Le chef du Parti conservateur Andrew Scheer a annoncé que son parti réduirait de 25 % les dépenses d’aide étrangère s’il était élu aux prochaines élections canadiennes. L’annonce a suscité des inquiétudes au cours de la campagne électorale et soulevé des questions sur le positionnement de chaque parti par rapport à l’aide publique au développement (APD), aussi connue sous le nom d’aide étrangère.
L’Organisation des Nations Unies (ONU) a fixé comme objectif que les pays développés comme le Canada consacrent 0,7 % de leur revenu national brut (RNB) à l’aide étrangère chaque année. Mais le Canada n’a jamais atteint cet objectif, bien que la norme ait été initialement proposée par une commission dirigée par l’ancien premier ministre canadien Lester B. Pearson en 1969.
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Aujourd’hui, les dépenses d’aide étrangère du Canada s’élèvent à environ 0,28 % de son RNB.
Voici ce que les Global Citizens doivent savoir sur les promesses des partis libéral, conservateur, néo-démocrate et vert en matière d’aide étrangère avant les élections du 21 octobre.
Le Parti conservateur — Andrew Scheer
Un nouveau gouvernement conservateur vous aidera à conserver plus de votre argent durement gagné. Nous n’enverrons pas des milliards de dollars en aide étrangère dans des pays industrialisés et à des dictateurs étrangers. Il est temps pour vous d’améliorer votre quotidien! pic.twitter.com/Re9sXqQGZL
— Andrew Scheer (@AndrewScheer) 1 octobre 2019
Le chef du Parti conservateur a exposé en détail ses plans visant à réduire le budget annuel de l’aide étrangère du Canada lors d’une conférence de presse.
M. Sheer a déclaré que les coupes budgétaires (environ 1,5 milliard de dollars) serviraient plutôt pour financer des politiques centrées sur les besoins du Canada, comme les crédits d’impôt nationaux et une réduction d’impôt universelle. Un document détaillant la proposition de réduction de l’aide étrangère indique également qu’un gouvernement conservateur redigera 700 millions de dollars d’aide aux pays qui en ont le plus besoin.
« Notre plan va enlever les dollars d’impôt canadiens aux dictateurs corrompus et aux pays riches et le rendre aux Canadiens pour qu’ils puissent améliorer leur quotidien », a déclaré M. Sheer.
Dans une déclaration, le parti affirme que le gouvernement de M.Trudeau a alloué 2,2 milliards de dollars de l’aide étrangère du Canada aux pays à revenu élevé et moyen. Le Parti conservateur définit ces pays comme ayant un indice de développement humain (IDH) supérieur à 0,6 ; cependant, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), qui a établi des normes internationales concernant l’admissibilité à l’aide, n’utilise pas l’IDH à cette fin. L’OCDE n’autorise pas les pays à revenu élevé à bénéficier de l’aide étrangère.
Dans un communiqué de presse, le gouvernement de M. Scheer a affirmé qu’il continuerait de travailler avec les organismes d’aide canadiens et continuerait d’évaluer les propositions d’aide qui appuient des objectifs non liés au développement comme les droits des minorités et la coexistence pacifique. Le parti a également déclaré qu’il accorderait la priorité à la santé, à l’éducation et à la sécurité des enfants, en accordant une attention particulière à la protection des personnes vivant dans les zones de conflit.
Le Canada n’a pas encore atteint l’objectif de 0,7 % fixé par l’ONU, mais sous son dernier gouvernement conservateur, dirigé par le premier ministre Stephen Harper, il a affecté plus de 0,3 % du RNB du Canada à l’aide étrangère, mettant en œuvre des politiques notables comme l’Initiative de Muskoka, qui portait sur la santé maternelle, néonatale et infantile.
Le Parti libéral — Justin Trudeau
La plateforme actuelle du premier ministre Justin Trudeau fait la promesse de continuer à augmenter l’aide étrangère canadienne chaque année jusqu’en 2030, car il s’est engagé à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).
« Au cours des quatre dernières années, nous avons fait un nombre considérable d’investissements à l’étranger, grâce à l’aide étrangère, en particulier en fournissant de l’aide à des organisations dirigées par des femmes ou à des organisations qui aident les femmes les plus vulnérables », a déclaré M. Trudeau lors d’une conférence de presse, en réponse à une question sur le fait de ne pas avoir atteint l’objectif minimum de 0,7 % fixé par l’ONU.
« Nous savons qu’il y a toujours plus à faire, mais nous sommes un pays qui comprend qu’aider les gens à l’étranger est une façon d’aider les Canadiens à faire partie d’un monde plus sûr et plus pacifique », a-t-il dit.
Un autre engagement de la plateforme du Parti libéral comprend la volonté de consacrer à l’éducation au moins 10 % du budget de l’aide au développement international du Canada, ainsi que la mise en œuvre d’un plan international qui garantirait que tous les enfants vivant dans des camps de réfugiés ou de déplacés puissent avoir accès à une éducation de qualité.
