Alors que les dirigeants du monde entier continuent à lutter contre la COVID-19, une deuxième menace se dessine : celle de l'infox et des fake news.
Des groupes WhatsApp aux plateformes de réseaux sociaux, les canulars et les théories du complot concernant la COVID-19 continuent de se répandre à un rythme alarmant, poussant le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, à qualifier la situation d'« infodémie ».
C'est pourquoi une campagne artistique tâche de lutter contre cet enjeu.
Avec sa récente initiative « Artists Against an Infodemic », lancée en partenariat avec CatchLight et The Everyday Projects, l'agence médiatique internationale Dysturb sensibilise au racisme dans le domaine de la santé et à l'infox liée à la COVID-19 par le biais de l'art.
La campagne est le résultat d'un appel ouvert lancé en mars avec le soutien de la John S. Knight fellowship, une subvention accordée par l'université de Stanford. Avec l'aide supplémentaire de Pamela Chen, directrice de création, et de Jenell Steward, médecin-scientifique spécialisée en infectiologie, l'équipe a identifié quelques thèmes pertinents avant de lancer son appel à candidatures. Celui-ci invitait les artistes du monde entier à soumettre des œuvres abordant les infox populaires liées à la COVID-19, tandis que d'autres créations sensibilisent le public à l'importance de la justice sociale, à la nécessité de se laver fréquemment les mains, à la santé mentale et bien d'autres enjeux.
Manuel, Johannesburg, South Africa, May 13, 2020.
Manuel, Johannesburg, South Africa, May 13, 2020.
Parmi les 400 œuvres reçues, toutes aussi variées les unes que les autres, 16 ont été retenues et affichées sur les murs des villes de Paris, New York, Nairobi, San Francisco et Seattle. Les créations sont aussi disponibles sur les comptes Instagram des organisations partenaires (@Dysturb, @CatchLight, @everydayeverywhere et @everydafrica).
« C'était intéressant de collaborer avec des artistes qui voulaient qu'on utilise leur art pour ces propos de santé publique, a déclaré Benjamin Petit, co-fondateur et directeur de Dysturb, à Global Citizen. On est habitué à faire ça avec des documentaires ou du photojournalisme, mais c'est intéressant d'approcher ça par un autre biais, parfois par des choses plus légères comme des cartoons, des illustrations, etc. Le but était d'attirer l'oeil autrement et de toucher un maximum de personnes et différemment, et je pense que c'est assez réussi ».
Si le projet était initialement axé sur la santé publique, la popularité croissante du mouvement Black Lives Matter aux États-Unis et au-delà a conduit M. Petit et ses collègues à repenser leur approche. Le message initial de la campagne a ainsi évolué afin d'aborder d’autres questions telles que le racisme systémique et les inégalités raciales dans le domaine des soins de santé.
« Les quartiers les plus affectés par le virus sont souvent les plus pauvres où les gens n'ont pas forcément accès à l'information et à l'éducation, etc., a affirmé M. Petit. Avec la montée du mouvement Black Lives Matter, on s'est dit qu'il fallait peut-être ajouter cet enjeu à notre campagne car c'était aussi un problème de santé publique. Le racisme systémique est d’ailleurs un facteur peut-être encore plus grave que le virus en lui-même. »
La campagne a globalement été saluée par le public, et M. Petit et ses collègues s'efforcent à présent de continuer à faire avancer la cause.
Avec le soutien du ministère français de la Culture et de l'organisation à but non lucratif PhotoWings, l'équipe élabore actuellement un guide pédagogique consacré à l'infox et à l'éducation médiatique. Le livret devrait être disponible en septembre.