Bien que le mariage d’enfants soit une violation des droits de l’homme, il reste une pratique courante à travers monde entier - une fille sur cinq devient une épouse enfant. Le mariage d’enfants désigne une union maritale entre un enfant de moins de 18 ans et un adulte, ou un autre enfant. Selon l’UNICEF, « les mariages d’enfants menacent la vie, le bien-être et l’avenir des filles dans le monde entier. »
Avant la pandémie de COVID-19, on estimait que plus de 100 millions de filles y seraient confrontées au cours de la prochaine décennie. Aujourd’hui, en raison de la pandémie, environ 10 millions de filles supplémentaires seront mariées avant leur dix-huitième anniversaire.
L’Afrique subsaharienne fait partie des deux régions du monde où le taux de mariages d’enfants est le plus élevé, puisque six des dix pays du monde où cette pratique est la plus courante se trouvent en Afrique occidentale et centrale. Selon l’Unicef, les mariages d’enfants dans la région ont eu un impact négatif sur « l’éducation, la santé sexuelle et reproductive, et le développement global des adolescents et des jeunes. »
Pourquoi le mariage des enfants est-il si répandu en Afrique de l’Ouest ?
Une enquête de 2018, réalisée par l’UNICEF, a montré que les zones rurales et les communautés pauvres présentent des taux de mariages d’enfants plus élevés que les communautés riches ou urbaines.
Les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale sont parmi les plus pauvres du monde et, à ce titre, les filles de ces régions ont trois fois plus de risques de devenir des épouses-enfants
que leurs homologues vivant dans des zones riches ou urbaines.
L’étude a également montré que les mariages d’enfants sont plus de deux fois plus fréquents dans les zones rurales que dans les zones urbaines, et que 19 % des filles vivant dans des communautés riches sont mariées, contre 67 % dans les communautés pauvres.
Selon une enquête réalisée en 2015 par Plan International sur la prévalence du mariage d’enfants en Asie, sont les « principales raisons des taux élevés de mariage des enfants » sont : la pauvreté, l’extrême inégalité entre les genres, l’accès insuffisant des filles à une éducation de qualité, le manque d’autonomisation économique, la faiblesse des services de santé et des services juridiques.
De manière similaire, en Afrique de l’Ouest, les raisons des mariages d’enfants englobent la création de liens familiaux et communautaires, mais également le soutien aux familles les plus pauvres grâce à la dot versée et le fait qu’un membre de la famille rejoigne une autre famille, ce qui peut se traduire par « une bouche de moins à nourrir ».
En outre, il convient de noter qu’en Afrique de l’Ouest, selon Plan International, la principale cause sous-jacente du mariage des enfants est souvent la « peur de la honte et de la stigmatisation » que pourrait susciter chez la famille la grossesse d’une fille hors mariage.
L’organisation internationale à but non lucratif, GirlsNotBrides, a constaté que dans la région, « les lois sur le mariage d’enfants ne sont pas toujours largement connues, comprises ou respectées » par les membres de la communauté. Certes, la plupart des enfants mariés en Afrique de l’Ouest connaissent les lois - qui interdisent ces traditions néfastes - mais le coût élevé des procédures judiciaires, les réactions négatives de la famille ou de la communauté, la corruption et les conséquences de la désertion d’un mariage à un jeune âge les obligent à rester dans une telle union, même si elle est illégale, abusive ou fondée sur la violence.
Quatre faits essentiels sur les mariages d’enfants que vous devriez connaître
- Selon un rapport de l’UNICEF, le Niger, pays d’Afrique de l’Ouest, présente les taux les plus élevés au monde, 77 % des filles sont mariées.
- L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale affichent des taux de mariage d’enfants parmi les plus élevés au monde : 3 filles sur 4 au Niger et plus de 50 % au Mali sont mariées avant l’âge de 18 ans.
- Le nombre d’enfants mariés en Afrique de l’Ouest devrait atteindre 12 millions en 2030, selon les données de l’UNICEF.
- En Afrique de l’Ouest et Central, 4 filles sur 10 - environ 41 % - ont été mariées avant l’âge de 18 ans.
Comment le mariage des enfants affecte-t-il les femmes et les filles dans le monde ?
