La Facilité COVAX, soit le mécanisme mondial de partage des risques pour l’achat groupé et la distribution équitable de futurs vaccins contre la COVID-19, a annoncé qu’elle n’atteindrait pas son objectif qui était de fournir 2 milliards de vaccins contre la COVID-19 aux pays à revenu faible et intermédiaire d’ici la fin de 2021. À la place, la Facilité réduira son objectif à 1,425 milliards de doses.

Dans un communiqué publié mercredi 8 septembre, les organisations à l’origine de la Facilité, dont l’Alliance du vaccin GAVI, l’UNICEF, la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ont déclaré que cette décision de réduire l’objectif s’expliquait par un certain nombre de facteurs. Il s’agit notamment des restrictions à l’exportation imposées par l’Inde empêchant Serum Institute, l’un des plus grands fournisseurs de vaccins au monde, de livrer les doses, s’ajoute à cela, des problèmes de fabrication et des retards d’autorisations réglementaires.

« C’est bien sûr une mauvaise nouvelle pour le monde entier car nous avons vu les conséquences dévastatrices qui surviennent lorsque le virus se propage sans contrôle », a déclaré Seth Berkley, PDG de GAVI, lors d’un point de presse autour du changement d’objectif.

Cette annonce impactera plusieurs pays et régions signataires pour bénéficier de l’initiative COVAX. Mais avec seulement 3,6 % de personnes entièrement vaccinées sur 1,3 milliards d’habitants, c’est l’Afrique, le continent le plus en retard dans sa distribution de vaccins, qui sera vraisemblablement fortement touchée par la réduction des livraisons de vaccins.

Initialement, COVAX visait à livrer 700 millions de doses en Afrique en 2021, un objectif qui au cours de l’année a été réduit à 520 millions de doses. Cependant, selon la BBC, la Facilité a maintenant confirmé qu’il lui manquait encore 100 millions de vaccins pour atteindre ce dernier objectif.

Les pays africains ont considérablement misé sur les livraisons de COVAX. Avec leurs distributions de vaccins ayant déjà été retardées en raison du nationalisme vaccinal, cette annonce pourrait davantage retarder le continent dans sa mission pour vaincre la pandémie.

Dans l’état actuel, le continent aura probablement du mal à atteindre l’objectif mondial de vacciner au moins 40 % de la population de chaque pays d’ici la fin de l’année. Avec d’autres contretemps tels que la baisse de l’objectif de livraison de COVAX, cet objectif reste hors de portée.

La plupart des pays du continent luttent actuellement pour atteindre l’objectif fixé par l’OMS, c’est-à-dire de vacciner 10 % de leur population d’ici la fin du mois de septembre. La Directrice de l’OMS pour l’Afrique, Docteur Matshidiso Moeti, a souligné que le manque de préparation régionale et les provisions de vaccins étaient les raisons principales des retards de distribution en Afrique.

« Les réserves de vaccins ont freiné l’Afrique et nous avons urgemment besoin de plus de vaccins. Mais au fur et à mesure que de nouvelles doses arrivent, les pays africains doivent se concentrer et faire avancer des plans précis pour vacciner rapidement les millions de personnes qui sont toujours gravement menacées par la COVID-19 », a déclaré Docteur Moeti.

Dans un communiqué, l’OMS a également souligné que si l’Afrique ne compte que 3 % de sa population entièrement vaccinée, les régions plus riches comme les États-Unis et l’Union européenne ont entièrement vacciné plus de la moitié de leur population, respectivement 52 % et 57 %.

« Cette inégalité est profondément choquante », a déclaré Docteur Moeti pendant le communiqué. « Seulement 2 % des plus de 5 milliards de doses injectées dans le monde ont été administrées en Afrique. Pourtant, l’augmentation récente des envois de vaccins et des engagements montrent qu’une distribution mondiale plus équitable et plus juste des vaccins semble possible. »

Malgré le besoin urgent de doses de vaccin dans les pays vulnérables, les pays riches planifient déjà, et pour certains commencent même, la mise en place de vaccins rappels, une dose supplémentaire pour les personnes déjà complètement vaccinées.

Cela va à l’encontre des appels des dirigeants mondiaux de la santé à s’abstenir pour que davantage de personnes aient d’abord accès à une première et une deuxième dose. De plus, les scientifiques ont indiqué que la nécessité de doses de rappel ne semblait pas encore être justifiée.

Outre COVAX, les pays africains attendent des vaccins venant d’accords directs avec les sociétés pharmaceutiques négociés par leurs gouvernements ou l’Union africaine, ainsi que des dons de pays riches.


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Par Khanyi Mlaba