Le mois de juin est le Mois national de l'histoire autochtone, une occasion de célébrer la culture et les contributions des Premières nations, des Inuits et des Métis du Canada. Trop souvent, les personnalités qui composent la riche histoire de ces communautés sont éclipsées par leurs homologues coloniaux.
Cette année, nous mettons en lumière des personnalités influentes et des activistes d'origine autochtone qui se frayent leur propre chemin dans la société.
Qu'ils œuvrent dans le domaine de l'activisme ou de l'art, ces avant-gardistes franchissent les obstacles auxquels se heurtent les Autochtones dans tout le pays. Qu'il s'agisse du travail artistique saisissant de Christi Belcourt ou de la musique entraînante de Tanya Tagaq, voici une liste de ces personnalités émergentes que vous devriez suivre sans tarder.
1. Tanya Tagaq
Chanteuse de gorge et compositrice canadienne, Tanya Tagaq est connue pour sa voix puissante que l'on compare à Björk et Janis Joplin. Depuis ses débuts fracassants avec Animism en 2009, la musicienne inuk a effectué des tournées dans le monde entier, collaborant entre autres avec le Kronos Quartet.
L'art de la chanteuse s'articule autour des questions autochtones et de l'identité, combinant les formes traditionnelles de chant guttural et la musique électronique expérimentale. N'ayant jamais peur de s'exprimer, elle se sert de sa voix pour défendre les droits des peuples autochtones au Canada, en utilisant souvent les réseaux sociaux comme plateforme d'activisme.
2. Notorious Cree
Originaire de la nation Tallcree, Notorious Cree (James Jones), est un danseur de cerceaux traditionnels qui puise dans le pouvoir des médias sociaux pour faire entendre la voix des Autochtones.
Cet homme de 34 ans, dont les interprétations s'inspirent d'un mélange de hip-hop et de culture traditionnelle crie, a déjà rassemblé des millions d'adeptes.
Parmi ses succès figure sa version de « Blinding Lights », tube de l'artiste canadien The Weeknd, postée sur TikTok aux débuts de la pandémie de COVID-19. Notorious Cree a également bénéficié d'une reconnaissance internationale pour son contenu créatif et dynamique, avec des prestations récentes à Coachella et à l'Opéra de Sydney.
3. Autumn Peltier
Autumn Peltier n'avait que 8 ans lorsqu'elle a prononcé son premier discours en faveur de l'accès à l'eau potable dans les réserves autochtones du Canada. Depuis, l'adolescente de la Première Nation Wikwemikong est devenue une porte-parole mondiale de cette cause, portant ce message lors de la conférence de la Journée de l'eau des Nations Unies en 2018.
Son activisme de renommée mondiale lui a déjà valu plusieurs distinctions. Plus récemment, elle a été nommée commissaire en chef de l'eau par la nation Anishinabek après avoir été nominée pour un Prix international de la Paix des Enfants trois années consécutives.
4. Shina Novalinga
La chanteuse de gorge inuite Shina Novalinga a fait sensation sur TikTok en postant une interprétation d'une chanson traditionnelle en compagnie de sa mère, Caroline, en mars 2020. Depuis, son compte a amassé plus de 2 millions d'abonnés, nourrissant un espace où la culture et les traditions inuites peuvent prospérer sur la plateforme.
L'étudiante montréalaise de 22 ans a depuis continué à partager ses œuvres inédites avec des variations uniques de sons populaires sur TikTok, tout en collaborant avec d'autres créateurs autochtones.
5. Shayla Oulette Stonechild
La culture du bien-être et du yoga a connu un immense essor au cours des dernières années ; mais en tant que femme des Premières nations, Shayla Stonechild y apporte une perspective unique.
Établie à Vancouver, cette instructrice de yoga originaire des Cris des Plaines s'emploie activement à créer un espace pour les femmes autochtones et les femmes racisées dans le domaine du bien-être.
Fondatrice du Matriarch Movement, une organisation à but non lucratif qui œuvre à l'autonomisation des femmes racisées par le biais d'ateliers, elle a été saluée au niveau international comme l'une des 20 premières professeures de yoga racisées à suivre. Elle anime également un podcast du même nom, dans lequel elle explore régulièrement des sujets à la croisée de la médecine, de la spiritualité et de la guérison éclairée par la notion de traumatisme.
6. Ta'Kaiya Blaney
La destruction de l'environnement est un sujet épineux en Colombie-Britannique, où la pollution affecte les communautés autochtones de manière disproportionnée. Parmi elles figure la Première Nation Tla'Amin, où vit Ta'Kaiya Blaney. Cette dernière est devenue une championne de la cause et une farouche opposante à l'exploitation des ressources de sa communauté.
