Christelle Kwizera a pour mission d'éradiquer la pénurie d'eau en Afrique. À seulement 26 ans, elle a déjà transformé des milliers de vies pour le mieux.
En 2014, Christelle Kwizera a fondé Water Access Rwanda, une entreprise sociale qui vise à remédier à la pénurie d'eau et à fournir aux communautés une eau potable et facilement accessible. Aujourd'hui, son entreprise approvisionne avec succès plus de 70 000 personnes en eau chaque jour. Pourtant, Mme Kwizera affirme que ce n'est là qu'un début.
« Notre ambition est bien plus grande car, à mon avis, la crise est bien plus marquée que notre action, dit-elle à Global Citizen. Quelque 400 millions de personnes en Afrique subsaharienne n'ont pas accès à l'eau, et nous devons donc en faire bien plus pour répondre à la demande actuelle en Afrique. »
Mme Kwizera est l'une des trois finalistes du Global Citizen Prize : Cisco Youth Leadership Award 2020. Ce prix a été créé par Cisco et Global Citizen pour récompenser et encourager les jeunes qui exercent une influence positive sur le monde, ainsi que pour identifier les jeunes leaders qui utilisent leurs compétences et leurs ressources pour atteindre les Objectifs mondiaux et mettre fin à l'extrême pauvreté.
Un vote public a été lancé pour aider à déterminer le gagnant du Cisco Youth Leadership Award, qui recevra 250 000 dollars américains de financement pour soutenir son organisation. Vous pouvez en savoir plus sur les trois finalistes et voter pour celui qui, selon vous, devrait gagner, en cliquant ici.
Le concept de l'entreprise de Mme Kwizera est né d'un projet financé par un donateur qu'elle a initié alors qu'elle était à l'université.
Christelle Kwizera and other team members at the Water Access Rwanda offices in Kigali, Rwanda. In 2014, Kwizera founded Water Access Rwanda, a social enterprise that aims to eliminate water scarcity and provide communities with safe and accessible water.
À l'époque, elle s'intéressait à la création d'emplois et à la responsabilisation des jeunes pour qu'ils puissent se lancer dans l'entreprenariat, un objectif qu'elle a défendu avec succès tout au long de sa carrière universitaire.
Cependant, lorsque l'ancien président émérite de son université lui a accordé le budget et la possibilité de mener son propre projet, elle a réalisé que le chômage des jeunes n'était pas la seule crise qui nécessitait ses compétences et son attention.
Après avoir lu des articles sur les efforts déployés par certaines communautés pour se procurer de l'eau, elle a compris qu'il fallait faire quelque chose et s'est donnée la responsabilité d'agir.
Residents of Nyarubande, a small rural village in Mageragere Sector, Nyarugenge District, Rwanda. Water Access Rwanda started work in the area in 2017 after a woman from a neighboring community was eaten by a crocodile as she went to fetch water.
« Je menais des innovations pour encourager les jeunes à devenir entrepreneurs et j'avais l'intention de faire quelque chose pour y remédier. Puis j'ai découvert que certaines communautés périssaient à cause des crocodiles, car la seule source d'eau dont elles disposaient provenait de ces lacs infestés de crocodiles », explique Mme Kwizera.
Le projet universitaire qu'elle a lancé en réponse à cette situation consistait à forer des trous de sonde et à installer des pompes à eau pour que les gens aient un accès plus facile et plus sûr à l'eau, ce qui n'était en aucun cas un concept nouveau. Cependant, alors qu'elle et son équipe réalisaient le projet au cours de cet été, elle a commencé à se rendre compte que le processus n'était pas réalisable.
« À la fin de la première année qui a suivi le projet, la plupart des forages avaient des problèmes, j'étais donc vraiment convaincue que nous devions trouver une façon plus durable de faire les choses, explique-t-elle. J'ai créé une entreprise, je suis retournée à l'école pour terminer mon diplôme, et j'ai engagé les jeunes avec lesquels nous avons travaillé tout l'été pour démarrer l'entreprise ; nous avons alors commencé à forer. »
Aujourd'hui, l'un des principaux objectifs de son entreprise est de réhabiliter les forages non exploitables et d'installer un système de pointe, le mini-réseau INUMA. Celui-ci fournit de l'eau potable purifiée que les gens peuvent obtenir soit auprès d'un point d'eau public, soit directement chez eux.
(L) INUMA kiosk in Rwintare, Nyamirambo Sector. The INUMA mini-grid supplies piped, purified water that people can access either at a public water point or directly in their homes. (R) Felix Twizeyumukiza is a kiosk attendant for Water Access Rwanda.
L'installation de ces points d'accès au mini-réseau prend entre six et 18 jours. Water Access Rwanda recourt à un système en quatre étapes pour s'assurer que chaque point soit maintenu à un niveau satisfaisant.
Tout d'abord, l'équipe identifie et inspecte le site idéal ; ensuite, une équipe de techniciens expérimentés creuse un trou de forage. À partir de là, ils peuvent construire une borne, qui est une infrastructure publique où les communautés peuvent se procurer de l'eau. Chaque borne utilise une connexion à l'énergie solaire qui constitue une source d'énergie durable pour le système de filtration de l'eau. La dernière étape est une cérémonie de mise en service qui marque l'inauguration d'un accès sûr et durable à l'eau pour la communauté.
Mme Kwizera a veillé à ce que l'eau fournie par son entreprise soit abordable pour tous et ne coûte qu'un dollar par mois. Elle a même fait en sorte que ces paiements soient faciles à suivre. Water Access Rwanda a ainsi facilité le processus de paiement en travaillant avec des compteurs de prépaiement intelligents qui sont reliés à des plateformes de paiement mobiles ; l'entreprise a également formé des jeunes à l'utilisation de cette technologie pour vendre l'eau aux points d'accès publics.