Le Canada a adopté une politique d’aide internationale féministe sous le leadership de M. Trudeau en juin 2017. Cette politique se concentre sur l’égalité des sexes, le renforcement du pouvoir des femmes et des filles, la dignité humaine, l’action sur le climat et l’environnement, la gouvernance inclusive, la paix, la sécurité et le leadership des femmes dans le monde entier.
Après son lancement en 2017, cette politique a été renforcée par un investissement de 2 milliards de dollars dans le budget fédéral de l’année 2018.
Cependant, M. Trudeau ne s’est pas engagé à atteindre l’objectif de 0,7 % dans le cadre de ses promesses électorales actuelles.
Le Nouveau Parti démocratique — Jagmeet Singh
Voici ceux qui n’ont plus besoin d’aide :
— Jagmeet Singh (@theJagmeetSingh) October 1, 2019
Les grandes compagnies pharmaceutiques
Les 1 % d’ultra riches
Les grandes entreprises de télécom
Les spéculateurs
Les grandes compagnies d’assurance
Les sociétés d’énergies fossiles
On ne se bat donc pas pour eux.#OnSeBatPourVous
La plateforme du Nouveau Parti démocratique (NPD) met en évidence la nécessité d’une augmentation du budget de l’aide étrangère canadienne, avec un objectif final d’engager 0,7 % du RNB du pays, comme suggéré par l’ONU.
Lorsqu’on lui a posé une question à ce sujet lors d’une conférence de presse, M. Singh a réitéré son engagement à atteindre l’objectif de 0,7 % et a ajouté qu’il pensait que l’annonce de coupes budgétaires de M. Sheer n’est qu’une distraction.
« Supprimer 25 % de l’aide étrangère est une idée imprudente qui rendra la vie plus difficile à des millions de personnes vulnérables dans le monde. Cela signifie aussi que le Canada sera encore plus loin de l’objectif de l’ONU de consacrer 0,7 % de son revenu national brut à l’aide étrangère », a déclaré une porte-parole du NPD à Global Citizen.
La plateforme du NPD ne s’engage pas seulement à atteindre l’objectif de 0,7 %, il lance également un appel à un financement accru des efforts pour la santé mondiale, ainsi qu’à l’égalité des sexes.
Le parti a spécifiquement souligné la nécessité de contribuer davantage au financement du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme afin d’améliorer la santé mondiale.
Les femmes et les filles sont actuellement au premier plan de la politique d’aide internationale de M. Trudeau, et le NPD soutient également qu’elles « seront toujours au cœur de la politique étrangère néo-démocrate », ajoutant qu’ils poursuivront leurs efforts pour promouvoir l’égalité des sexes à l’étranger.
La plateforme de M. Singh souligne la nécessité de prendre des mesures audacieuses pour faire face à la crise climatique, en affirmant que le Canada doit agir comme un leader mondial pour aider les pays à faible revenu à atténuer les effets des changements climatiques.
Le Parti vert — Elizabeth May
While Scheer wants to cut foreign aid, Greens commit to "making poverty history" at 0.7% GDP in ODA. The Liberals have failed here. Only CPC makes Liberal aid levels look good. #MakeScheerHistory#GPC#SDGs
— Elizabeth May (@ElizabethMay) October 2, 2019
Le programme du Parti vert confirme sa volonté à atteindre l’objectif de 0,7 % fixé par l’ONU et comprend des engagements forts, ainsi que des recommandations afin de réaliser les objectifs de développement durable (ODD).
Plus particulièrement, la plateforme suggère une augmentation de la contribution nationale du Canada au Fonds vert pour le climat (GCF) et au Fonds pour l’environnement mondial (GEF) de 4 milliards de dollars par année d’ici 2030.
M. Trudeau a annoncé un engagement de 300 millions de dollars du Canada pour le GCF lors du Sommet du G7 qui s’est tenu cette année à Biarritz, en France; et le dernier engagement du Canada pour le GEF était de 228,79 millions de dollars en 2018, pour les années fiscales 2018-2019 jusqu’aux années 2022-2023.
De plus, le Parti vert demande une révision de la politique du gouvernement fédéral afin de l’harmoniser avec les ODD et de créer un outil qui nous permettra de suivre les progrès réalisés dans la réalisation des objectifs.
« Nous préconisons fortement l’accroissement de l’aide étrangère par la force d’adoption dans un gouvernement minoritaire », a déclaré un porte-parole du Parti vert à Global Citizen par courriel. « Le Parti vert [demande] l’augmentation de l’aide et le rétablissement de l’Agence canadienne de développement international et en lui donnant les ressources dont elle a besoin pour faire son travail ».
Le Parti vert cherche également à supprimer la condition selon laquelle l’aide doit être liée aux « intérêts commerciaux canadiens à l’étranger ou à la géopolitique stratégique ».
Les engagements du Canada en matière d’aide au développement ont joué un rôle déterminant dans les progrès réalisés en vue de la réalisation des ODD, et à seulement 10 ans de l’échéance fixée par l’ONU pour la réalisation ces objectifs, les engagements pris au cours de la prochaine année détermineront la probabilité de succès d’ici 2030.