Au cours des dix derniers mois, le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Asie et l’Europe ont enregistré des records de chaleur, provoquant des sécheresses et des incendies. Une chaleur intense et prolongée a asphyxié certaines régions de la Chine, du Pakistan et de l’Inde, tandis que le Royaume-Uni a battu son record de chaleur avec plus de 40 degrés Celsius.
L’emblématique calotte glaciaire du Groenland, quant à elle, a subi sa propre « mini-vague de chaleur ». Les scientifiques du monde entier sont d’accord : ces vagues de chaleur sont indéniablement aggravées par le changement climatique d’origine humaine.
Après cette année catastrophique de chaleur extrême, les militants espèrent à nouveau que la prochaine conférence des Nations unies sur le changement climatique, ou COP27, suscitera de véritables changements. Les négociations des Nations Unies sur le climat, qui se tiendront en Égypte du 6 au 18 novembre, verront des représentants des gouvernements, des organisations caritatives et des ONG se rassembler pour délibérer sur la meilleure façon de défendre la planète.
En amont de l’évènement, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a publié un rapport qui appelle les responsables politiques à écouter les jeunes et à donner la priorité à leurs besoins spécifiques.
Le rapport explique très clairement que la « crise climatique est une crise des enfants » et que les mesures prises aujourd’hui détermineront le sort de millions de jeunes.
« Les enfants qui sont les moins responsables du changement climatique en supportent les conséquences les plus importantes », déclare Vanessa Nakate, Ambassadrice de bonne volonté de l’UNICEF et militante en faveur du climat, dans l’avant-propos de cet important rapport. « Nous devons nous assurer que les pays où les enfants sont les plus vulnérables aux impacts du changement climatique disposent des ressources nécessaires pour s’adapter et de services sociaux pour les protéger. »
1. En 2020, 1 enfant sur 3 a été confronté à températures extrêmement élevées
En 2020, près de 740 millions d’enfants - soit environ 1 sur 3 dans le monde - ont vécu dans des pays où les températures dépassent 35 degrés Celsius pendant 80 jours dans l’année.
De même, près de 600 millions d’adolescents ont été exposés à une fréquence élevée de canicules - terme utilisé pour désigner une moyenne de 4,5 canicules ou plus par an.
Trois autres indicateurs - la durée de la canicule, la gravité de la canicule ou les températures extrêmes - ont affecté 624 millions de jeunes.
Selon l’UNICEF, les effets de la chaleur extrême sur les enfants sont multiples mais se répartissent en deux grandes catégories : les risques pour la santé et le bienêtre, et les effets sociaux et éducatifs. Les températures élevées, explique l’UNICEF, affectent la santé mentale et émotionnelle, l’accès à la nourriture et à l’eau, l’éducation, la sécurité et les moyens de subsistance.
« Les vagues de chaleur exacerbent la sécheresse, entraînant de mauvaises récoltes et une insécurité alimentaire, avec de graves répercussions sur la nutrition des enfants, en particulier pour les populations qui dépendent de l’agriculture », peut-on lire dans le rapport. « Les vagues de chaleur entraînent une mauvaise santé et une mauvaise nutrition chez les enfants et sont liées à une baisse des résultats scolaires et de la fréquentation scolaire. »
2. D’ici 2050, pratiquement tous les enfants de la planète seront confrontés à des vagues de chaleur plus fréquentes.
Actuellement, un enfant sur quatre vit dans des régions où une vague de chaleur moyenne s’étend sur plus de quatre jours.
Ce chiffre devrait atteindre 3 enfants sur 4 d’ici 2050, même si le monde parvient à limiter le réchauffement climatique à 1,7 degré Celsius, une situation que l’UNICEF qualifie de « scénario à faibles émissions ». Dans le « scénario à fortes émissions », dans lequel le monde se réchauffe de 2,4 degrés, 94 % des enfants seront exposés.
La gravité des vagues de chaleur - lorsque la température moyenne d’une vague de chaleur est supérieure de 2 degrés Celsius ou plus à la moyenne locale sur 15 jours - touchera 100 millions d’enfants dans le scénario à faibles émissions (contre 28 millions actuellement) et un nombre impressionnant de 212 millions d’enfants dans le scénario à fortes émissions.
D’ici à 2050, c’est en Afrique que l’on trouvera le plus grand nombre de jeunes soumis à des vagues de chaleur intenses.
Ce que le monde doit faire
1. Protéger les enfants de la dévastation climatique en adaptant les services sociaux
L’UNICEF a défini quatre piliers essentiels que les pays du monde entier doivent reconnaître si nous voulons protéger l’éducation, les moyens de subsistance et la santé des enfants. Tout d’abord, l’UNICEF demande aux gouvernements d’adapter les services essentiels tels que les initiatives en matière d’eau et d’assainissement et les systèmes de soins de santé afin qu’ils puissent résister au changement climatique et aux crises environnementales.
2. Préparer les enfants à vivre dans un monde en mutation climatique
Chaque pays doit veiller à ce que ses citoyens les plus jeunes reçoivent une éducation relative au changement climatique et aux risques de catastrophes. Les jeunes doivent également avoir les moyens de mettre à profit leur éducation lors des sommets chargés d’élaborer des politiques. L’UNICEF demande instamment aux organisateurs de la COP27 de veiller à ce que les enfants puissent participer de manière significative et influencer les plans d’action.
3. Donner la priorité aux enfants et aux jeunes dans le financement et les ressources climatiques
Lors de la conférence COP26 organisée l’année dernière à Glasgow, les pays développés ont convenu de doubler les fonds consacrés à l’adaptation au climat pour atteindre environ 40 milliards de dollars par an d’ici 2025, l’objectif ultime étant de dégager au moins 300 milliards de dollars par an d’ici 2030. Ces accords doivent être respectés, écrit l’UNICEF, tandis que la conférence de cette année devrait s’appuyer sur des programmes de « pertes et dommages » - un terme qui se rapporte au financement de la réparation des dommages causés par les conséquences du changement climatique, comme les tempêtes extrêmes et les sécheresses, en particulier dans les nations les plus vulnérables.
4. Prévenir la catastrophe climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et maintenir l’objectif de 1,5°C en vie
Tous les gouvernements doivent accroître l’ambition de leurs politiques climatiques. Les pays riches du G20 doivent être le moteur des efforts visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 45 % d’ici à 2030 et à limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius, tandis que tous les pays doivent accélérer la transition vers les énergies renouvelables.
Le rapport indique que les subventions accordées aux combustibles fossiles doivent cesser et que les bénéfices exceptionnels des producteurs de combustibles fossiles doivent être redirigés vers les personnes vulnérables.