On estime que 200 millions de femmes et de filles dans le monde ont été soumises à des mutilations génitales féminines (MGF) et que, d’ici 2030, 68 millions d’autres femmes seront victimes de telles mutilations si aucune action n’est prise contre ce problème.
Une nouvelle exposition qui se tient à New York vise à sensibiliser le public à cet enjeu et à contrer ce phénomène.
L’agence média Dysturb s’est associée au FNUAP pour cette exposition inaugurée le 6 février intitulée « Female Genital Mutilation: 68 Million Girls at Risk » et présentée au siège social de l’ONU à New York. D’immenses affiches murales qui expliquent le problème ont aussi été installées partout dans la ville.
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L’exposition met en lumière les nombreux enjeux liés à ces pratiques et donne notamment un portrait géographique des pays où elles ont lieu. Mais le but premier de l’exposition est de donner une plateforme à tous ceux et celles qui s’impliquent dans la lutte contre les MGF.
In the Maasai village of Lenkisem, girls between 9-16 participate in a two-day ceremony that brings girls from surrounding villages to one school. They bonded while being educated on their basic rights and why female genital mutilation (FGM) is unhealthy.
In the Maasai village of Lenkisem, girls between 9-16 participate in a two-day ceremony that brings girls from surrounding villages to one school. They bonded while being educated on their basic rights and why female genital mutilation (FGM) is unhealthy.
Créée en 2014 par un groupe de journalistes, d’auteurs et d’artistes, Dysturb est une agence média alternative. Avant d’avoir créé Dystrub, le groupe fondateur couvrait surtout des enjeux liés aux conflits et aux crises humanitaires, ainsi qu’au changement climatique et se sentait découragé par le fait que ces histoires avaient une portée limitée dans les médias conventionnels. Ils avaient également constaté une méfiance croissante à l’égard des médias.
« Nous voulions donner vie à ces problématiques et reprendre contact avec le public », a confié à Global Citizen Benjamin Petit, cofondateur de Dysturb.
Dysturb utilise les lieux publics urbains pour sensibiliser les gens aux grands enjeux mondiaux. La première intervention du groupe a eu lieu à Paris. Elle ne touchait pas une problématique particulière, mais plusieurs enjeux internationaux comme le conflit syrien, la crise de l’Ebola en Afrique de l’Ouest et la guerre civile en République centrafricaine. Cette campagne a reçu un excellent accueil et, rapidement, des organisations à la recherche de partenaires pour développer des contenus axés sur les solutions ont contacté Dysturb, comme l’a fait le FNUAP.
« La question des MGF n’est pas un enjeu qui fait les manchettes, a expliqué à Global Citizen Christian Delsol, spécialiste des médias à l’ONU. Il est dès lors plus difficile de susciter l’attention des médias. Nous avons donc fait appel à Dysturb, car une campagne d’affichage partout dans la ville a beaucoup plus d’impact. »
Thai girls walk past Pattani Central Mosque before the evening prayers. Women in the region are encouraged to cut their daughters under the assumption that it will control their sexual urges in adulthood and make them “clean."
Thai girls walk past Pattani Central Mosque before the evening prayers. Women in the region are encouraged to cut their daughters under the assumption that it will control their sexual urges in adulthood and make them “clean."
M. Delsol a été témoin de la campagne de Dysturb sur le changement climatique à Paris et il s’est dit que cette approche permettrait de véhiculer le message bien au-delà du siège social de l’ONU et à le faire parvenir à un auditoire beaucoup plus vaste.
« Il était très important pour nous de jumeler cette campagne avec une action dans les espaces publics dans différentes communautés, a expliqué Benjamin Petit, ajoutant que les affiches peuvent être vues dans le Bronx, Manhattan et Brooklyn. C’est également un excellent moyen de rejoindre un vaste auditoire ».
Le FNUAP travaille en collaboration avec l’UNICEF sur le plus vaste programme au monde visant à mettre fin aux MGF. Le programme cible 17 pays africains et soutient les actions entreprises tant sur le plan régional que sur le plan mondial.
« Je pense que les choses s’améliorent grandement et nous devons en prendre acte, a expliqué à Global Citizen Nafissatou Diop, conseillère et coordonnatrice principale au programme conjoint FNUAP-UNICEF pour éliminer les MGF. Et cette exposition à New York a également pour but de montrer les progrès accomplis ».
