La COP26, le rassemblement politique le plus important pour l'action climatique depuis la signature de l'Accord de Paris sur le climat, est dans moins d'une semaine. À partir du 31 octobre, les dirigeants du monde entier vont concrètement négocier des questions qui détermineront notre capacité à vivre sur la planète dans le futur.
Mais le temps presse : c'est maintenant ou jamais. Les dirigeants doivent profiter du sommet pour faire en sorte que les objectifs de l'Accord de Paris sur le climat soient atteints, tout en établissant les bases d'une transition équitable qui permettra d'abandonner les combustibles fossiles au profit d'un avenir plus inclusif et plus respectueux de l'environnement.
Pour y parvenir, il faudra bien plus que des déclarations floues et des horizons lointains. Au lieu de cela, les dirigeants du monde entier doivent présenter des propositions politiques concrètes et immédiates qui prévoient une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre afin d'atteindre le « zéro émission nette » d'ici 2050.
Mais à quelques jours du début du sommet, les dirigeants du monde entier annoncent déjà que la COP26 pourrait être un autre échec, avec peu d'avancées dans la lutte contre un changement climatique.
En fait, les dirigeants de plusieurs pays jouant un rôle clé dans les négociations, dont Xi Jinping (Chine), Jair Bolsonaro (Brésil) et Vladimir Poutine (Russie), ne seront pas présents, et les dirigeants de plusieurs autres pays particulièrement pollueurs hésitent à se joindre à l'événement. Ce désistement massif pourrait compromettre l'élan de l'événement.
Sans un accord global et immédiat sur les objectifs climatiques - assorti de propositions politiques tout aussi ambitieuses - l'Accord de Paris sur le climat échouera et les températures mondiales pourraient atteindre des niveaux qui rendraient la planète impropre à la civilisation humaine.
Mais la COP26 n'a pas encore commencé et son bilan reste à écrire. Les demandes des populations du monde entier en matière de solutions climatiques, de solidarité face à cette urgence et d'un environnement sain peuvent encore être satisfaites. Il est encore possible que nous considérions la COP26 comme le moment où le destin de l'humanité a basculé, où les dirigeants ont enfin pris conscience de la catastrophe qui se profilait devant eux et ont décidé d'agir. Mais d'abord, ils doivent se montrer à la hauteur de la situation.
Global Citizen travaille aux côtés de dizaines de partenaires pour demander des politiques et des engagements financiers forts qui sont nécessaires pour faire de cette COP un succès. Voici cinq choses que les dirigeants doivent impérativement entreprendre et comment vous pouvez vous joindre à nous pour les inciter à agir.
100 milliards de dollars de financement annuel pour la lutte contre le changement climatique à destination des pays en développement
La majorité des émissions de gaz à effet de serre qui alimentent la crise climatique ont été émises par des pays riches comme les États-Unis et les pays Européens. Parallèlement, le changement climatique affecte de manière disproportionnée les pays en développement dont l'empreinte carbone est relativement faible.
En raison de ce déséquilibre, les pays riches ont convenu en 2009 de lever 100 milliards de dollars par an d'ici 2020 pour le financement de la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement. En 2019, les pays ont levé environ 80 milliards de dollars, ce qui est bien loin du montant promis. Pour aggraver les choses, une partie importante de ce financement a pris la forme de prêts, ce qui signifie que les pays qui sont déjà criblés de dettes devront rembourser l'argent. Ce n'est pas du tout compatible avec la justice climatique.
Global Citizen exhorte les pays riches à atteindre l'objectif de 100 milliards de dollars par an et à faire en sorte que la majorité des fonds soient des subventions plutôt que des prêts. Jusqu'à présent, seules la Norvège, la Suède et l'Allemagne ont apporté leur juste part au financement du climat. Il est maintenant temps que des pays comme les États-Unis et le Royaume-Uni respectent eux aussi leurs engagements.
À l'horizon 2025, les pays devront accroître le financement international de la lutte contre le changement climatique, car les effets de ce dernier sont de nature exponentielle. Le changement climatique a déjà causé des centaines de milliards de dollars de dommages rien qu'aux États-Unis. D'ici 2050, les impacts climatiques pourraient réduire l'économie mondiale de 23 000 milliards de dollars.
Au cours de la COP26, Global Citizen demandera aux membres des Nations Unies de s'engager à augmenter dès maintenant le financement de la lutte contre le changement climatique, tout en payant les fonds qui n'ont pas été versés les années précédentes. Vous pouvez agir pour soutenir cet effort, notamment en envoyant un message aux dirigeants mondiaux expliquant pourquoi vous pensez que le financement de la lutte contre le changement climatique pour les nations les plus pauvres est important, ici.
Des objectifs climatiques conformes au seuil de 1,5 degré Celsius
L'Accord de Paris sur le climat ne prévoit aucun mécanisme d'application pour atteindre cet objectif, à savoir empêcher les températures d'augmenter de plus de 1,5 degré Celsius. Il s'agit plutôt d'un cadre fondé sur le volontariat qui dépend de la bonne volonté et de l'intégrité des signataires.
Cela signifie que les pays déterminent leurs propres objectifs en matière d'émissions et les plans destinés à les atteindre (appelés "contributions déterminées au niveau national" ou "CDN"). Lorsque les pays prennent cette procédure au sérieux, elle génère un élan géopolitique, le sentiment que tous les États membres travaillent à un objectif commun. Si ce n'est pas le cas, l'ensemble du système peut subir une crise de confiance.
C'est pourquoi Global Citizen appelle les pays à améliorer considérablement leurs CDN afin de promouvoir une culture du réalisme scientifique lors de la COP26. Actuellement, un seul pays - la Gambie - a soumis des CDN compatibles avec l'objectif de 1,5 degré Celsius de l'accord de Paris sur le climat, selon le Climate Action Tracker (CAT).