L'adolescente militante a pris position contre la destruction des terres de son peuple, en participant à la conférence de Paris sur le climat, à Idle No More et à Occupy Wall Street. Elle est également intervenue dans les salles de classe à travers le pays pour sensibiliser les jeunes Canadiens à la crise climatique et à l'exploitation de l'environnement.
7. Larissa Crawford
Chercheuse émérite, artiste et activiste aguerrie en matière de changement climatique, la jeune femme d'origine Métis et jamaïcaine est la fondatrice de Future Ancestors Services, une « entreprise sociale de services professionnels dirigée par des jeunes et gérée par des membres des communautés autochtones et noires qui fait progresser la justice et l'équité climatiques par le biais de l'antiracisme et de la responsabilité ancestrale ».
Désignée par le gouvernement du Canada comme l'une des dix personnalités influentes à suivre en 2020, Larissa Crawford s'appuie sur l'idée de souveraineté autochtone et d'héritage ancestral afin de guider nos actions futures.
En s'attaquant aux obstacles systémiques à la justice climatique, son organisation a mobilisé plus de 39 000 dollars pour des initiatives dirigées par les communautés et axées sur la décolonisation. Elle a également pris part au sommet du G7 en 2018 et à de nombreux panels à travers le monde, où elle a remis en question le statu quo en matière d'action et de défense climatique.
8. Christi Belcourt
L'art et l'activisme sont souvent explorés en tandem, mais la perspective unique de Christi Belcourt les transcende complètement. Artiste visuelle Métis de l'Alberta, elle n'a pas peur d'examiner les aspects les plus sombres de l'histoire du Canada, en se penchant sur les expériences des peuples autochtones et en explorant des sujets tels que la biodiversité, l'environnement et bien plus encore.
Son travail s'inspire de l'histoire coloniale canadienne et des récits de déracinement, de violence, de survie et de guérison. L'artiste emploie des matériaux multiples, dont l'argile, le cuivre et la laine.
En 2011, elle a conçu une œuvre en vitrail intitulée « Giniigaaniimenaaning » en l'honneur de la force et de la résilience des survivants des pensionnats.
Un an plus tard, elle a dévoilé « Walking With Our Sisters », un projet commémoratif qui se veut un témoignage visuel des femmes autochtones disparues et assassinées au Canada. L'exposition, qui comprenait plus de 1 800 paires de mocassins, a été déployée au Canada et aux États-Unis de 2012 à 2019.
9. Sage Paul
La mode est une forme importante d'expression personnelle ; c'est pourquoi Sage Paul contribue à rehausser le rôle des vêtements autochtones traditionnels aux yeux du public.
Fervente partisane de la valorisation de l'identité culturelle et créative, Sage Paul est aujourd'hui une styliste reconnue et une pionnière d'un mouvement de mode autochtone en plein développement.
L'artiste tskwe urbanDenesuliné est membre fondatrice et directrice artistique de la Semaine de la mode autochtone de Toronto. Elle a également participé à des conférences sur la mode autochtone au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et ailleurs dans le monde. Ses créations visent à diversifier le monde de la mode en mettant en lumière le récit intergénérationnel de la confection textile, tout en créant un espace où l'artisanat autochtone peut s'épanouir.
10. Nanook Gordon
Au début de la pandémie de COVID-19, de nombreuses initiatives locales ont vu le jour au Canada pour lutter contre les conséquences de la crise.
Parmi celles-ci figure Toronto Indigenous Harm Reduction (TIHR), un collectif autochtone queer et bispirituel cofondé par Nanook Gordon, designer, sérigraphe et responsable communautaire inuvialuk. Le collectif, dont l'objectif est d'offrir des programmes de lutte contre les mauvais traitements dans la ville, n'a jamais reculé devant les questions de racisme, de patriarcat et de colonisation. L'organisme s'est également engagé envers les membres de la communauté LGBTQ+. Avec l'aide de bénévoles, Nanook Gordon, qui s'identifie comme non-binaire, a pu offrir des services de soutien sanitaire et de dépistage COVID-19, des équipements de protection individuelle (EPI), des outils de réduction des risques, des médicaments traditionnels et de la nourriture aux communautés vulnérables de la ville.
L'activiste envisage désormais d'ouvrir un studio et une galerie d'art autochtone pour soutenir la communauté artistique autochtone de Toronto.