En 2020, les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 7 %, un taux qui, s'il est maintenu, permettrait au monde d'éviter une hausse de 1,5 degré Celsius des températures mondiales.
Toutefois, cette diminution est due à une pandémie qui n'arrive qu'une fois par siècle et qui a perturbé l'activité économique mondiale. Rien n'a changé sur le plan structurel et les émissions devraient rebondir en 2021, les vaccins contre la COVID-19 permettant aux pays d'assouplir les restrictions économiques jusqu'ici en vigueur.
Les pays peuvent utiliser les plans de relance contre la COVID-19 comme point de départ pour une action climatique audacieuse, et l'année à venir ne manque pas d'opportunités pour forger un nouveau parcours qui régénère la planète et place l'humain au-dessus du profit.
« Nous avons besoin de la solidarité mondiale, tout comme nous en avons besoin pour réussir la reprise d'après COVID-19, a affirmé le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, dans une déclaration faite au début de l'année sur la nécessité de relancer l'action mondiale en faveur du climat. Face à une crise mondiale, nous nous protégeons mieux lorsque nous protégeons tout le monde. Nous avons les outils nécessaires. Débloquons-les avec une volonté politique. »
Comment allons-nous donner un coup de fouet à l'action mondiale en faveur du climat
Les pays doivent s'engager à réduire leurs émissions d'environ 7,6 % par an pour avoir une chance d'empêcher les températures de dépasser le seuil de 1,5 degré Celsius. Une baisse aussi importante supposera que les pays investissent massivement dans les énergies renouvelables, qu'ils éliminent progressivement et remanient les secteurs économiques qui nuisent à l'environnement, et qu'ils recherchent des solutions basées sur la nature pour restaurer la planète.
Les plans de relance contre la COVID-19 permettent aux pays de commencer à restructurer leur économie pour effectuer cette transition.
Les 3 choses les plus importantes à savoir pour relancer l'action climatique
- La température mondiale est d'environ 1,18 degrés Celsius plus élevée que celle de l'époque préindustrielle. La température des océans a augmenté de 0,33 degré Celsius depuis 1969.
- Les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté d'environ 1,5 % par an au cours des 10 dernières années. Le budget mondial de dioxyde de carbone, c'est-à-dire la quantité de dioxyde de carbone que les pays peuvent émettre pour rester dans des plages de températures acceptables, sera épuisé d'ici 6 à 11 ans si les émissions continuent au rythme actuel.
- Le changement climatique exige une justice climatique. Les 20 pays les plus riches sont responsables de 80 % des émissions annuelles de carbone, tandis que les pays les plus pauvres sont confrontés aux impacts climatiques les plus sévères. Cette disparité est encore exacerbée par la manière dont les fonds ont été alloués et dépensés pour atténuer le changement climatique et s'y adapter.
Comment le changement climatique affecte la population mondiale
Ethiopia has been experiencing historic droughts, which has led to water scarcity and food insecurity for millions.
Ethiopia has been experiencing historic droughts, which has led to water scarcity and food insecurity for millions.
On confond souvent le changement climatique et le réchauffement de la planète, mais ce ne sont pas des synonymes. Le réchauffement climatique est à l'origine du changement climatique : lorsque les combustibles fossiles sont brûlés, ils dégagent des émissions de gaz à effet de serre qui emprisonnent la chaleur dans l'atmosphère, ce qui augmente la température de la surface de la terre.
Lorsque l'atmosphère absorbe trop de gaz à effet de serre, la hausse des températures commence à perturber les écosystèmes marins et terrestres et à modifier les conditions météorologiques.
Avant la révolution industrielle, les niveaux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère étaient d'environ 280 parties par million (PPM) de molécules. Pendant des décennies, les climatologues ont exhorté les pays à rester en dessous du seuil de 350 PPM de dioxyde de carbone. En 2019, les niveaux de dioxyde de carbone tournaient autour de 409 PPM.
