L'horrible découverte de 215 corps dans un ancien pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique, a remis en lumière la lutte que mènent actuellement les peuples autochtones du Canada. Dans le sillage de cette tragédie, la couverture médiatique et la dénonciation politique de l'héritage des pensionnats se sont intensifiées, encourageant les Canadiens à réfléchir à ce chapitre cruel et déchirant de l'histoire de leur pays.
Toutefois, il est important de se rappeler que la lutte pour les droits des Autochtones est d'une ampleur considérable qui transcende de loin la question des pensionnats. En particulier, la lutte pour la souveraineté et les droits humains dans les communautés autochtones s'est avérée être une question complexe et de longue haleine qui peine à être reconnue par le grand public.
Les Canadiens peuvent apporter une contribution importante en s'informant sur la question des droits des autochtones et en se mobilisant. Voici cinq choses que vous pouvez envisager de faire dès maintenant en tant qu'allié.
1. Faites preuve de compassion et d'introspection alors que les communautés autochtones traversent une période de deuil et de commémoration.
La découverte récente de restes humains dans l'ancienne école de Kamloops évoque le fait que des générations d'Autochtones ont été privées de leurs droits fondamentaux et de leur dignité. Elle a également mis en évidence le fait que la violence et les traumatismes ne sont pas seulement des faits historiques, mais qu'ils constituent une lutte constante à laquelle nous devons faire face.
Il est essentiel de reconnaître que les communautés autochtones portent en elles des souvenirs douloureux. En tant qu'allié, votre rôle est de soutenir les réactions des personnes concernées, qui peuvent aller de la colère au chagrin, en évitant de les catégoriser systématiquement. Optez plutôt pour l'écoute et le respect des communautés autochtones, qui s'efforcent de surmonter le deuil lié aux pensionnats et aux autres legs coloniaux.
2. Renseignez-vous sur les pensionnats à travers les récits des survivants.
Au-delà des atrocités révélées par la découverte du site de Kamloops, le triste rappel des abus commis dans les pensionnats nous oblige tous à nous pencher sérieusement sur la façon dont ces institutions ont vu le jour, comment elles ont été financées et entretenues pendant des décennies, puis maintenues par les églises et les gouvernements longtemps après que leur atteintes aux droits humains aient été largement reconnues.
Bien qu'il existe une pléthore de livres et d'articles sur le sujet, les récits des survivants sont l'un des meilleurs moyens de comprendre les questions relatives aux droits des Autochtones. En les écoutant, vous pourrez découvrir certaines des causes sous-jacentes de ces traumatismes et comprendre comment faire évoluer les choses. Les entretiens menés par des survivants sont vivement recommandés car ils fournissent les récits les plus proches des faits. Ils offrent également une perspective historique solide, telle qu'elle a été racontée et vécue par les survivants eux-mêmes.
Comme point de départ, l'Assemblée des chefs mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse recommande de regarder le film We Were Children. Pour en savoir plus sur l'expérience d'une communauté particulière, repérez un organisme local qui conserve des films d'archives et des photos de survivants.
Vous pouvez également consulter la section des récits du site Web de la Commission de vérité et de réconciliation (CVR) pour y lire de poignants témoignages.
3. Lisez (et relisez) le rapport final de la Commission Vérité et Réconciliation.
Le rapport final de la CVR est une lecture douloureuse mais nécessaire. Publié en juin 2015, le document révèle les séquelles atroces du système des pensionnats, qui a fonctionné pendant près d'un siècle et contraint des dizaines de milliers d'enfants des Premières Nations à quitter leur famille et leur communauté.
Le document passe également en revue les effets persistants des pensionnats et propose des recommandations pour aller de l'avant. Avec un total de 94 appels à l'action pour les administrations fédérales, provinciales et territoriales, les organisations, les écoles et les particuliers, il s'agit de l'une des ressources les plus remarquables pour instruire les Canadiens et examiner en profondeur les injustices subies par les communautés des Premières Nations.
Vous pouvez lire le rapport complet ici.
4. Soutenez des artistes, des entreprises, des journalistes et des militants autochtones.
Si vous souhaitez soutenir le processus de réconciliation et d'autodétermination des communautés autochtones et en apprendre davantage sur leurs droits, vous pouvez envisager d'aider ceux qui travaillent déjà depuis longtemps sur ces questions.
Cela implique de soutenir les organisations artistiques et culturelles locales qui créent des espaces dédiés à la mise en valeur des artistes, journalistes et créateurs autochtones. Il s'agit également de donner du pouvoir aux entreprises autochtones qui offrent des possibilités de développement économique et des moyens concrets de sortir de la pauvreté.
Si vous en avez la possibilité, pensez à acheter des produits fabriqués par des Autochtones. Bien que les produits artisanaux soient un peu plus chers que ceux fabriqués à grande échelle, votre contribution aura un impact plus important sur les personnes qui les commercialisent.
Si vous êtes en mesure d'offrir votre temps, vos compétences et vos connaissances, envisagez de soutenir des créateurs et des entreprises autochtones. Vous pouvez par exemple vous porter volontaire dans une école, une bibliothèque ou un centre de proximité qui apporte un soutien aux jeunes et aux membres de la communauté autochtone.
5. Faites un don aux organisations autochtones qui œuvrent au niveau local pour combattre la pauvreté, le racisme et le colonialisme.
Enfin, vous pouvez contribuer à des organisations dirigées par des Autochtones afin de soutenir et d'habiliter ceux qui fournissent de la nourriture, un abri et un soutien juridique aux communautés des Premières Nations dans tout le pays.
La Orange Shirt Society, par exemple, a pour mission d'aider les communautés autochtones à surmonter les séquelles des pensionnats. Son travail s'articule autour de l'idée qu'un « nouveau chandail orange » permet de mieux affronter le fardeau émotionnel qui découle d'années d'oppression systémique. Un soutien financier peut grandement aider l'organisation à poursuivre sa mission par le biais de partage de ressources.
Vous pouvez également envisager de faire un don à l'Indian Residential School Survivors Society. Cette organisation donne aux survivants du système des pensionnats une plateforme officielle pour partager leurs récits. Non seulement elle contribue à sensibiliser les Canadiens à l'ampleur de l'oppression subie par les communautés autochtones, mais elle apporte également un soutien financier à ceux qui ont été directement touchés.
Parmi les autres initiatives à soutenir, citons également la Fondation Legacy of Hope, la First Nations Child and Family Caring Society, ainsi que les programmes de revitalisation de la langue, de la culture et de la terre des Premières Nations. Pour un aperçu plus complet, consultez cette liste proposée par IndigiNews.