Par Elena Berton
PARIS, Sept 29 (Reuters) — À Paris, une campagne de collages féministes qui s'inspire des techniques de l'art de la rue pour dénoncer le viol, le harcèlement sexuel et le meurtre touche une corde sensible chez les habitants de la ville et inspire des adeptes jusqu'en Chine, précise sa créatrice.
Au cours de l'année dernière, les activistes ont collé sur les murs des feuilles de papier blanc A4 sur lesquelles sont peintes des lettres noires pour faire passer des messages tels que « Elle n'est pas habillée comme une salope. C’est toi qui penses comme un violeur » et « Aux femmes assassinées la patrie indifférente ».
« Au début, nous nous adressions aux politiciens, les exhortant à agir contre la violence domestique» , a déclaré Marguerite Stern, 29 ans, qui a lancé la campagne en affichant plusieurs messages et en diffusant des photos sur les réseaux sociaux.
Tandis que le gouvernement « n'a rien fait de concret », les affiches ont permis aux femmes de disposer d'un espace de discussion et ont contribué à changer leur façon d'aborder les espaces publics, a déclaré Mme Stern à la Fondation Thomson Reuters.
« Ils aident [les personnes] qui collent les affiches et celles qui passent devant et voient les messages, parce qu'elles ont le sentiment de ne plus être seules », a-t-elle déclaré.
En France, il est illégal d'apposer des affiches sur les murs des villes. Les « colleuses », comme on les appelle désormais, travaillent rapidement et généralement après la tombée de la nuit pour éviter d'être repérées.
Bien que la France ait été le premier pays à adopter une loi punissant le harcèlement sexuel en public en août 2018, les femmes affirment toujours être victimes d'injures, d'insultes et de violences lorsqu'elles marchent dans la rue.
Un quart des Françaises âgées entre 18 et 29 ans craignent de sortir dans la rue, et au moins 20 % d'entre elles sont victimes de harcèlement au moins une fois par an, selon un rapport publié en 2019 par l'INSEE.
Près de 70 % des jeunes femmes vivant en région parisienne ont déjà été victimes de harcèlement sexuel ou de violence publique, selon une autre étude gouvernementale.
Le premier message affiché par Mme Stern, en février 2019, évoquait son vécu en matière de harcèlement sexuel dans les rues de Paris et de Bruxelles.
« Depuis que j'ai 13 ans, des hommes commentent mon apparence physique dans la rue », peut-on lire sur le collage.
(Article d’Elena Berton ; édition par Helen Popper. Veuillez créditer la Fondation Thomson Reuters, la branche caritative de Thomson Reuters qui se penche sur la vie des personnes qui, dans le monde entier, luttent pour vivre librement ou équitablement. Consultez le site http://news.trust.org)