Le mariage d’enfants est profondément ancré dans l’inégalité entre les genres et affecte les filles de manière disproportionnée, l’Unicef ayant identifié un ratio de 1:6 entre les filles et les garçons touchés par ce phénomène.
Le mariage des enfants menace le bien-être et la santé des filles, les privant d’une enfance normale. Selon l’Unicef, les enfants mariés sont plus susceptibles d’être victimes de violences domestiques - en particulier avec des conjoints adultes - et peuvent potentiellement abandonner l’école. Ces enfants sont privés de leur droit à l’éducation et de la possibilité de décider de leur avenir. Leur situation économique et leur état de santé s’en ressentent, ce qui entraîne souvent des répercussions similaires sur leurs propres enfants.
Les enfants mariés sont souvent confrontés à des complications lors de l’accouchement et de la grossesse, car leur corps n’est pas encore suffisamment développé et prêt à donner naissance, ce qui met en danger leur vie et celle de leurs bébés.
Quel est le lien entre l’éradication du mariage d’enfants et la mission de mettre fin à la pauvreté dans le monde ?
Incontestablement, le mariage des enfants nuit gravement à la santé, au bien-être et à l’avenir de la plupart des filles et des jeunes femmes dans le monde. Il représente également une grande menace pour le développement et la prospérité des pays les plus touchés par cette tradition néfaste.
Le mariage des enfants entrave considérablement plusieurs des Objectifs mondiaux des Nations unies, notamment l’Objectif n° 2 qui vise à éliminer la faim, l’Objectif 3 pour la santé et le bien-être, l’Objectif 4 pour l’accès à éducation pour tous et l’Objectif 5 pour l’égalité des genres.
Comment pouvons-nous tous agir contre le mariage des enfants en Afrique de l’Ouest ?
En Afrique de l’Ouest, les mariages d’enfants prennent différentes formes. Au Niger, par exemple, selon Girls Not Brides, « de nombreuses filles ont leur mot à dire sur le choix de leur conjoint et ne sont généralement pas contraintes - bien que leurs possibilités soient limitées. Leurs familles ne bénéficient pas nécessairement des avantages financiers du mariage. »
Alors qu’au Mali, la jeune mariée n’est informée qu’après négociation, et qu’au Sénégal, certaines filles organisent elles-mêmes leur mariage pour gagner leur indépendance.
Ainsi, pour s’attaquer pleinement à ce problème, il est important que les initiatives locales ou nationales soient adaptées aux spécificités des régions ciblées. Les gouvernements doivent élaborer des plans d’action nationaux complets pour mettre fin au mariage des enfants. Chacun a un rôle à jouer dans la lutte contre ce problème.
Selon une récente note d’information de Girls Not Brides intitulée Ending child marriage in Africa (mettre fin au mariage d’enfants en Afrique), pour combattre le mariage des enfants, les gouvernements doivent :
- Donner aux filles les moyens de développer des compétences, de connaître leurs valeurs et leurs droits.
- Mobiliser les familles et les communautés en tant qu’agents du changement, en les sensibilisant aux problèmes du mariage des enfants et aux rôles importants que les filles et les femmes jouent dans la société.
- Offrir des services suffisants dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la justice et autres, afin de supprimer les obstacles structurels qui poussent les filles à se marier.
- Fournir un cadre juridique et politique favorable, notamment une législation qui fixe à 18 ans l’âge minimum du mariage et supprime les vides juridiques liés au consentement parental ou au droit coutumier.
L’ancien secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon, lors du lancement de la campagne mondiale pour mettre fin à la violence contre les femmes en 2008, a déclaré : « Il existe une vérité universelle, applicable à tous les pays, à toutes les cultures et à toutes les communautés : la violence contre les femmes n’est jamais acceptable, jamais excusable, jamais tolérable. »
Tous les Global Citizens, en particulier les hommes et les garçons, les gouvernements et les organisations du monde entier peuvent prendre les mesures nécessaires pour faire respecter les droits et la protection des filles et des jeunes femmes en leur offrant un refuge sûr, des services de santé et d’éducation de qualité contre la violence liée au sexe et d’autres pratiques traditionnelles patriarcales néfastes. Rejoignez-nous et découvrez comment vous pouvez passer à l’action ici.