Par Ellen Wulfhorst
NEW YORK, 14 septembre (Fondation Thomson Reuters) — La pandémie de coronavirus a réduit à néant les progrès accomplis dans la réalisation d'objectifs louables tels que l'élimination de la pauvreté et de la faim dans le monde au cours de la prochaine décennie, mais les retombées économiques de la COVID-19 montrent à quel point un tel développement mondial est nécessaire, selon le philanthrope Bill Gates.
Dans le monde entier, le virus a aggravé les inégalités sociales et économiques dans des domaines tels que l'éducation, la rémunération et l'accès aux soins de santé, a déclaré M. Gates dans ses commentaires accompagnant la publication du rapport sur le développement mondial de la Fondation Bill & Melinda Gates, ce lundi.
Le rapport décrit la manière dont la COVID-19 a engendré des dégâts économiques et fait dérailler les progrès accomplis dans la réalisation de nombreux Objectifs mondiaux adoptés par les Nations Unies il y a cinq ans.
« La pandémie de COVID-19 a non seulement stoppé les progrès, mais elle les a fait régresser », a déclaré M. Gates, cofondateur de Microsoft, lors d'une conférence téléphonique avec les journalistes. La fondation philanthropique a été créée en 2000 par lui et sa femme, Melinda Gates.
En 2015, les membres des Nations Unies ont adopté à l'unanimité 17 Objectifs de développement durable connus sous le nom d'ODD, qui constituent un plan d'action ambitieux pour mettre fin à la faim et à l'inégalité de genre et améliorer l'accès à l'éducation et aux soins de santé.
Ces objectifs ont une échéance fixée en 2030.
« Les ODD représentent les valeurs que nous avons pour l'humanité dans son ensemble », a déclaré M. Gates.
« L'importance des objectifs est renforcée par la pandémie, a-t-il déclaré. Après tout, la pandémie a, à presque tous égards, aggravé les inégalités. »
Le nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté est en baisse depuis deux décennies, mais la crise du coronavirus a poussé près de 37 millions de personnes supplémentaires dans cette catégorie, selon le rapport.
Celui-ci indique que la pandémie a accentué l'inégalité entre les hommes et les femmes en termes de travail non rémunéré, les femmes se préoccupant plus que jamais des soins aux enfants et des tâches ménagères.
Depuis l'apparition du virus, les experts ont averti que les Objectifs mondiaux seraient menacés par la contraction des économies, le tarissement des financements publics et le fléchissement de la coopération internationale.
Selon un rapport des Nations Unies sur la situation et les perspectives économiques mondiales publié en mai, près de 90 % de l'économie mondiale a connu un certain repli, perturbant les chaînes d'approvisionnement, réduisant la demande des consommateurs et privant des millions de personnes de travail.
Des analyses antérieures des Objectifs mondiaux prévoyaient que les conflits ou le changement climatique ralentiraient les progrès, mais la pandémie constitue le plus grand obstacle à ce jour, d'après les spécialistes.
Le rapport des Nations Unies paru en mai prédisait que la COVID-19 réduirait la production économique mondiale de 8,5 billions de dollars au cours des deux prochaines années. Il indiquait également que la contraction économique mondiale de 3,2 % prévue pour cette année était la plus forte depuis la Grande Dépression des années 1930.