Les dirigeants du G20 se sont réunis vendredi à Rome à l'occasion du Sommet mondial sur la santé, organisé en partenariat avec l'Italie, qui préside le G20 cette année, et la Commission européenne, pour échanger autour de la pandémie de COVID-19 qui sévit. Ils ont pris de nouveaux engagements pour que les populations qui en ont le plus besoin bénéficient de doses de vaccin contre la COVID-19.
Lors du sommet, les pays du G20 ont adopté la déclaration de Rome, qui réaffirme le soutien multilatéral continu à la préparation, la prévention, la détection et la réponse à la pandémie, ainsi qu'un financement adéquat et pérenne des efforts de collaboration mondiaux, notamment le Dispositif pour accélérer l'accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (Accélérateur ACT).
Les principaux laboratoires pharmaceutiques se sont engagés à produire davantage de vaccins contre la COVID-19 à des prix non lucratifs, tandis que plusieurs pays du G20 ont promis un financement supplémentaire à l'Accélérateur ACT et à son volet vaccins, COVAX. Ils se sont, en outre, engagés à partager plus de doses de vaccin avec les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Toutefois, les engagements pris le 21 mai ne représentent qu'une infime partie du chemin à parcourir, surtout en termes de partage de doses et d'engagements de la part des laboratoires pharmaceutiques.
La pandémie a fait plus de 3,4 millions de victimes dans le monde. De dangereux variants du coronavirus, dont certains se propagent plus facilement et entraînent des infections plus graves, transcendent les frontières et peuvent rendre les vaccins contre la COVID-19 moins efficaces.
C'est la raison pour laquelle l'équité vaccinale est la priorité des dirigeants mondiaux pour mettre fin à la pandémie pour tous, partout.
Lors du concert VAX LIVE : The Concert to Reunite the World organisé par Global Citizen plus tôt ce mois-ci, des chefs de gouvernement, des entreprises et des laboratoires pharmaceutiques ont annoncé des contributions financières et des dons de dose pour promouvoir l'équité vaccinale. Plus de 302 millions de dollars et 26 millions de doses de vaccin contre la COVID-19 ont été mobilisés pour aider les pays à faible revenu à vacciner leurs populations, mais cela ne suffit toujours pas pour mettre fin à la pandémie.
« À l'échelle mondiale, plus de 80 % de toutes les doses à ce jour ont été administrées dans les pays riches – mais seulement 0,4 % dans les pays les plus pauvres, » a déclaré Hugh Evans, fondateur et PDG de Global Citizen. « C'est moralement inacceptable, car nous savons que nous avons les moyens qu’il en soit autrement. »
La tâche capitale de faire parvenir des fonds aux nations à faible revenu pour faire face à la COVID-19 ne peut être menée à bien que si les pays plus riches et les laboratoires pharmaceutiques, qui fabriquent les vaccins contre la COVID-19, réagissent de manière équitable et urgente.
En amont du Sommet mondial sur la santé, Global Citizen a exhorté les dirigeants du G20 à s'engager davantage en faveur du partage de vaccins et du financement de l'Accélérateur ACT, seul mécanisme mondial capable de fournir des tests, des traitements et des vaccins aux pays qui en ont besoin.
Bien que le chemin à parcourir soit encore long, voici sept moments charnières du Sommet mondial sur la santé qui contribuent à mettre en place une plus importante équité vaccinale.
1. Les entreprises pharmaceutiques fourniront des doses de vaccin contre la COVID-19 à moindre coût.
Les laboratoires pharmaceutiques Pfizer, Moderna et Johnson & Johnson ont annoncé qu'ils fourniraient, à des prix non lucratifs, 2,3 milliards de doses de vaccin contre la COVID-19 aux pays à faible revenu ainsi qu'aux pays à revenu moyen à « faibles coûts, » d'ici 2022.
Pour les pays à revenu intermédiaire, pour lesquels le coût des vaccins contre la COVID-19 est encore trop élevé, l'Équipe Europe fournira des fonds supplémentaires pour s'assurer que les doses sont acheminées là où elles sont le plus nécessaires.
Pour disposer d'une véritable feuille de route mondiale en matière de vaccination, il est indispensable que les laboratoires pharmaceutiques fassent preuve de plus de transparence en précisant quand ces vaccins seront livrés, s'ils sont nouveaux ou s'ils s'ajoutent aux volumes de production et aux contrats existants.
2. La Commission européenne a annoncé qu'elle partagerait 100 millions de doses supplémentaires de vaccin contre la COVID-19 cette année.
L'Équipe Europe s'est engagée à partager 100 millions de doses supplémentaires de vaccin contre la COVID-19 avec les pays dans le besoin cette année. Les engagements les plus importants ont été pris par l'Allemagne et la France (30 millions de doses chacune) et l'Italie (15 millions de doses). Il incombe aux autres pays riches, tels que le Royaume-Uni et le Canada, de s’impliquer et de s'engager à partager des doses de vaccin.
3. L'Italie a promis de financer COVAX et les initiatives en matière de santé et de climat, et s'est engagée à partager son stock de vaccins.
