Vendredi, 52 régions ghanéennes ont été déclarées libres de mariage d'enfants, grâce à un projet destiné à donner aux communautés les moyens de mettre fin à cette pratique néfaste.
Au Ghana, une fille sur cinq âgée de 20 à 24 ans se marie avant l'âge de 18 ans, selon l'UNICEF.
Suite à la mise en œuvre de la Global Advocacy Alliance (GAA), une initiative lancée par Plan International Ghana en partenariat avec le Programme international pour le développement de l'enfant (ICDP) visant à mettre fin aux mariages d'enfants et à la violence sexiste, 84 communautés ont appliqué des mesures pour prévenir le mariage d'enfants dans les cinq à dix prochaines années.
Depuis 2016, l'ICDP et la GAA travaillent avec les dirigeants communautaires, les parents, les services sociaux et les forces de l'ordre pour aider à mettre fin au mariage des enfants dans chaque collectivité.
« Le mariage des enfants était assez prédominant dans les communautés, mais c'était une [pratique] cachée, perpétuée par les parents, les mères, les pères dans les communautés », a déclaré la directrice générale de l'ICDP, Joyce Lanyo, selon Bryt FM.
Les dirigeants des communautés se mariaient auparavant avec des jeunes filles enceintes ou à qui les hommes offraient leur soutien en raison de leur précarité.
Au sein de chaque communauté, la GAA a sélectionné des leaders influents nommés « Champions of Change » (CoC) pour aider à mettre fin au mariage infantile. Les CoC ont bénéficié d’une éducation sur les lois relatives au mariage des enfants et sur les effets durables que les normes négatives en matière de genre ont sur les filles, tout en apprenant des stratégies pour protéger les filles contre cette pratique.
« Les CoC ont fait pression sur d'autres leaders influents en diffusant des messages clairs sur la nécessité de mettre fin aux mariages d'enfants ; ils ont organisé des débats communautaires pour sensibiliser les membres de la collectivité ; ils se sont engagés avec les imams, s'exprimant au sujet de pratiques traditionnelles et religieuses sensibles sur diverses stations de radio, dans des églises, des mosquées et sur des sites funéraires ; ils ont sensibilisé les filles à rester à l'école et à parfaire leur éducation afin d'éviter le mariage précoce ; et ils se sont engagés en faveur d'une éducation à domicile », a déclaré Anna Nabere, de Plan International Ghana, dans une déclaration adressée à Global Citizen.
« Ces activités des Champions of Change ont permis de renforcer la solidarité et la vigilance de la communauté et de mettre fin aux mariages d'enfants. »
Le mariage infantile a des répercussions sur tous les aspects de la vie des filles. Les enfants mariés qui ne vont plus à l'école sont plus susceptibles de connaître des grossesses précoces, de souffrir de malnutrition, de violence domestique et de complications liées à la grossesse. Les filles qui se marient en bas âge ont également plus de mal à échapper à la pauvreté.
Le projet de la GAA a également offert un soutien aux survivantes de mariages d'enfants en les aidant à se réinscrire à l'école pour terminer leurs études.
Si le mariage d'enfants est moins répandu au Ghana qu'il y a trente ans, les progrès restent inégaux d'une région à l'autre.
La GAA a reconduit son projet de lutte contre le mariage infantile pour trois à cinq ans supplémentaires, afin de toucher encore plus de communautés, comme l'a annoncé vendredi le directeur national de Plan International Ghana, Solomon Tesfamariam, lors d'une cérémonie.
Le leader de Juampo, Nana Oppong Owusu, a applaudi l'ICDP et la GAA et a appelé les parties prenantes à ne pas relâcher leurs efforts pour maintenir les progrès accomplis.
La pandémie de COVID-19 ne fait qu'augmenter les risques de mariage précoce. En Afrique subsaharienne, les filles se marient déjà plus souvent en raison de la fermeture des écoles. Les retards dans les programmes visant à mettre fin à la pratique pourraient provoquer 13 millions de nouveaux cas de mariages précoces, selon les estimations du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP).