L’éducation des filles est un outil essentiel pour transformer des vies, non seulement pour les jeunes filles elles-mêmes, mais aussi pour leur famille et leur communauté, ainsi que pour le monde entier.
Pourtant, selon l’UNICEF, 132 millions de jeunes filles ne sont pas scolarisées dans le monde, dont 34,3 millions en âge de fréquenter l’école primaire, 30 millions en âge de fréquenter le collège et 67,4 millions en âge de fréquenter le lycée. Dans les pays touchés par un conflit, les filles sont deux fois plus susceptibles de ne pas être scolarisées que dans les zones de paix.
Dans le même temps, la pandémie de COVID-19 a exacerbé les inégalités existantes dans le monde, notamment dans le domaine de l’éducation. À travers le monde entier, près de 1,5 milliard d’élèves ont vu leur éducation perturbée par la pandémie, alors que les écoles de plus de 168 millions d’enfants sont restées fermées pendant presque une année entière.
De nombreux facteurs entrent en jeu lorsqu’il s’agit de l’éducation des filles, la pauvreté étant un facteur important, car elle détermine souvent si une jeune fille aura accès à une éducation et pourra terminer ses études. Les menstruations empêchent également de nombreuses filles de se rendre à l’école, en raison du manque d’accès aux fournitures hygiéniques, ce qui implique que les filles loupent souvent l’école lorsqu’elles ont leurs règles.
L’accès à l’éducation contribue également à la sécurité des filles, car une jeune fille non scolarisée est bien plus exposée à des risques tels que le mariage d’enfants, les grossesses précoces et le travail forcé.
Madge Thomas, du fonds mondial Education Cannot Wait, a déclaré à Global Citizen : « Il est également crucial d’offrir aux enfants les services dont ils ont besoin, qu’il s’agisse de prestations dont ils bénéficient habituellement à l’école, comme le soutien en matière de santé mentale, la nourriture et la nutrition, l’eau, les installations sanitaires et l’hygiène. »
Partout dans le monde, des militants, des organisations et d’autres acteurs s’efforcent d’aider les enfants à aller à l’école et à y rester. Voici quelques-unes des femmes remarquables qui franchissent les obstacles en Afrique pour aider les filles à exploiter pleinement leur potentiel.
1. Mamokgethi Phakeng
Mamokgethi Phakeng est la deuxième femme noire à être devenue vice-présidente de l’Université du Cap, en Afrique du Sud, depuis sa nomination en 2018. À l’âge de 16 ans, elle s’était inscrite à l’université du Nord-Ouest et, en 2002, elle est devenue la première femme noire sud-africaine à obtenir un doctorat en enseignement des mathématiques.
En 2004, Mamokgethi Phakeng a créé Adopt-A-Learner trust, une organisation à but non lucratif qui fournit un soutien financier et un mentorat aux élèves des townships et des zones rurales, dans le but de leur donner la possibilité d’obtenir un diplôme universitaire.
Elle a également créé la bourse d’études Mamokgethi Phakeng, financée à 10 % par son salaire mensuel personnel. Cette bourse vise à donner aux femmes noires les moyens de réussir dans les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM).
Sur ses réseaux sociaux, elle s’efforce toujours de rendre l’éducation accessible et intéressante. Par le biais de la campagne #MakeEducationFashionable, elle a créé un mouvement encourageant les diplômés à partager leurs témoignages encourageants sur la fin de leur parcours universitaire et inspire les gens à faire de même.
2. Peace Ayo
A little bit of kindness can go a long way.
— Peace Ayo (@PeaceAyo2) November 13, 2019
In a world where you can be anything you want to, while not be kind.#WorldKindnessDay@Malala@StrongEnoughGEI@MalalaFund@ayoword1pic.twitter.com/UOCtX2jkRg
Ayo est une activiste de l’éducation originaire du Nigeria. En grandissant, elle a pu y voir de nombreux enfants ne pas bénéficier des mêmes opportunités qu’elle, ni du soutien de leurs parents pour poursuivre leurs études, comme ce fut le cas pour elle.
En effet, parmi tous les enfants non scolarisés dans le monde, un sur cinq vit au Nigeria. Les filles sont confrontées à des obstacles encore plus importants pour accéder à l’éducation, tels que le mariage d’enfants, la pauvreté et la discrimination fondée sur le genre, puisqu’elles représentent 60 % des enfants non scolarisés au Nigeria.
À l’âge de 15 ans, Ayo a donc cofondé Youth Advocate for Sustainable Development aux côtés de son père, dans le but de s’attaquer aux obstacles qui empêchent les jeunes filles nigérianes d’aller à l’école.
L’organisation travaille avec les parents d’élèves, pour leur faire prendre conscience de l’importance de l’éducation dans la vie de leurs enfants et pour éliminer les préjugés de genre. Elle milite également pour la gratuité des fournitures hygiéniques et l’octroi de bourses aux jeunes filles non scolarisées.