Ceci ne concerne que le dioxyde de carbone. Le méthane, qui provoque un réchauffement atmosphérique environ 80 fois plus important que le dioxyde de carbone, a plus que doublé depuis 1850 pour atteindre 1 875 PPM.
L'effet de cette saturation correspond à ce que les scientifiques avaient prédit.
La dernière décennie a été la plus chaude de l'histoire, avec une année 2020 considérée comme la deuxième plus chaude à ce jour. Pour les travailleurs en plein air, la hausse des températures rend la vie quotidienne plus difficile, mais elle déclenche également des vagues de chaleur plus meurtrières qui font bouillir toute une ville pendant des semaines. Dans les communautés riches de pays comme les États-Unis, les vagues de chaleur se traduisent généralement par du temps passé à la piscine, un recours accru à la climatisation et aux glaçons. Dans les communautés pauvres de pays comme le Pakistan, elles se manifestent souvent par des coupures d'électricité, des robinets vides et des matelas trempés de sueur. En 2015, plus de 1 000 Pakistanais sont morts lors d'une vague de chaleur à Karachi.
Aucune région ne s'est réchauffée plus vite que l'Arctique et l'Antarctique. Les températures grimpent régulièrement de plus de 30 degrés Celsius au-dessus de la normale au pôle Nord et au pôle Sud, la glace se transformant en eau et l'eau absorbant plus de chaleur, entraînant une fonte encore plus importante de la glace. Cette boucle de rétroaction positive s'est accélérée. En effet, les scientifiques ont récemment constaté que la perte de glace au niveau mondial correspondait aux prévisions du « pire des scénarios ».
Une autre boucle de rétroaction est en cours. Comme l'océan absorbe la plus grande partie de l'excès de chaleur atmosphérique, il se réchauffe, ce qui exerce une pression sur les calottes glaciaires et provoque leur fonte. Les scientifiques estiment que l'océan absorbe l'équivalent de la chaleur de cinq bombes atomiques d'Hiroshima chaque seconde.
Les impacts de la fonte des glaces et du réchauffement de l'océan sont visibles partout.
La quantité d'eau et de chaleur déversée dans l'océan est telle que le niveau de la mer a augmenté d'environ 24 centimètres. Imaginez un évier qui se remplit et se déverse sur le plan de travail. Les villes côtières, de Miami à Bombay, sont maintenant confrontées à des inondations plus graves. Il n'est pas surprenant que les personnes les plus touchées soient celles qui ne peuvent pas se permettre de déménager, c'est-à-dire les personnes vivant dans la pauvreté. En Indonésie, les sols qui s'affaissent et les inondations se sont aggravées au point que le gouvernement a décidé de déplacer sa capitale vers l'extrême nord, sans pour autant savoir si les habitants des bidonvilles pourront y être accueillis. En outre, de nombreux pays insulaires risquent d'être rayés de la carte en raison de l'élévation du niveau des mers.
Les tempêtes sont à la fois plus fréquentes et plus intenses en raison de la montée et du réchauffement de la mer. L'ouragan Maria en 2017 et le cyclone Idai en 2019 ont semblé avoir un impact supplémentaire lorsqu'ils ont touché le rivage et ont fini par causer d'immenses pertes humaines et des dommages permanents aux infrastructures. Entre 2000 et 2019, 480 000 personnes ont été tuées par des événements météorologiques extrêmes renforcés par le changement climatique, tandis que des millions d'autres personnes sont chassées de leurs foyers chaque année par le changement climatique.
Le changement climatique a un impact sur tous les aspects de la vie, mais il affecte particulièrement l'agriculture et la disponibilité de l'eau. Les petits exploitants agricoles, qui représentent 90 % des 570 millions d'exploitations agricoles dans le monde, ont été durement touchés par les sécheresses, les précipitations extrêmes et les parasites qui subsistent plus longtemps.
