La France ne fait pas que parler. Le pays a poursuivi en justice son premier agresseur pour sifflement depuis l’interdiction du harcèlement sexuel dans la rue en août, montrant qu'il est déterminé à rendre les espaces publics plus sûrs pour les femmes.
L'homme a été condamné à payer une amende de 300 euros pour avoir donné une claque sur les fesses d'une jeune femme et avoir fait un commentaire obscène sur son corps, tandis qu'il montait dans un bus bondé en banlieue parisienne, selon Reuters.
Remarquant l’agitation dans le bus, le chauffeur a verrouillé les portes pour arrêter l’agresseur jusqu'à l'arrivée de la police. L'homme a écopé d'une peine de neuf mois de prison en plus de l'amende, trois mois pour « un acte d'agression sexuelle pur et simple » et six mois supplémentaires pour avoir agressé le chauffeur de bus. Cette dernière peine a été suspendue, a indiqué un procureur à CNN.
« Bravo pour la réactivité du chauffeur de bus et [pour la] mise en œuvre de la sanction. Ensemble mettons fin aux violences sexistes et sexuelles », a ajouté Marlène Schiappa, Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, qui a élaboré et défendu la loi.
Le harcèlement sexuel et la discrimination sexuelle restent fréquents en France, en grande partie en raison de croyances culturelles tenaces.
« Depuis longtemps, les Français sont attachés à l'idée que les relations entre les sexes sont différentes — en particulier de celles des Américains puristes — et cela est lié à la conception française de la séduction », a expliqué l’année dernière au New York Times Joan Scott, professeure émérite à l’Institut des hautes études, dont les travaux portent sur l'histoire de France et la dynamique des genres. Elle a ajouté : « La séduction est l'alternative à la réflexion sur le harcèlement sexuel ».
Bien que les récentes poursuites reflètent l'engagement du pays à contester ces normes, le message peut mettre du temps à entrer dans les esprits.
« On trouve encore des hommes qui disent... ‘‘C'est la culture française, c'est l'amour à la française’’ », indiquait Schiappa l'an dernier sur CNN tout en défendant la nouvelle loi, qui a rencontré quelques détracteurs.
Plus de 220 000 femmes ont été victimes de harcèlement sexuel dans les transports en commun français en deux ans, a affirmé l'agence nationale de statistiques sur la criminalité l’année dernière.
Mais alors que le mouvement #MeToo contre le harcèlement et les agressions sexuelles continue de gagner du terrain et de prendre de l'ampleur à travers le monde, le changement s'opère progressivement. Selon les données de la police, les témoignages de viols et de harcèlement sexuel se multiplient à Paris au premier trimestre 2018, ce qui signifie que les victimes ont probablement moins peur de signaler les incidents de violence sexuelle, et donc de traduire leurs agresseurs en justice.