indispensables pour préserver les progrès accomplis en vue de leur élimination. Vous pouvez nous rejoindre en appelant les dirigeants mondiaux à renouveler la déclaration de Londres et à mobiliser de nouvelles promesses financières de 1,5 milliard de dollars pour accélérer ces progrès en passant à l'action ici.