Les sources d'eau qui existent depuis des millénaires commencent à s'épuiser. D'ici 2050, jusqu'à 5,7 milliards de personnes pourraient avoir du mal à obtenir de l'eau. Certains urbanistes du Cap et de La Paz sont déjà à la recherche de moyens pour résoudre ce problème. Mais les répercussions à l'échelle du continent sont loin d'être négligeables. Les glaciers de l'Himalaya, qui fournissent de l'eau douce à des centaines de millions de personnes, fondent deux fois plus vite qu'en 2000.
Sans la pandémie, l'année 2020 aurait peut-être été marquée par des désastres environnementaux ; après tout, elle a commencé par des incendies dans l'est de l'Australie si intenses qu'ils ont ravagé 45 fois plus de terres en Nouvelle-Galles du Sud que d'habitude.
Que fait-on pour lutter contre le changement climatique ?
A woman holds up a sign with a message written in Portuguese: "Justice for Climate, Now!" during a protest in front of the Planalto Presidential Palace, in Brasilia, Brazil, Sept. 25, 2020.
A woman holds up a sign with a message written in Portuguese: "Justice for Climate, Now!" during a protest in front of the Planalto Presidential Palace, in Brasilia, Brazil, Sept. 25, 2020.
L'accord de Paris sur le climat, dont la portée s'est élargie après le retour des États-Unis, constitue le cadre dans lequel les pays s'engagent à agir sur le climat. Tous les cinq ans, les pays s'engagent, sur une base volontaire, à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Le Climate Action Tracker indique que, selon la dernière série d'engagements pris, les pays sont « à deux doigts » d'empêcher les températures d'augmenter de plus de 1,5 degré Celsius. Toutefois, les niveaux d'émissions actuels laissent présager une augmentation de 2,1 degrés Celsius à 3 degrés Celsius.
Une augmentation de 3 degrés Celsius effacerait la plupart des villes côtières. Les dirigeants mondiaux connaissent ce risque depuis des décennies mais n'ont pas réussi à rassembler la volonté politique nécessaire pour éliminer progressivement les combustibles fossiles. Ceci est en partie dû au pouvoir politique du secteur des combustibles fossiles, qui reçoit chaque année plus de 5 000 milliards de dollars de subventions. Certaines de ces subventions servent à réduire le coût de l'énergie pour les personnes vivant dans la pauvreté, de sorte que les pays devraient étendre les filets de sécurité sociale s'ils entendaient s'en débarrasser. Mais les experts affirment que les subventions aux combustibles fossiles peuvent plutôt être utilisées pour investir dans les formes d'énergie renouvelables, l'efficacité énergétique et la conservation des terres et des mers.
Les niveaux actuels de financement de la lutte contre le changement climatique ont besoin d'un sérieux coup de pouce. Selon la Banque mondiale, 90 000 milliards de dollars sont nécessaires pour la prochaine décennie, mais les pays n'ont consacré que 530 milliards de dollars à l'action climatique en 2017. Si l'estimation de la Banque mondiale peut sembler élevée, les Nations Unies estiment quant à elles que 1 800 milliards de dollars de mesures d'adaptation au climat permettraient d'éviter des coûts climatiques à hauteur de 7 100 milliards de dollars.
Un sentiment d'urgence semble émerger après des années de contestation et de changement climatique indéniable. En 2020, le secteur des énergies renouvelables a connu une croissance record, une poussée qui peut se poursuivre si les pays augmentent leurs subventions et financent davantage de projets, selon l'Agence internationale de l'énergie.
Les efforts entrepris pour protéger et soigner la planète prennent également de l'ampleur. Plus de 50 pays se sont engagés à atteindre l'objectif des Nations Unies de protection de 30 % des zones terrestres et marines d'ici 2030, un geste qui permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Les solutions fondées sur la nature, telles que la protection des forêts, la restauration des marécages et l'amélioration de la gestion des sols, peuvent accomplir 37 % du travail nécessaire pour empêcher la hausse des températures de plus de 2 degrés Celsius.
Maintenir les températures dans une fourchette raisonnable est, en fin de compte, une course contre la montre : le dioxyde de carbone reste dans l'atmosphère pendant des décennies et, une fois absorbé, il contribue au changement climatique.
