Un avenir catastrophique attend l’Afrique, avec une augmentation des catastrophes naturelles, la fonte des glaciers de montagne et des centaines de millions de personnes vulnérables confrontées aux conséquences de phénomènes météorologiques extrêmes. C’est ce qui ressort du dernier rapport sur l’état du climat en Afrique publié par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), les agences de l’Union africaine et les Nations unies (ONU).
Publié le 19 octobre, le rapport montre à quoi ressemblerait le changement climatique sur le continent en 2020, et prévoit ce qui se passera sans action climatique urgente.
Alors que l’Afrique est responsable d’un peu moins de 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, elle subit déjà les pires conséquences du changement climatique. Par exemple, le continent connaît de plus en plus de sécheresses qui contribuent à la famine, ainsi que des inondations qui ont entraîné le déplacement de millions de personnes.
Selon le rapport, en 2020, l’Afrique sera marquée par une hausse continue des températures, une augmentation rapide du niveau des mers et des catastrophes naturelles dévastatrices, notamment des inondations, des glissements de terrain et des sécheresses. Le rapport montre également qu’environ 1,2 million de personnes ont été déplacées par des tempêtes et des inondations l’année dernière, soit plus du double du nombre de personnes contraintes de fuir leur foyer en raison de conflits la même année.
En outre, les sécheresses généralisées couplées aux impacts socio-économiques de la pandémie de COVID-19 ont considérablement augmenté l’insécurité alimentaire sur le continent. Le rapport indique qu’il y a eu une augmentation de 40 % des personnes touchées par l’insécurité alimentaire en 2020 par rapport à 2019.
Selon l’OMM, il est essentiel d’investir dans l’adaptation au climat afin d’atténuer les effets désastreux du changement climatique sur le continent.
« Parallèlement au plan de relance lié à la COVID-19, le renforcement de la résilience climatique est un besoin urgent et permanent », a déclaré le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taala, dans la préface du rapport.
« Des investissements sont particulièrement nécessaires dans le développement des compétences et le transfert de technologies, ainsi que dans l’amélioration des systèmes d’alerte précoce des pays, notamment les systèmes d’observation du temps, de l’eau et du climat », ajoute-t-il.
Le rapport poursuit en prédisant que si l’augmentation des températures se poursuit à la même source, les trois derniers glaciers africains à savoir le Kilimandjaro en Tanzanie, le Mont Kenya au Kenya et le Rwenzoris en Ouganda - qui sont tous d’une importance significative pour le tourisme local ainsi que pour la science mondiale - auront disparu dès 2040.
Les changements environnementaux auront également un impact sur l’économie africaine et toucheront plus durement les populations les plus pauvres du continent.
« L’Afrique connaît une augmentation de la variabilité météorologique et climatique, ce qui entraîne des catastrophes et des perturbations des systèmes économiques, écologiques et sociaux », a déclaré Josefa Leonel Correia Sacko, commissaire à l’économie rurale et à l’agriculture de la Commission de l’Union africaine.
« D’ici 2030, on estime que jusqu’à 118 millions de personnes extrêmement pauvres - vivant avec moins de 1,90 dollar par jour - seront exposées à la sécheresse, aux inondations et à la chaleur extrême en Afrique si des mesures de réponse adéquates ne sont pas mises en place », a-t-elle déclaré dans l’avant-propos du rapport. « Cela fera peser une charge supplémentaire sur les efforts de réduction de la pauvreté et entravera considérablement la croissance de la prospérité. »
Elle a poursuivi en expliquant que le produit intérieur brut (PIB) du continent diminuera jusqu’à 3 % d’ici 2050, ce qui entraînera une augmentation du taux de pauvreté et, par conséquent, une augmentation du nombre de personnes subissant les effets négatifs du changement climatique.
Selon le rapport, l’Afrique subsaharienne devra consacrer 30 à 50 milliards de dollars par an à l’adaptation au climat afin d’éviter des conséquences encore plus graves. Les auteurs du rapport ont également déclaré que cet investissement destiné à lancer les stratégies d’adaptation au climat de l’Afrique contribuera à stimuler le développement économique et à créer des emplois dans le cadre de la relance post-pandémie.