Elle fait notamment référence à une série de photos qui montrent la toute première génération de jeunes filles ayant échappé aux MGF.
« C’est extraordinaire de voir à quel point les jeunes filles qui n’ont pas subi ces mutilations sont fortes, mais aussi actives au sein de leur communauté – auprès de leurs frères, leurs sœurs, leurs pères, leurs tantes bref, de l’ensemble de la communauté — pour changer les choses », a indiqué Nafissatou Diop.
Elle a également souligné que l’un des buts principaux de l’exposition est de faire connaître ceux qui sont les artisans de ce changement, qu’ils soient militants, enseignants ou politiciens.
Young girls study inside the mess hall of the Tasaru Safehouse for Girls. The Tasaru Safehouse supports board, lodging and education of young Maasai girls from preteens to late teens who seek refuge from female genital mutilation (FGM) and early marriage.
Young girls study inside the mess hall of the Tasaru Safehouse for Girls. The Tasaru Safehouse supports board, lodging and education of young Maasai girls from preteens to late teens who seek refuge from female genital mutilation (FGM) and early marriage.
« Beaucoup de gens se travaillent ensemble dans un pays dans le but de protéger les jeunes filles et s’assurer qu’elles ne seront jamais victimes de ces pratiques », a ajouté Mme Diop.
Elle fait d’ailleurs remarquer que, dans les pays où les taux de prévalence étaient les plus élevés, on constate une diminution des cas, en raison des nouvelles politiques mises en œuvre, de l’éducation et des efforts de sensibilisation accrus.
Mais si Mme Diop estime que les campagnes de sensibilisation sont essentielles, elle affirme également qu’il faut redoubler des efforts pour mener des actions concrètes afin de vraiment éliminer les MGF.
Il faut donc adopter une approche holistique et mener des initiatives pour abattre ce qui est devenu une norme sociale et ainsi rejoindre toutes les personnes et organisations concernées par ces pratiques, soit les leaders religieux, les travailleurs de la santé, les survivantes, les défenseurs et militants, ainsi que les ONG et les gouvernements.
Voilà pourquoi, estime M. Petit, il est si important que l’exposition mette en évidence tous les tenants et aboutissants de cette problématique. L’équipe de Dysturb a donc dû réfléchir aux meilleures approches créatrices pour aborder cette question, et notamment se défaire de l’image qui représente souvent les MGF par une paire de mains qui tiennent des lames.
« Nous voulions sortir de cette représentation et mettre en avant les histoires des survivantes, des militants qui se battent contre les MGF, mener des campagnes de sensibilisation, a poursuivi Benjamin Petit. Nous voulions montrer les différents aspects de cette problématique. »
Fraipont, Belgium. September 10, 2014.
Fatoumata fled her native Guinea in order to prevent her young daughter, Binta, from undergoing female genital mutilation (FGM).
Fraipont, Belgium. September 10, 2014.
Fatoumata fled her native Guinea in order to prevent her young daughter, Binta, from undergoing female genital mutilation (FGM).
L’exposition a reçu un excellent accueil tant en ligne qu’hors ligne, selon M. Petit et M. Delsol.
« De plus en plus de gens veulent en savoir plus sur ces pratiques et sont prêts à s’impliquer et à passer à l’action », a souligné M Petit.
La réponse sur les médias sociaux, qui sont associés à une campagne plus vaste de Dysturb, #WomenMatter, a été particulièrement bonne. Un dialogue a été établi sur la problématique et de nombreuses organisations se sont manifestées suite à l’impact de l’exposition, selon M. Petit.
L’ONU a comme objectif d’éliminer complètement les MGF d’ici 2030. S’il ne peut affirmer à coup sûr que cet objectif sera atteint au cours des 11 prochaines années, M. Petit n’a pas perdu espoir qu’on y parvienne.
« Nous voulons utiliser le photojournalisme pour mobiliser les personnes qui sont en mesure d’aider les victimes de ces traditions cruelles, ou de toute autre crise humanitaire », a souligné M. Petit.
Et à en juger par la réponse du public, on peut dire mission accomplie.
L’exposition « Female Genital Mutilation: 68 Million Girls at Risk » est présentée dans le hall d’entrée des visiteurs à l’ONU du 7 février au 31 mars. On peut trouver les lieux publics où sont installées les immenses affiches en cliquant ici.