Alors que les inondations, les incendies de forêt et les sécheresses provoqués par le changement climatique dévastent l'environnement, presque toutes les grandes entreprises se sont engagées à réduire leurs émissions, à devenir plus respectueuses de l'environnement ou à atteindre le niveau net zéro. Le vert est le nouveau noir.
Cette tendance a attiré l'attention sur le « greenwashing», une pratique qui consiste à exagérer les références écologiques par le biais de la publicité et du marketing. Cette pratique est désormais si répandue que même les sponsors de la conférence des Nations unies sur le changement climatique COP26 s'y sont mis.
Les scientifiques s'accordent à dire que, pour éviter les pires effets du changement climatique, les émissions mondiales nettes de dioxyde de carbone causées par les activités humaines doivent diminuer d'environ 45 % d'ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2010, pour aboutir à un niveau net nul vers 2050. Le Zéro émission nette (ou « net zero ») est un état d'équilibre entre les sources d'émissions de gaz à effet de serre (GES) et leur absorption. Dans un scénario idéal, cela signifie qu'il ne devrait plus avoir d'émissions nocives en 2050.
" Neutralité carbone d'ici 2050 ". « Net zero d'ici 2030 ". "Compenser le carbone jusqu'à ce que les vaches rentrent à la maison". Les entreprises font énormément de promesses, utilisent beaucoup de "jargon climatique" et se basent sur des calendriers différents. Il est donc important de les tenir responsables de leurs promesses et de vérifier ce qu'elles réalisent réellement.
Michael Sheldrick, cofondateur de Global Citizen et vice-président des politiques mondiales et des affaires gouvernementales, a déclaré : "En fin de compte, une grande partie de la dynamique générée par la mise en place d'objectifs doit conduire à l'élaboration et à la mise en œuvre de cadres réglementaires solides et ambitieux. Et toutes les sociétés et entreprises devraient être tenus d'effectuer une transition vers le net zéro. Cela ne devrait plus être perçu comme un geste volontaire et sympathique de leur part.
Un nouveau rapport - appelé Corporate Climate Responsibility Monitor - réalisé par le NewClimate Institute et Carbon Market Watch expose les faits. Et ce n'est pas toujours très réjouissant. Voici ce que le rapport révèle sur les efforts, ou l'absence d'efforts, des 25 plus grandes entreprises du monde en matière de climat.
3 choses que vous devez savoir du rapport
Les promesses des entreprises en matière de climat ne les engagent en réalité qu'à réduire leurs émissions de 40 % en moyenne, et non de 100 %.
Une seule entreprise a été jugée "raisonnablement intègre" dans sa promesse de réduction nette zéro, à savoir la compagnie maritime danoise Maersk.
Pour tenir leurs promesses / atteindre le niveau zéro, 24 des 25 entreprises s'appuient actuellement trop fortement sur la compensation des émissions de carbone - une pratique qui, selon les organisations et les militants du climat, à moins d'être accompagnée de réductions réelles et significatives des émissions, donne aux organisations un permis de polluer.
Les engagements des entreprises face à ce nous dit le rapport
Nous avons examiné ci-dessous les conclusions du rapport concernant certains des plus grands noms du secteur, en comparant ce qu'ils ont déclaré faire et ce qu'ils font réellement.
Amazon
L'engagement : Zéro émission de carbone d'ici 2040
Ce que dit le rapport : L'engagement n'est pas confirmé. Il n'y a pas de réduction explicite de leurs émissions, et Amazon a l'intention de s'appuyer largement sur la compensation carbone pour atteindre le zéro net.
Nestlé
Nestlé est la société mère de plus de 2 000 marques, dont Aero, Perrier, Maggi, Friskies, KitKat, etc.
L'engagement : Réduire les émissions de 50 % d'ici 2030 (par rapport à 2018)
Ce que dit le rapport : Nestlé ne devrait réduire que 18 % de ses émissions d'ici 2030 par rapport à 2018. La réduction annoncée semble avoir été faite sur la base d'une prévision des émissions conforme au maintien du statu quo plutôt que sur la base réelle de 2018. Le calcul exclut également certaines sources d'émissions.
L'engagement : neutre en carbone depuis 2007 et sans carbone d'ici 2030.