En tant que présidente du G20 cette année, l'Italie s'est engagée à soutenir l'équité vaccinale. Outre l'annonce d'un financement de 300 millions d'euros pour le mécanisme COVAX, le volet vaccin de l'Accélérateur ACT, l'Italie s'est engagée à verser 200 millions d'euros pour soutenir les initiatives en matière de santé et de changement climatique dans les pays à faible revenu.
Le Premier ministre italien, Mario Draghi, a affirmé que son pays partagerait 15 millions de doses de vaccin contre la COVID-19, issues du stock de son pays, d'ici la fin de l'année 2021. Il a également déclaré que le G20 devait faire face à la crise de la dette qui menace les pays à faible revenu et utiliser les droits de tirage spéciaux (DTS), les réserves de devises du Fonds monétaire international, pour aider les pays dans le besoin.
4. La Commission européenne va investir dans la production de vaccins contre la COVID-19 en Afrique.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a indiqué que la Commission européenne investirait un milliard d'euros dans des centres régionaux de production de vaccins contre la COVID-19 en Afrique, ce qui signifie que la technologie de l'ARNm sera introduite sur le continent. À l'heure actuelle, 99 % des vaccins contre la COVID-19 en Afrique sont importés.
La protection des brevets par les sociétés pharmaceutiques est l'un des principaux obstacles qui entravent l'augmentation de l'approvisionnement en vaccins contre la COVID-19. C'est la raison pour laquelle Ursula von der Leyen a aussi déclaré que l'Union européenne soumettra, en juin, une proposition à l'Organisation mondiale du commerce pour accélérer l'octroi de licences obligatoires et permettre que d’autres pays fabriquent des vaccins.
5. La France s'est engagée à partager des doses et envoyer des fonds d'ici la fin 2021.
Le Président Emmanuel Macron a annoncé, lors du Sommet mondial sur la santé, que la France allouera 30 millions de doses de vaccin contre la COVID-19 d'ici la fin de l'année 2021. Cela augmente ainsi l'engagement initial annoncé lors de VAX LIVE de partager au moins 500 000 doses de vaccin d'ici la mi-juin, par le biais du mécanisme COVAX. Le président Macron a, en outre, déclaré que la France financerait l'Accélérateur ACT à hauteur de 500 millions d'euros afin de fournir des tests et des traitements contre la COVID-19 ainsi que d'autres outils aux pays qui en ont besoin.
6. L'Allemagne s'est engagée à fournir 30 millions de doses de vaccin.
La chancelière Angela Merkel a annoncé que l'Allemagne partagerait 30 millions de doses de vaccin contre la COVID-19 d'ici la fin de l'année 2021, marquant ainsi le premier engagement de l'Allemagne en matière de partage de doses.
Global Citizen exhorte tous les pays à revenu élevé à partager au moins un milliard de doses de vaccin contre la COVID-19 d'ici septembre.
7. Les Pays-Bas ont promis de verser 52 millions d'euros pour financer l'Accélérateur ACT.
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a déclaré que son pays contribuerait à hauteur de 52 millions d'euros au financement de l'Accélérateur ACT, qui fournit des outils pour faire face à la COVID-19 aux pays à faible revenu.
Malgré les nouveaux engagements pris par les chefs de gouvernement, lors du Sommet mondial sur la santé, en faveur du partage des vaccins contre la COVID-19 et des contributions financières, il faut aller plus loin pour mettre fin à la pandémie. En effet, il manque toujours 17,5 milliards de dollars pour combler le déficit de financement de l'Accélérateur ACT.
.@GlblCtzn CEO @HughCEvans is calling on world leaders to take 3 key actions to help end the pandemic. Join him by raising your voice in support of COVID-19 vaccines for all 👉https://t.co/nyGDhXMlPEpic.twitter.com/eoHLLxf3dL
— Global Citizen Impact (@GlblCtznImpact) May 21, 2021
Les États doivent élaborer une feuille de route internationale pour coordonner la livraison des vaccins contre la COVID-19 et vacciner, au moins, 70 % de la population mondiale dans les meilleurs délais. Il faut, en outre, une plus grande transparence quant aux délais de partage, de production et de livraison des doses de vaccin par les laboratoires pharmaceutiques.
Nombreux sont les pays qui se sont engagés à partager des vaccins contre la COVID-19 d'ici la fin de 2021, mais il est impératif qu'ils fassent don de doses de vaccin dès maintenant, à l'heure où les taux d'infection et les décès ne cessent de progresser dans des pays comme l'Inde et le Brésil. Le Groupe indépendant sur la préparation et la riposte à la pandémie (GIPR) et des ONG, dont Global Citizen, exhortent les pays à revenu élevé, en particulier ceux du G7, à partager un milliard de doses de vaccin d'ici septembre et deux milliards de doses d'ici la fin de l'année.
La semaine prochaine, les États membres de l'Union européenne se réuniront au Conseil européen pour examiner leurs priorités. Ils sont tenus de s'engager à renforcer leur coopération et à soutenir les efforts multilatéraux visant à mettre fin à la pandémie, avant que d'autres vies ne soient inutilement perdues.