3. Qabale Duba
La lauréate du prix Waislitz Global Citizens » Choice 2019, Qabale Duba, mise sur l’éducation pour autonomiser les femmes et les filles du comté de Marsabit, dans le nord du Kenya. En grandissant, elle a subi des mutilations génitales féminines, mais alors qu’elle avait l’âge d’être mariée, sa motivation et le soutien de sa mère l’ont déterminée à terminer sa formation à l’école.
Qualale Duba a ensuite fondé la Qabale Duba Foundation, une organisation communautaire qui défend les droits des femmes et des filles. En 2017, elle a lancé un programme d’alphabétisation communautaire, afin d’apprendre aux femmes à écrire et à lire.
Dans le cadre de ce programme, l’équipe de Qualale Duba éduque par ailleurs les femmes sur leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs, ainsi que sur l’importance de l’autonomisation économique. En 2018, la militante a créé la Torbi Pioneer Academy, afin d’aider les enfants dont les parents n’ont pas les moyens de leur offrir une éducation. L’académie accueille actuellement 68 enfants dans son école maternelle.
4. Noushka Teixeira
On ne cesse jamais de s'informer... On apprend tous les jours pour être meilleur demain👌🏾 pic.twitter.com/bhJW7CTPQm
— Matumaini Asbl (@MatumainiRdc) July 11, 2016
Noushka Teixeira est originaire de la République démocratique du Congo, mais elle a été contrainte de quitter son pays lorsqu’elle était enfant en raison des conflits sur place. À son retour au Congo en 2004, elle a pu constater qu’un grand nombre d’enfants était dans les rues de sa ville natale, Kinshasa. Après avoir rencontré des jeunes filles enceintes dès l’âge de 10 ans, elle a décidé qu’il était grand temps d’agir pour améliorer la situation.
En 2010, elle a donc ouvert le Matumaini Centre, un lieu où les jeunes filles sont préservées d’une vie dans la rue et peuvent recevoir une éducation et un foyer sûr. Le Matumaini Centre contribue également à la réintégration dans la communauté des enfants vivant dans la rue.
Le foyer du centre, qui a ouvert ses portes en septembre 2011, abrite et scolarise actuellement 34 jeunes filles âgées de 5 à 16 ans.
5. Nomzamo Mbatha
Nomzamo Mbatha est une actrice sud-africaine, une femme d’affaires et une ambassadrice de bonne volonté du HCR. En 2018, elle a obtenu sa licence de commerce à l’Université du Cap après avoir abandonné en 2012 pour des raisons financières, elle a repris ses études, déterminée à les terminer.
En février 2020, Nomzamo Mbatha s’est associée à la Cotton On Foundation, devenant ambassadrice de la fondation, qui réalise des projets d’éducation pour les enfants en Afrique du Sud, en Ouganda, en Thaïlande et en Australie.
Dans le même temps, par le biais de son initiative The Lighthouse Foundation, Nomzamo Mbatha a également versé 1 million de rands (soit environ 60 000 dollars) afin d’aider les enfants à payer leur scolarité et leurs fournitures scolaires, grâce à un partenariat avec Hollywood Bets. Les fonds donnés sont destinés à fournir des bourses aux étudiants qui ont besoin d’une aide financière pour poursuivre leurs études supérieures. Elle s’est en outre engagée à faire don de fournitures scolaires aux écoles du pays.
6. Zuriel Oduwole
La réalisatrice et militante américano-nigériane Zuriel Oduwole a commencé son action militante alors qu’elle était encore à l’école, inspirée par la création d’un documentaire pour un concours scolaire.
À l’âge de 10 ans seulement, en 2013, elle a lancé sa campagne « Dream Up, Speak Up, Stand Up » dans le but de scolariser davantage de filles africaines, ce qui lui a valu d’être saluée par le magazine Forbes la même année. À l’âge de 12 ans, elle figurait sur la liste des « 33 femmes qui ont changé le monde » du magazine Elle et, à 14 ans, elle a été distinguée par le secrétaire d’État américain John Kerry.
Au-delà de son travail sur l’éducation, Zuriel Oduwole s’intéresse également au réchauffement climatique et à ses répercussions sur l’avenir de l’éducation des filles. Elle a notamment pris la parole sur le sujet devant les dirigeants du monde entier lors du Sommet sur le climat COP23.
7. Bonang Matheba
Femme d’affaires et militante des droits humains, Bonang Matheba a toujours célébré l’importance de l’éducation des filles. En 2017, Matheba a lancé le Fonds Bonang Matheba Bursary, offrant des bourses à 10 jeunes filles qui souhaitaient poursuivre des études supérieures en Afrique du Sud.
Dans le cadre de la campagne précédant le Global Citizen Festival : Mandela 100, organisé à Johannesburg en 2018, Bonang Matheba s’était jointe à Priyanka Chopra Jonas et aux Global Citizens pour appeler le gouvernement sud-africain à investir dans l’amélioration de la santé menstruelle des écolières. Fin octobre, le ministre des Finances Tito Mboweni a éliminé les taxes sur les produits menstruels et s’est engagé à garantir l’accès aux serviettes hygiéniques à l’école pour les jeunes filles.