L'esprit entrepreneurial indéniablement aiguisé de Mme Kwizera, associé à un formidable travail d'équipe, a propulsé Water Access Rwanda à son niveau actuel. Bien qu'elle dirige une organisation non gouvernementale, elle préfère considérer ses bénéficiaires comme des clients, en leur donnant les moyens d'agir et la possibilité d'avoir leur mot à dire sur la manière dont leurs besoins sont satisfaits.
Regine Nyiransabimana, left, and Christelle Kwizera enjoy a glass of water. Kwizera made sure that the water her company supplies is affordable for everyone and charges just but it is $1 for 1,000L access to water.
« Ce que j'aimerais que les gens sachent, c'est que les gens qui vivent dans la pauvreté disposent de moins de ressources, ce qui ne veut pas dire qu'ils n'ont rien », poursuit-elle.
« Lorsque je me penche sur les personnes en situation de pauvreté, je constate que beaucoup de dirigeants ont tendance à les considérer comme des personnes sans ambition qui, si on leur donnait de l'argent, ne seraient pas en mesure de se servir des services que le gouvernement leur accorderait, poursuit-elle. Mais chaque personne pauvre rêve d'une vie meilleure, d'un logement plus confortable, d'un meilleur toit, d'eau et d'électricité à l'intérieur de sa maison. Donc si elles obtiennent de l'argent, elles investiront dans ces projets pour elles-mêmes. »
Afin d'atténuer la crise de l'eau, Mme Kwizera estime que les dirigeants mondiaux doivent réexaminer le regard qu'ils portent sur les personnes en situation de pauvreté. Au lieu de les considérer comme des gens qui n'ont absolument rien et qui ont besoin d'aide, elle exhorte les dirigeants à reconnaître le potentiel d'un tout nouveau marché.
« J'espère que les dirigeants mondiaux se rendront vraiment compte que le bas de la pyramide est un marché et qu'ils le considéreront comme tel, dit-elle. C'est un marché qui attend d'être débloqué et il y a vraiment des investissements à réaliser. »
La demande pour les services d'accès à l'eau du Rwanda a considérablement augmenté cette année, car la nécessité de se protéger contre la COVID-19 en se lavant les mains et en conservant une certaine distance sociale s'est accrue. Mme Kwizera a déclaré être reconnaissante de vivre cette période grâce aux leçons qu'elle a tirées de la pandémie, même si de nouveaux défis se sont présentés.
Durant le confinement national imposé au Rwanda, ses priorités principales ont été de diriger avec compassion et d'assurer la sécurité publique.
En raison des restrictions imposées par le confinement, beaucoup de ses clients ne pouvaient pas travailler, ce qui a eu des répercussions sur le paiement des factures d'eau.
« Nous avons commencé à distribuer gratuitement de l'eau afin que les gens n'en perdent pas l'accès ou ne reviennent pas aux [anciennes] méthodes d'approvisionnement en eau », explique-t-elle.
L'une de ses passions étant de créer et de garantir des opportunités d'emploi pour les autres, elle a consacré toute son énergie à faire en sorte que chaque membre de son entreprise ait un emploi pendant toute la durée du confinement.
« Je regardais les entreprises tout autour de moi, dit-elle. Elles ont mis à pied du personnel pour conserver des liquidités dans l'entreprise. J'ai choisi quelque chose de très différent en décidant de concentrer toutes nos liquidités sur les employés. »
A team member is photographed at the Water Access Rwanda offices in Kigali, Rwanda.
Ce choix a porté ses fruits et Mme Kwizera est heureuse d'annoncer que son plan a été couronné de succès, ce qui lui a permis de maintenir les emplois de ses collaborateurs tout en continuant à fournir de l'eau à ceux qui en avaient besoin.
Bien qu'elle reconnaisse les progrès qu'elle a accomplis dans la lutte contre la crise de l'eau, elle souligne qu'elle ne peut pas vaincre la crise seule et encourage les jeunes à investir dans des projets qui contribueront à soulever leurs communautés. Elle conseille avec insistance de commencer à travailler à la vision d'un monde meilleur, en dépit des craintes que les gens peuvent avoir.
« Si vous avez simplement peur de l'échec et que vous n'agissez pas, vous finissez par vous condamner à l'échec, dit-elle. Mais si la peur de cet échec vous pousse à agir et à éviter l'échec, alors c'est une bonne chose. Je vous suggère donc de vivre avec cette peur. Je la laisse me motiver au lieu de la laisser m'empêcher d'agir. »
Pictured here is a broken hand pump, which Water Access Rwanda works to remove and replace with INUMA kiosks. Not only do the hand pumps break, but the water is not always safe and hard to pump. Each INUMA kiosk provides supplies piped, purified water.
Rejoignez Global Citizen en décembre 2020 pour rendre hommage aux dirigeants qui, dans un contexte marqué par des défis mondiaux sans précédent, agissent pour le monde que nous voulons : un monde juste, équitable et égal.
La cérémonie de remise des prix, diffusée en direct et en streaming, mettra également en lumière des récits inspirants illustrant le caractère fort de l'humanité ainsi que des spectacles inoubliables qui réuniront des artistes, des activistes et des dirigeants mondiaux pour rappeler à chacun d'entre nous qu'ensemble, nous sortirons plus forts de cette année. Pour en savoir plus sur le Global Citizen Prize, cliquez ici.