Ce que dit le rapport : Bien que Google fasse preuve de leadership dans certains domaines de la lutte contre le changement climatique, ce bilan en termes de neutralité carbone exclut en réalité plus de la moitié des émissions du géant de la technologie en 2020. Les émissions de Google ont augmenté au cours des trois dernières années. L'affirmation de neutralité carbone est en grande partie liée à des crédits compensatoires et les contours de l'objectif "neutralité carbone" demeure floue.
IKEA
L'engagement : Avoir un impact positif sur le climat d'ici 2030
Ce que dit le rapport : Cet objectif équivaut à une réduction des émissions d'IKEA de seulement 15% d'ici 2030 (par rapport aux émissions de 2016). Le reste est calculé selon des critères assez flous permettant de tenir compte du stockage du carbone dans les produits IKEA, lequel n'est pas permanent, ainsi que des émissions évitées grâce, par exemple, à l'achat de panneaux solaires par les clients.
Carrefour
Carrefour est un groupe français du secteur de la grande distribution, le huitième distributeur mondial en termes de chiffre d'affaires, présent dans plus de 30 pays.
L'engagement : neutre en carbone d'ici 2040
Ce que dit le rapport : L'engagement couvre moins de 2% de leurs émissions - les principales sources ne sont pas couvertes et l'engagement ne s'applique qu'à certains endroits, et dans moins de 20% de leurs magasins dans le monde.
Sony
L'engagement : zéro émission d'ici 2050
Ce que dit le rapport : Sony accepte de faire l'objet d'un examen minutieux en mettant à disposition ses informations sur les émissions, mais laisse subsister un rôle potentiel non spécifié des crédits compensatoires.
Unilever
Unilever est la société mère qui possède environ 400 marques, dont Hellmann's, Vaseline, Ben & Jerry's, Dove, Cif, etc.
L'engagement : zéro émission d'ici 2039.
Ce que dit le rapport : L'objectif zéro net d'Unilever pour 2039 n'est "pas étayé par des objectifs précis de réduction concernant ses principales sources d'émissions". L'entreprise présente également des informations excessives sur certains aspects, ce qui, selon le rapport, pourrait être un moyen de "détourner l'attention des actions [ou du manque d'actions] visant à réduire les émissions en amont de l'entreprise".
Que disent les entreprises ?
Nesté a publié un long message sur son site web qui s'adresse directement au rapport : "Nous nous félicitons de l'examen minutieux de nos actions et de nos engagements en matière de lutte contre le changement climatique. Cependant, le rapport du New Climate Institute's Corporate Climate Responsibility Monitor (CCRM) manque de compréhension de notre approche et contient des inexactitudes importantes."
Un porte-parole d'Ikea a déclaré que l'entreprise était favorable au dialogue et au contrôle et que le rapport constituait un "apport constructif à ce processus".
Plusieurs autres entreprises analysées, dont Unilever et Amazon, ont déclaré qu'elles n'étaient pas d'accord avec la façon dont ce rapport présentait leurs objectifs climatiques.
Pourquoi ce rapport est-il important ?
Vous vous demandez peut-être pourquoi les gouvernements n'obligent pas eux-mêmes ces entreprises à respecter leurs obligations. La vérité est que la réglementation gouvernementale mondiale n'est pas encore au point.
Des rapports comme celui-ci jouent un rôle important, mais il faut que les entreprises qui ne se conforment pas aux règles soient davantage tenues responsables.
C'est là qu'intervient la campagne Race to Zero, une campagne menée par les Nations unies, soutenue par Global Citizen, qui collabore avec des entreprises, des villes, des régions, des investisseurs et des institutions financières et éducatives pour s'engager à atteindre des émissions nettes de carbone nulles au plus tard en 2050.
L'organisation a établi une base de référence pour les entreprises qui participent à la campagne, ce qui signifie que ces entreprises "s'engagent à atteindre un objectif de zéro émission nette, conformément aux efforts mondiaux visant à limiter le réchauffement à 1,5 °C, à soumettre un plan et à rendre compte chaque année des progrès réalisés".
C'est aussi la raison d'être d'organisations comme Global Citizen : exercer la bonne pression. Dans le cadre de notre campagne "Défendre la planète", les Global Citizens appellent les entreprises à intensifier leurs efforts pour lutter contre le changement climatique, tandis que notre équipe "Impact" travaille en coulisses pour assurer le suivi des engagements et responsabiliser les dirigeants. Pour en savoir plus sur la façon dont nos campagnes font pression sur les dirigeants du monde et des entreprises pour qu'ils s'engagent, et sur la façon dont nous tenons les dirigeants responsables de leurs promesses, cliquez ici.