Il est estimé qu’entre 1990 et 2009, 2,1 millions d’enfants âgés de moins de 5 ans ont été sauvés grâce aux progrès réalisés en matière d’éducation des filles.
Les filles et les femmes instruites sont mieux informées sur les maladies, alors elles peuvent reconnaître les premiers symptômes et consulter un médecin. L’UNESCO estime que si toutes filles bénéficiaient d'une éducation secondaire, il y aurait 64 % moins de mariages des enfants et 59 % moins de filles enceintes en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud et de l’Ouest.
Les filles sont aussi moins susceptibles de contracter le VIH quand elles reçoivent l’éducation sexuelle.
Pourquoi alors y a-t-il un manque de fonds consacrés à l'éducation de la santé et aux droits sexuels et reproductifs?
Le 8 mars, Premier ministre Justin Trudeau a annoncé un financement de 650 millions de dollars sur trois ans pour la santé et les droits sexuels et reproductifs. Ce financement a été annoncé à la suite de l'adaptation de la règle du bâillon mondial de président américain Donald Trump. Le bâillon mondial interdit l’attribution de fonds fédéraux américains aux organisations non gouvernementales travaillant à l’étranger qui proposent des conseils ou certains services de planification familiale.
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Le financement de 650 millions de dollars constitue un investissement important, selon Sandeep Prasad, directeur exécutif d'Action Canada pour la santé et les droits sexuels, parce qu’il encourage le Canada de jouer un rôle de leadership dans le domaine des droits sexuels et reproductifs. Cependant, Prasad dit que l’insuffisance antérieure existait avant le bâillon mondial.
« L'écart entre les besoins et les droits humains en relation de la sexualité est grand — il peut être mesuré de plusieurs façons : les filles sans accès aux services ou les connaissances du VIH ou des transmissions sexuelles, a-t-il souligné. Peu importe comment nous le mesurons, il existe, il persiste et il est grand. »
Et il continue de s'accroître. Ce n’est pas seulemnt la règle du bâillon mondial qui y contribue. Il y a d’autres donateurs qui détournent les fonds et c'est pourquoi les contributions du Canada sont particulièrement importantes maintenant, selon Prasad.
Le premier ministre affirme que le Canada s'est engagé à jouer un rôle de chef dans la promotion des droits reproductifs pour les femmes et les filles :
« Nous avons franchi de grands pas vers l’égalité des sexes, mais nous savons que beaucoup de travail reste encore à faire. Les femmes de partout dans le monde touchent encore un salaire moins élevé que les hommes et leurs possibilités de promotion sont moindres. Sur le plan juridique, on leur refuse la possibilité de prendre leurs propres décisions lorsqu’il est question de leur corps et de leur santé reproductive. Elles sont plus souvent victimes de harcèlement et de violence verbale, physique et sexuelle. Dans les communautés les plus démunies, les femmes sont les moins susceptibles d’avoir accès à des soins de santé, les dernières à pouvoir manger et les plus vulnérables aux épreuves associées à la maladie », a dit Trudeau.
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Malgré la contribution de 650 millions de dollars, le budget de 2017 ne fournit pas les investissements importants nécessaires pour renforcer le rôle de leadership du Canada à l'échelle internationale, ni pour atteindre les Objectifs de développement durable (SDG) des Nations Unies, selon un groupe d'organisations de la société civile canadienne.
Ce manque de financement affecte le domaine de la santé et des droits sexuels et reproductifs dans le monde entier.
« Nous sommes profondément déçus par la décision du gouvernement de ne pas bonifier l’enveloppe d’aide du Canada », a dit Julia Sánchez, présidente-directrice générale du Conseil canadien pour la coopération internationale (CCCI). Le gouvernement dit vouloir faire du Canada un meneur parmi ses pairs et tendre la main aux plus vulnérables, en particulier les femmes et les filles. Mais son budget 2017 comporte une faille majeure : il ne prévoit pas le financement étendu et généreux nécessaire pour atteindre cet objectif ».
CCCI et Action Canada sont deux de six organisations qui travaillent sur l’Initiative de planification de l’avenir, un programme demandant au gouvernement d’investir 4,25 milliards de dollars sur les prochaines 10 années dans la santé et aux droits sexuels et génésiques (SDSG). Cette initiative vise à investir dans le plaidoyer, les services et les fournitures de SDSG. Lorsqu'on lui a demandé où le Canada devrait commencer avec le financement de 650 millions de dollars annoncé en mars, Prasad a rigolé, car il a dit que le groupe a évité délibérément d'énumérer une seule priorité.
« Il y a tellement de façons de parler de ce qui devrait être fait, dit-il. Il ne s'agit pas seulement de la prestation de services et des commodités comme les contraceptifs, car l'éducation sexuelle joue un rôle dans l’ensemble plus vaste ».
Les résultats de l’initiative canadienne comprennent : prévenir plus de 4 millions de grossesses involontaires et un million d’avortements non médicalisés chaque année; prévenir 50 000 décès maternels et décès de nouveau-nés, ainsi que plus de 200 000 blessures liées à la grossesse chaque année.
« À vrai dire, nous parlons en fait de l’autonomisation des femmes et de l’expansion des options pour les femmes et les adolescents, et nous devons prioriser les façons dont nous le faisons », explique Prasad.
L’éducation sexuelle est un parti clé, tout comme les services et les groupes de plaidoyer qui sont parfois négligés.
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Les connaissances et l’accès à l’information sont essentiels pour assurer une bonne santé sexuelle pour les filles. En Afrique subsaharienne, par exemple, 91 % des femmes alphabétisées comprennent que le VIH n’est pas transmissible par le partage de nourriture, comparé à 72 % de celles qui ne sont pas alphabétisées.
Le financement du gouvernement doit être investi dans les services cliniques et d’éducation, y compris aux services et aux groupes de défense des droits de la femme, qui sont tous des éléments importants dans l’éducation sexuelle adéquate.
Qu'est-ce que 650 millions de dollars achètent vraiment au Canada?
- 650 M$ pourraient acheter 65 000 000 boîtes 'Jumbo' de tampons au Canada*
- 650 M $ pourraient acheter 59,090,909 boîtes 'Mega' de serviettes hygiéniques au Canada**
- 650 M $ pourraient acheter 17 105 263 'Diva Cups' au Canada ***
- 650 M $ pourraient acheter 46 425 571 paquets économiques de condoms au Canada ****
- 650 M $ pourraient acheter 16 250 000 doses de la pilule plan B au Canada *****
Il ne s'agit pas simplement d'une question d’éducation sexuelle en tant qu’anatomie, dit Prasad.
« Il s’agit d'aider les filles et les femmes à pouvoir prendre des décisions qui leur conviennent et de leurs enseigner comment les implémenter ».
*Basé sur le coût approximatif de 10 $ pour une boîte de 54 tampons (Tampons d’absorptions réguliers de Tampax)
**Basé sur le coût approximatif de 11 $ pour une boîte de 60 pads (Serviettes Always Maxi longues Super avec ailes, taille 2, non parfumées)
***Basé sur le coût approximatif de 38 $ par Diva Cup (Modèle 1 The DivaCup)
****Basé sur le coût approximatif de 14 $ pour une boîte de 30 condoms (Condoms en latex lubrifiés Lubrifiant haut de gamme Ultra Mince de TrojanMD, paquet économique)
***** Basé sur le coût approximatif de 40 $ par paquet (pilule plan B)