HandsAway est une application unique en son genre.
Créée en octobre 2016 en France, avant même que les mouvements #MeToo et #BalanceTonPorc ne gagnent en popularité, elle permet à ses utilisateurs de dénoncer les agressions sexuelles ou sexistes sur une plateforme gratuite et accessible depuis son smartphone. Via la géolocalisation, les victimes peuvent notamment alerter les autres utilisateurs au sujet de leur agression, tout en bénéficiant d’un soutien moral et psychologique procuré par leurs pairs. Le but : créer un havre de paix et un exutoire bienveillant où les victimes sont écoutées.
La fondatrice de l’application, Alma Guirao, a décidé de lancer le projet après avoir été sujette à une « énième agression sexuelle » dans le métro de Paris. Au-delà d’un simple « cri de colère », l’application est ensuite devenue une association de sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles, orientée vers les entreprises et le grand public.
« Alma toujours été convaincue qu’il fallait aborder les deux volets, a notamment déclaré Lucile Dupuy, cheffe de projet et responsable du développement de HandsAway, à Global Citizen. On a développé des modules de sensibilisation et de formation pour les entreprises et l’enseignement supérieur, et puis auprès du grand public, dans les festivals ou encore les collèges. »
Cette sensibilisation est d’autant plus importante qu’en France, les violences sexistes et sexuelles perdurent.
Selon un sondage réalisé par le Haut Conseil à l’Égalité entre les Femmes et les Hommes en 2017, 100% des utilisatrices de transports en commun en île de France ont déjà été victimes d’une agression sexiste ou sexuelle. En 2019, « année noire des féminicides », 149 femmes ont perdu la vie sous les coups de leur conjoints ou ex-compagnons.
Au cours des dernières années, une certaine conscience de l’ampleur du problème du sexisme a émergé en France avec l’adoption d’une loi contre le harcèlement le 3 août 2018. Celle-ci punit toute remarque, injure ou blague à caractère sexiste, considérées comme des « injures d’outrage sexiste ».
Mais il reste encore un long chemin à parcourir pour que le harcèlement et la violence sexuelle ne soient plus que de lointains souvenirs.
Le mois dernier, l’application HandsAway a d’ailleurs été victime de cyber-attaques : des centaines de messages sexistes ont paralysé la plateforme, la contraignant à suspendre ses services momentanément.
« Avec l'apparition du hashtag #Iwas, l’application a gagné en visibilité ... on est passé de 46 000 à 110 000 utilisateurs en 48 heures, ce qui a amené des personnes malveillantes, a expliqué Mme Dupuy à Global Citizen. On doit maintenant travailler sur une nouvelle version pour ajouter plus d’outils de modération ».
Alors que la plateforme se reconstruit, l’équipe de HandsAway envisage d’incorporer d’autres fonctionnalités, telles qu’un service de cartographie, qui permettrait aux victimes de repérer les lieux d’aide qui les entourent.
« On travaille depuis un an sur un projet qui consiste à recenser les associations d’accompagnement juridique et psychologique, directement sur la carte de l’application … Souvent, les victimes ne sont pas en état psychologique d’aller chercher l’information, ou pas suffisamment informées, ce qui crée des lacunes de communication », Mme Dupuy a affirmé.
Pour que ces nouvelles fonctionnalités soient accessibles en toute sécurité, l’organisation a cependant besoin de fonds et a récemment lancé appel aux dons. Avec la mobilisation des acteurs du privé et du grand public, Mme Dupuy espère que la V2 de la plateforme — sur laquelle travaillent d’arrache-pied des bénévoles — soit accessible dans les plus brefs délais.