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Le gouvernement philippin a déclaré mardi que le pays faisait face à une épidémie de rougeole, après la résurgence de près de 2 000 cas et 26 décès depuis janvier. Cette annonce intervient alors que 2,4 millions d’enfants philippins ne sont pas vaccinés contre la maladie.
À Madagascar, depuis octobre 2018, plus de 50 000 personnes ont été infectées par la maladie, un nombre inquiétant qui surpasse le nombre total de cas reportés sur le continent africain la même année. En Europe, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les cas de rougeole ont triplé entre 2017 et 2018.
À l’échelle mondiale, il semble y avoir une résurgence dangereuse de la rougeole qui met en danger des millions d’enfants. La hausse observée aujourd’hui est largement due à un nombre conséquent de personnes non vaccinées.
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Dans les pays en développement, un accès insuffisant aux soins de santé réduit le nombre de personnes qui peuvent accéder aux vaccins. Cette situation profite à la propagation rapide de maladies infectieuses comme la rougeole. Dans les pays développés, les services de santé sont souvent plus accessibles. Cependant, ces services souffrent de la remise en question de la sûreté des vaccins, notamment par le mouvement « anti-vaccin », qui, par la désinformation répandue à ce sujet, dissuade beaucoup de parents qui auraient autrement vacciner leurs enfants.
Aux États-Unis par exemple, l’État de Washington a été forcé de déclarer une situation d’urgence liée à la santé publique le mois dernier, suite à une épidémie de rougeole entraînée par un nombre croissant de parents réticents à faire vacciner leurs enfants.
« L’augmentation des cas de rougeole est très inquiétante, mais pas surprenante, a déclaré le Dr Seth Berkley, directeur exécutif de Gavi, l’Alliance du Vaccin, dans un communiqué de presse. « Après des années d’avancées, plusieurs phénomènes se conjuguent pour entraîner une résurgence mondiale de la rougeole : en Europe, un relâchement de la vigilance à l’égard de la maladie et la diffusion de fausses informations sur le vaccin ; au Venezuela, l’effondrement du système de santé ; en Afrique, des poches de fragilité et de faible couverture vaccinale ».
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La rougeole est une maladie très infectieuse qui affecte principalement les enfants. Bien qu’au début les symptômes soient difficiles à distinguer d’un rhume, ces symptômes peuvent rapidement s’accélérer, causer de l’encéphalite, de la surdité et même la mort.
Avant l’introduction du vaccin contre la rougeole en 1963, cette maladie était la principale cause de mortalité infantile à travers le monde. Aujourd’hui, la rougeole tue chaque année environ 100 000 personnes, dont la majorité sont des enfants.
Pour le personnel de santé, ce qui rend le sujet de la récente résurgence particulièrement épineuse est que l’action préventive contre cette maladie peut facilement être menée à l’aide de vaccins. Au tournant du 21e siècle, la hausse des taux de vaccination semblait prévoir une élimination éventuelle de la maladie.
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Cependant, les progrès qui ont été faits jusqu’à présent sont compromis.
L’OMS incite les pays à faire vacciner au moins 95 % de leurs citoyens afin de créer une « immunité grégaire », qui est un phénomène par lequel un pourcentage suffisamment élevé de personnes immunisées contre une maladie permet d’empêcher qu’elle ne se propage et débouche sur une épidémie.
Le taux de vaccination se situe en dessous de 50 % à Madagascar, et a récemment plongé en deçà de 60 % aux Philippines. Dans des pays comme les États-Unis ou l’Italie, les taux de vaccination sont en recul constant depuis des années.
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L’OMS et d’autres organisations de santé travaillent avec des pays touchés par des épidémies de rougeole afin de contenir la maladie. Ces organisations réclament des investissements plus importants à destination de moyens d’immunisation, plus de ressources allouées aux services de vaccination, ainsi que la réalisation de campagnes publiques de santé, pour lutter contre la propagation d’informations erronées.
« Il faut changer les stratégies actuelles en consacrant plus d’efforts à l’augmentation de la couverture vaccinale et au renforcement des systèmes de santé, a déclaré le Dr Berkley. Faute de quoi, les flambées épidémiques continueront de se succéder. »