Une poignée d'autres pays sont presque conformes, tandis que le reste des pays analysés par le CAT ont fait preuve de divers niveaux d'incompétence et d'inaction - à tel point que l'atmosphère se réchauffera d'au moins 2,7 degrés Celsius au cours de ce siècle si des corrections ne sont pas apportées. En d'autres termes, il y a une énorme marge d'amélioration.
Nous demandons aux pays de soumettre des CDN révisés et de les étayer par des politiques concrètes permettant de réduire de moitié les émissions d'ici 2030 et de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2050. Le suivi est vraiment important ici. De nombreux pays, par exemple, ont promis d'atteindre des émissions nettes nulles à une certaine date, mais n'ont que des plans très sommaires pour y parvenir. En respectant à la fois les CDN et les politiques, le monde pourrait être sur la voie d'un réchauffement inférieur à 2,1 degrés Celsius - une amélioration majeure qui permettrait de sauver des millions de vies.
Les émissions continuent d'augmenter et montrent peu de signes de ralentissement. Pour réduire de moitié les émissions, les pays devront investir des milliers de milliards de dollars dans les énergies renouvelables, le développement des infrastructures, les transports, ainsi que la conservation et la restauration de l'environnement.
Il n'y a pas de temps à perdre - la COP26 doit être le tremplin d'un changement radical.
Vous pouvez exhorter les dirigeants mondiaux à accroître leurs efforts en matière de réduction des émissions ici.
Davantage d'entreprises rejoignent la campagne ”Objectif zéro”
Si les gouvernements ont le pouvoir d'adopter des politiques permettant de réduire de moitié les émissions d'ici à 2030, le secteur privé a également un rôle important à jouer dans la transformation de l'économie mondiale - et de nombreuses entreprises s'engagent déjà.
Le Global Compact : Ambition 1,5 ° C des Nations Unies est une coalition de 965 entreprises représentant plus de 13 000 milliards de dollars qui se sont engagées à réduire leurs émissions et à adapter leurs modèles d'entreprise en conformité avec l'accord de Paris sur le climat.
Cette initiative s'inscrit dans le cadre plus large de la campagne « Objectif zero", un effort mondial visant à réduire à zéro les émissions nettes de gaz à effet de serre d'ici à 2050. La campagne ”Objectif zero” repose sur deux piliers : réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre et investir dans des solutions naturelles et d'autres mesures visant à éliminer le carbone de l'atmosphère.
Des milliers d'autres entreprises ont la possibilité de rejoindre cet engagement fondé sur des données scientifiques afin de garantir que l'environnement mondial reste préservé pour les générations à venir. Global Citizen appellera le monde des affaires à reconnaître la menace historique de la crise climatique et à prendre des mesures pour parvenir à respecter l'Accord de Paris sur le climat.
Vous pouvez appeler les dirigeants d'entreprise à se joindre à cet effort ici.
Soutenir les initiatives de 1t.org basées sur la nature
Les solutions fondées sur la nature sont essentielles à la fois pour extraire le dioxyde de carbone de l'atmosphère et pour restaurer l'environnement mondial qui a été pollué et dégradé par les activités industrielles. À cet égard, les arbres jouent un rôle de plus en plus crucial dans le processus de protection de la planète.
L'organisation 1t.org a pour mission de conserver, planter et faire pousser 1 trillion d'arbres dans le monde avec l'aide de milliers d'organisations et de millions de bénévoles. Investir dans les arbres permet également de réduire la pollution de l'air, de nettoyer l'eau et le sol, d'offrir de nombreux avantages pour la santé et de générer une activité économique.
Global Citizen demandera aux organisations, aux entreprises et aux gouvernements de s'engager à planter des arbres, à les préserver et à les faire pousser afin de soutenir la mission de 1t.org.
Vous pouvez agir pour réclamer plus d'arbres ici.
Écouter les militants
La COP26 verra des milliers de dirigeants mondiaux, chefs d'entreprise, membres d'équipes d'organisations à but non lucratif et militants écologistes débarquer à Glasgow. La réunion d'un si grand nombre de personnalités influentes a le pouvoir d'orienter le discours sur l'action climatique et la protection de l'environnement pour les années, voire les décennies à venir.
C'est aussi l'occasion de faire entendre la voix des militants des pays en développement et des communautés autochtones qui ont toujours été exclus des discussions sur le climat.
Nous nous efforçons de mettre en avant plusieurs questions liées à la justice climatique pendant la conférence : l'adaptation au climat, les solutions fondées sur la nature, l'intersection du changement climatique et de la pauvreté, ainsi que la justice environnementale et l'autonomisation des communautés.
Pendant la majeure partie de l'histoire récente, l'action climatique s'est concentrée, à juste titre, sur l'atténuation du changement climatique. Mais les effets du réchauffement sont déjà dévastateurs pour les communautés. Il est donc urgent que les pays investissent autant d'efforts et de fonds dans l'adaptation au changement climatique.
Le changement climatique est lié à tous les autres problèmes auxquels l'humanité est confrontée, notamment la lutte contre la pauvreté, la faim, la pénurie d'eau, les disparités en matière de santé, les inégalités entre les genres et le racisme.
Par conséquent, il est important que les politiques climatiques adoptent une approche globale qui tienne compte de l'impact des investissements et des désengagements sur les différentes communautés. L'appel à une "transition équitable" ne se limite pas à l'élimination progressive des combustibles fossiles ; il s'agit également d'éliminer progressivement les injustices et les inégalités qui ont marqué le passé.
Vous pouvez mettre ces questions en avant en enregistrant votre propre vidéo expliquant pourquoi l'action climatique est importante pour vous.