Au cours de la dernière décennie, le taux de nouvelles infections par le VIH/sida a en fait augmenté dans 74 pays, selon les résultats d’une nouvelle étude réalisée par le réseau Global Burden of Disease présentée à la 21e conférence internationale sur le sida à Durban, en Afrique du Sud.
Alors que le taux de nouvelles infections dans le monde a diminué entre 2005 et 2015, les taux dans certains pays ont continuellement augmenté, nécessitant de meilleurs programmes de prévention pour mettre fin à l’épidémie de sida d’ici 2030.
Bien que le taux de déclin à l’échelle mondiale soit une bonne nouvelle, l'étude a également montré qu’un tel déclin a ralenti au cours de ces dernières années. Les nouvelles infections par le VIH ont diminué en moyenne de seulement 0,7 % par an entre 2005 et 2015, par rapport à une baisse de 2,7 % par an entre 1997 et 2005.
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« Si cette tendance de taux élevé de nouvelles infections persiste obstinément, il sera encore plus difficile de répondre à l‘Objectif de Développement durable de l’ONU de vaincre l’épidémie de sida dans moins de 15 ans » a déclaré le docteur Christopher Murray, directeur de l'Institut de métrologie sanitaire et d'évaluation (IHME). « Tous ceux oeuvrant dans la santé publique - les chercheurs, les décideurs, les praticiens, les sociétés pharmaceutiques, les partisans, et autres – doivent comprendre que même si plus de personnes vivent avec le VIH, nous ne pouvons pas vaincre le sida sans pour cela freiner les nouvelles infections. »
Les résultats de l'étude montrent toutefois des tendances positives. Il y a eu une baisse du nombre de décès résultant d'infections par le VIH à l’échelle mondiale. Le nombre de personnes recevant un traitement a également augmenté, passant de 6,4 % chez les hommes en 2005 à 38 % en 2015. Le taux de traitement chez les femmes était encore plus élevé avec une augmentation de près de 40 % au cours de la même période.
Cependant, ces statistiques sont encore loin d’atteindre la cible de traitement à l’échelle mondiale pour mettre fin à l’épidémie de sida.
L'ONUSIDA a fixé une cible ambitieuse : 90:90:90 pour aider à mettre fin à l’épidémie de sida. Celle-ci fait appel à 90 % des personnes vivant avec le VIH de connaître leur statut sérologique; à 90 % de toutes les personnes infectées par le VIH de recevoir un traitement antirétroviral durable, et à 90 % des personnes recevant un traitement antirétroviral d’avoir une charge virale durablement supprimée d’ici 2020. Selon les taux actuels de l’étude, il serait impossible d’atteindre de tels objectifs.
« Cette étude montre que l'épidémie de sida n’est en aucun cas terminée et qu’elle demeure l’une des plus grandes menaces pour la santé publique de notre époque », a déclaré le professeur Peter Piot, directeur de la London School of Hygiene and Tropical Medicine et directeur fondateur de l'ONUSIDA. Le taux annuel continuellement élevé de plus de 2 millions de nouvelles infections par le VIH représente un échec collectif auquel on doit répondre par une intensification des efforts de prévention et un investissement continu dans la recherche pour le vaccin contre le VIH. »
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Le docteur Piot a également souligné l'urgence de la situation étant donné la croissance rapide de la population d'aujourd'hui.
« Le fardeau de la maladie est encore énorme », a-t-il soutenu. « Certains pays d'Afrique connaissent la plus forte croissance démographique dans le monde, et nous comptons là les plus grandes cohortes d’adultes et d’adolescents sexuellement actifs. »
Plus de 75 % des nouvelles infections enregistrées en 2015 à travers les pays touchés à l'étude ont eu lieu en Afrique subsaharienne, et sont en corrélation directe avec le taux de croissance démographique.
Malgré l’augmentation du nombre d'infections, plus de personnes infectées par le VIH/sida vivent plus longtemps. L’IHME estime qu'il y avait environ 39 millions de personnes vivant avec le VIH dans le monde en 2015, soit une augmentation de
28 millions par rapport à l’an 2000.
« Nous gardons les gens en vie plus longtemps, et ces chiffres devraient donner à ceux utilisant [le traitement] beaucoup d'espoir », a déclaré le docteur Haidong Wang, professeur agrégé à l’IHME et auteur principal de l'étude.
Ces estimations de l'étude sont clés pour renforcer le respect des engagements pris par les politiciens et les décideurs en ce qui concerne les cibles visées et les améliorations particulières au VIH.
Cette étude montre également que des efforts plus efficaces sont nécessaires pour combattre le nombre croissant d'infections, ainsi qu’un financement supplémentaire de tels efforts.
En travaillant ensemble pour maintenir l'engagement de vaincre le sida d'ici 2030, nous pourrons réaliser des progrès tangibles pour atteindre l'objectif de mettre fin à cette épidémie à l’échelle mondiale.