La Grande barrière de corail, le plus vaste écosystème au monde, abrite plus de 400 espèces de coraux durs, 1 500 espèces de poissons et des dizaines d'autres espèces marines. Cette importante colonie sous-marine, qui s'étend sur plus de 340 000 kilomètres carrés, est plus grande que la surface de l'Italie.
Tous ces atouts sont toutefois menacés. Selon une nouvelle étude, la Grande barrière de corail a perdu 50 % de ses coraux au cours des 25 dernières années, principalement en raison du changement climatique.
Depuis le milieu des années 1990, la quasi totalité des coraux de la Grande barrière de corail ont décliné, selon les chercheurs du ARC Centre of Excellence for Coral Reef Studies au Queensland, en Australie. Les espèces de grande taille, telles que les coraux ramifiés et ceux en forme de table, sont les plus touchées ; elles ont pratiquement disparu des parties les plus septentrionales du récif.
« Ils se sont typiquement appauvris (à hauteur) de 80 % ou 90 % par rapport à il y a 25 ans, a déclaré à l'AFP le co-auteur de l'étude, Terry Hughes. Ils constituent les recoins dont dépendent les poissons et les autres créatures, donc la perte de ces grands coraux tridimensionnels modifie l'écosystème dans son ensemble. »
Le déclin de la santé du récif est en grande partie dû aux changements de température de l'océan qui nuisent à la santé des coraux. Lorsque les températures sont plus élevées, les coraux expulsent les algues de leurs tissus, ce qui entraîne des épisodes de blanchissement. Sans algues, le corail perd les couleurs vives qui le caractérisent, ainsi que sa principale source de subsistance, ce qui le rend plus vulnérable aux maladies et à la mort.
Les récifs sont capables de survivre aux épisodes de blanchissement, à condition que les dégâts ne soient pas trop importants et qu'on leur laisse suffisamment de temps pour se rétablir.
Mais comme le changement climatique a rendu ces phénomènes plus graves et plus fréquents, les coraux ont de plus en plus de mal à s'en remettre et à préserver l'incroyable biodiversité des récifs. Il faut environ 10 ans pour que « les espèces à croissance rapide se rétablissent à moitié », a déclaré M. Hughes. Au cours des cinq dernières années, la Grande barrière de corail a subi trois épisodes de blanchissement majeurs.
« Aucun événement climatique ne détruira à lui seul la Grande barrière de corail, mais chaque événement consécutif provoque plus de dégâts, a déclaré David Wachenfeld, responsable scientifique du Great Barrier Reef Marine Park Authority, au Guardian Australia. Sa capacité de résistance n'est pas illimitée et nous devons prendre des mesures aussi fermes que possible pour lutter contre le changement climatique. »
Le premier épisode de blanchissement de masse a été observé sur la Grande barrière de corail en 1998, année la plus chaude jamais enregistrée à l'époque. Depuis lors, le récif a connu cinq autres épisodes de blanchissement en 2002, 2006, 2016, 2017 et 2020 ; chacun d'entre eux étant causé par des températures exceptionnellement élevées à la surface de la mer durant la saison estivale.
L'événement le plus récent, qui a eu lieu au début de l'année 2020, est également le plus étendu jamais observé. Selon les observations aériennes effectuées fin mars sur plus de 1 000 récifs individuels, cet épisode est responsable d'un blanchissement important sur un quart de la Grande barrière de corail.
« Ma plus grande crainte, c'est que les gens perdent espoir envers le récif, a déclaré M. Wachenfeld. Les gens ont besoin de voir ces événements [de blanchissement] non pas comme des infos déprimantes qui s'ajoutent à d'autres infos déprimantes. Ce sont des signaux clairs que la Grande barrière de corail lance un appel à l'aide urgent et que nous devons faire tout notre possible. »
La survie des récifs coralliens, qui abritent la plus grande variété d'espèces au monde, est essentielle à la santé de la planète entière. Aujourd'hui déjà, la planète connaît un déclin drastique de sa biodiversité, avec une diminution de près de 70 % des populations animales, conséquence directe des activités humaines.
Les êtres humains ne sont pas épargnés par cette situation, car la biodiversité permet de préserver la vie humaine en fournissant de l'eau, de l'air et de la nourriture.
Afin d'éviter que les récifs coralliens et les espèces qu'ils abritent ne soient anéantis, les scientifiques conviennent que les pays doivent respecter les engagements pris dans le cadre des accords de Paris et maintenir le réchauffement climatique à moins de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels.