D’après un récent rapport de l’UNICEF, des millions d’enfants yéménites seraient au bord de la famine, et l’organisation tire la sonnette d’alarme face à cette situation alarmante.
Dans un communiqué de presse publié vendredi, elle avertit que le nombre d’enfants souffrant de malnutrition pourrait croître de 20 %, pour atteindre 2,4 millions d’ici la fin de l’année 2020, sans mobilisation financière de la part de la communauté internationale.
Pour éviter un tel scénario, un engagement à hauteur de 461 millions de dollars américains en faveur d’une action humanitaire d’urgence serait nécessaire, ainsi que 53 millions de dollars américains supplémentaires pour faire face à la crise sanitaire provoquée par la COVID-19.
Depuis cinq ans désormais, le Yémen est ravagé par un conflit opposant les rebelles Houthis, appuyés par l’Iran, au pouvoir en place, quant à lui soutenu par l’Arabie saoudite. L’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch rapporte que le bilan de cette guerre s’élèverait à des dizaines de milliers de morts, la majorité étant des civils.
La crise de la COVID-19, survenue au début de l’année 2020, est venue se superposer à une une situation préalablement qualifiée de « pire crise humanitaire au monde » par l'Organisation des Nations Unies.
L’UNICEF souligne notamment que la pandémie a fragilisé les enfants et les plus vulnérables.
« Cette guerre longue de cinq ans nous a coûté un nombre incalculable d'enfants et nous craignons d'en perdre encore bien plus avec la propagation de la COVID-19, a ainsi déclaré Sara Beysolow Nyanti, représentante de l’UNICEF au Yémen. Au cours d'une seule journée, un enfant au Yémen devra faire face à une injustice et à des difficultés d'une ampleur que la plupart des gens ne connaîtront jamais au cours de leur vie ».
The double threat of #COVID19 and conflict could push millions of children in Yemen to the brink of starvation.
— UNICEF (@UNICEF) June 26, 2020
Children are suffering. They need your help now.
Dans son rapport, l’organisation précise que près de 2 millions d’enfants âgés de moins de cinq ans souffriraient de malnutrition, dont 325 000 en situation critique, à cause de perturbations des chaînes d’approvisionnement et de difficultés d’accès aux ressources essentielles, telles que les denrées alimentaires. La déscolarisation croissante des enfants, en conséquence de la fermeture préventive des écoles pour limiter la propagation du virus, les fragiliserait d’autant plus.
L’UNICEF précise également que la crise rendrait l’accès aux soins — tels que les programmes de protection enfantine, ainsi que les vaccinations de routine contre l’hépatite B, la rougeole ou encore la diphtérie — particulièrement difficile pour les plus vulnérables. Les civils, ayant pour la plupart fui le conflit pour se réfugier dans des camps, vivent souvent dans de mauvaises conditions sanitaires qui les exposent directement au virus ainsi qu’à d’autres maladies. L’organisation remarque notamment que 3 yéménites sur 4 n’ont pas les moyens de se procurer du savon, ce qui entrave le respect des gestes barrières à l’échelle du pays.
Sans engagement de taille de la part des dirigeants mondiaux, le risque de décès causé par des maladies évitables, telles que la diarrhée ou les infections respiratoires, pourrait croître de 28 % au cours des six prochains mois, selon une récente étude publiée sur The Lancet. L’UNICEF ajoute que la polio — désormais éradiquée depuis 2009 — ainsi que la rougeole menaceraient toutes deux de refaire surface.
Et à l’heure ou la planète se tourne vers des solutions à la pandémie, l’organisation rappelle la nécessité de ne laisser personne pour compte.
« Tandis que le monde entier a les yeux rivés sur la pandémie de COVID-19, je crains que les enfants yéménites ne soient oubliés. Malgré nos propres préoccupations actuelles, nous avons tous la responsabilité d'agir et d'aider les enfants du Yémen. Ils ont les mêmes droits que n'importe quel enfant, quel que soit l'endroit où il se trouve », a notamment déclaré Mme Beysolow Nyanti.