Reconnaissant cette réalité décourageante, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat des Nations Unies a souligné la nécessité de trouver des moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère afin de rester en dessous de 1,5 degré Celsius. Ceci n'a pas encore été fait.
Comment le monde peut agir
Young people attend a 'Fridays For Future' protest rally at the Brandenburg Gate in Berlin, Germany, Sept. 25, 2020.
Young people attend a 'Fridays For Future' protest rally at the Brandenburg Gate in Berlin, Germany, Sept. 25, 2020.
La trajectoire à suivre jusqu'en 2030 peut être tracée grâce aux plans de relance écologiques que les décideurs politiques du monde entier sont en train d'élaborer pour se remettre de la COVID-19. C'est pourquoi Global Citizen a lancé sa campagne « Recovery Plan for the World », qui s'attaquera aux facteurs contribuant au changement climatique ainsi qu'à ses conséquences, afin que les milliards de personnes dans le monde qui dépendent de l'environnement pour leur alimentation, leur emploi et leur bien-être puissent vivre pleinement et prospérer.
L'action climatique, quelles qu'en soient les formes, doit s'inspirer de la justice climatique en donnant la priorité aux communautés les plus vulnérables. Global Citizen appelle les pays qui émettent le plus de gaz à effet de serre à fixer la barre des réductions d'émissions, tout en allouant des fonds et des ressources aux efforts climatiques dans les pays à faible revenu.
Les pays doivent réduire leurs émissions de 7,6 % par an pour rester dans les limites du seuil de 1,5 degré Celsius, soit un rythme plus rapide que la baisse des émissions engendrée par la pandémie. Bien qu'aucun pays ne suive cette trajectoire, plus de 110 d’entre eux se sont engagés à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, dans un élan de solidarité croissant.
Le Fonds vert pour le climat vise à réunir 100 milliards de dollars par an pour aider les pays à faible revenu à atténuer le changement climatique et à s'y adapter. Dans les années à venir, les coûts d'adaptation pourraient atteindre à eux seuls 350 milliards de dollars par an. Les pays les plus responsables du changement climatique, tels que les États-Unis et les pays de l’Union européenne, devraient payer la majeure partie de ces frais.
Pour atteindre les objectifs des Nations Unies en matière de biodiversité d'ici 2030, les pays devront conserver et protéger de vastes étendues d'espaces terrestres et marins actuellement exploités ou destinés à être aménagés. Des objectifs de conservation aussi ambitieux se heurtent au rythme actuel d'extraction des ressources. En conséquence, les pays devront revoir leurs priorités économiques afin de soutenir les secteurs qui ont un impact environnemental minimal.
Plus généralement, les économies doivent être décarbonisées, ce qui signifie qu'elles ne peuvent plus ajouter à l'atmosphère davantage de dioxyde de carbone que celui compensé. La réalisation de cet objectif nécessite la participation du secteur privé, en particulier des entreprises du classement Fortune Global 500, qui représentent une richesse de plus de 33 300 milliards de dollars.
Actuellement, moins d'un quart des plus grandes entreprises mondiales se sont engagées à devenir neutres en carbone ou ont élaboré des objectifs de réduction des émissions. Dans les années à venir, ces entreprises peuvent aider les pays à atteindre leurs objectifs de réduction des émissions en investissant dans les énergies renouvelables, tout en transformant leurs chaînes d'approvisionnement et leurs modèles de production pour réduire leur impact sur l'environnement.
La pandémie de COVID-19 a montré que les secteurs du public et du privé étaient capables d'agir de manière décisive pour faire face à une menace existentielle.
Aujourd'hui, il faut appliquer cette même approche d'urgence à la crise climatique.
Vous pouvez nous rejoindre en passant à l'action ici dès maintenant pour soutenir la campagne Recovery Plan for the World, afin de protéger la planète et de donner un nouvel élan à la relance face à la COVID-19.