Les communautés marginalisées sont les plus touchées par les effets de la COVID-19. Un nouveau rapport suggère donc de donner la priorité à leur réhabilitation, à l'heure où nous cherchons à relancer l'économie suite à la pandémie.
Ce rapport, publié en début de semaine, est le fruit d'une collaboration entre l'Institute for Gender and the Economy de la Rotman School of Management de l'Université de Toronto et YWCA Canada.
Il indique que la COVID-19 a eu des répercussions importantes sur les femmes, les personnes bispirituelles et les personnes diverses en terme de genre. Les personnes à faible revenu, les personnes handicapées, les membres de la communauté LGBTQ+, les communautés autochtones, noires ou racisées, ainsi que les nouveaux arrivants, les réfugiés, les immigrants et les migrants, sont aussi particulièrement concernés.
Intitulé « A Feminist Economic Recovery Plan for Canada: Making the Economy Work For Everyone » (Un plan de relance économique féministe pour le Canada : faire en sorte que l'économie profite à tout le monde), le rapport souligne que la relance ne sera pas possible si les femmes, les personnes bispirituelles et les personnes diverses en terme de genre sont laissées pour compte.
« Si nous examinons l'impact au niveau de la santé et de l'économie, nous constatons qu'il est disproportionné dans le cas des personnes dont les identités se recoupent. La relance économique ne serait pas possible sans une attention [particulière] aux personnes touchées et aux facteurs [explicatifs] », a déclaré à la Presse canadienne Sarah Kaplan, l'une des responsables du rapport et professeure de gestion stratégique à Rotman.
Les données présentées dans le rapport indiquent notamment que le taux d'emploi des femmes canadiennes âgées de 25 à 54 ans a diminué deux fois plus que celui des hommes. Les femmes noires, racisées et immigrées sont également plus susceptibles d'occuper des emplois de soutien personnel, de nettoyage et d'autres activités essentielles, souvent mal rémunérées et sans congé payé. Elles ont donc été contraintes de mettre leur santé en danger pendant la pandémie ou de subir des pertes financières, tout en faisant face à un plus grand nombre de situations de violence domestique, en raison du confinement lié à la COVID-19.
Pour remédier à cette situation, le rapport suggère que les gouvernements, les entreprises et les organisations caritatives se penchent sur des objectifs politiques qui s'attaquent au racisme systémique. Pour ce faire, ils doivent se concentrer sur des emplois de qualité, sur la protection des victimes de la violence domestique, sur l'amélioration du financement des petites entreprises et sur la promotion de la diversité dans les processus décisionnels.
« Si l'on ne prête pas attention aux inégalités dans le cadre de la relance post-pandémie, un recul potentiel de nos acquis pourrait constituer une menace réelle, compte tenu des répercussions économiques, sanitaires et sociales de la pandémie de COVID-19 sur tous les aspects de la société », peut-on lire dans l'avant-propos du rapport.
Parmi les suggestions les plus approfondies, citons l'augmentation des salaires des travailleurs de la petite enfance, l'ajout de jours de maladie payés et de congés familiaux pour tous les travailleurs. D'autres recommandations portent sur des questions telles que le sans-abrisme et le racisme anti-Noirs et anti-Autochtones.
« Beaucoup de gens souhaitent "revenir à la normale", mais la pandémie a montré clairement que ce qui était "normal" n'était pas bon pour tout le monde », précise le rapport.
Pour aller de l'avant, un féminisme intersectionnel doit être privilégié.
« On ne peut pas parler de questions qui touchent les femmes sans parler des [questions] raciales ou de handicap ... beaucoup de personnes qui étaient les plus susceptibles de perdre leur emploi étaient des femmes ou des femmes racisées, a déclaré Mme Kaplan à la presse canadienne. Par des plans économiques, nous pensons à investir dans les infrastructures. Désormais, nous devons investir dans les infrastructures sociales, pour améliorer la vie des femmes qui travaillent dans ces services. »