Cet article a été mis à jour le 16 septembre pour refléter l'engagement de l'Allemagne à reloger un nombre accru de réfugiés.
Les pays de l’Union européenne (UE) se disent prêts à venir en aide aux migrants affectés par le tragique incendie survenu à Moria la semaine dernière.
Alors que près de 13 000 personnes, dont 4 000 enfants, sont aujourd’hui sans abri suite à cette catastrophe qui a réduit le camp surpeuplé en cendres, le ministre de l’Intérieur allemand Horst Seehofer a affirmé que l’UE jouerait son rôle pour accueillir les rescapés.
Le 10 septembre, le président français Emmanuel Macron avait échangé avec chancelière allemande Angela Merkel pour confirmer que leurs pays pourraient accueillir certains des migrants rescapés de l’incendie. Si des « discussions » étaient en cours avec les autres pays de l’UE, les contours de ce plan n’étaient à l’époque pas connus.
Lors d’une conférence de presse tenue le 11 septembre en compagnie du vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas, M. Seehofer a annoncé que 400 migrants non-accompagnés seront prochainement répartis à travers 10 pays de l’UE, dont l’Allemagne, qui en accueillera 150. Quelque 1 600 migrants supplémentaires seront relogés temporairement à bord d’un ferry sur l’île de Lesbos, rapporte également le Guardian.
Le 15 septembre, l'Allemagne a décidé de reloger 1 553 personnes, au lieu des 150 initialement prévues, soit 408 familles avec enfants déjà reconnues comme réfugiées par la Grèce, selon le New York Times.
Dans un entretien accordé au Parisien, le secrétaire d’État aux Affaires Européennes Clément Beaune a confirmé cet engagement, en affirmant que la France prendrait en charge une centaine de migrants « dans les prochains jours ».
D’autres pays, tels que la Croatie, la Slovénie, le Luxembourg, le Portugal, la Suisse et la Belgique devraient également admettre d’autres rescapés, selon la BBC. La Finlande ouvrira ses portes à 11 migrants, et les Pays-Bas ont quant à eux accepté d’en accueillir une centaine. L’État néerlandais réduira toutefois en contrepartie le nombre requérants d’asile accueillis sous l’égide d’autres programmes migratoires des Nations Unies, rapporte Dutch News.
Ces mesures ne concernant toutefois que les migrants mineurs non-accompagnés, un grand nombre d’enfants sont toujours à risque au lendemain de l’incendie. De nombreuses organisations et membres de la société civile continuent donc d’appeler les pays européens à redoubler d’efforts face à ce qu’ils estiment être une « honte » pour l’UE.
Des milliers de manifestants ont ainsi défilé dans les rues de Berlin et d’Hambourg pour faire part de leur mécontentement, tandis que des parlementaires allemands ont invité le gouvernement à accueillir 5 000 réfugiés à travers le pays. Ces appels à la solidarité mondiale ont également trouvé leur écho aux Pays-Bas, où 119 municipalités ont proposé d’accueillir 500 enfants.
Malgré ces appels à l’action, certain pays, comme l’Autriche, refusent de prêter refuge aux rescapés de l’incendie.
Des associations, dont Amnesty International et Terre des Hommes, ont quant à elles fait part de leur indignation dans une lettre ouverte adressée à la chancelière allemande. Au-delà d’accueillir des migrants, elles ont invité le gouvernement allemand à tirer parti de sa présidence à l’UE pour initier un véritable « changement de paradigme » en matière de politique migratoire.
« Une catastrophe de cette ampleur ne peut être contrée par des solutions minimales — comme le transfert de 400 mineurs non-accompagnés vers la Grèce continentale, se sont indignées les associations dans la lettre. La situation honteuse dans le camp et le désastre du feu sont le résultat direct de l'échec de la politique européenne en matière de réfugiés — l'UE doit maintenant aider les personnes touchées ! »
Ces revendications ne sont pas nouvelles, puisque des organisations non gouvernementales (ONG) tentaient déjà d’attirer l’attention des dirigeants mondiaux sur les conditions de vie des migrants — y compris à Moria — bien avant l’incendie. Le 7 septembre, un jour avant que l’incendie ne survienne, plusieurs d’entre elles ont notamment installé 13 000 chaises vides devant le Reichstag pour alerter les autorités allemandes du surpeuplement à Moria.
À la fin du mois, l’UE doit dévoiler des propositions en vue de l’adoption d’un nouveau pacte européen en matière d’asile et de politiques migratoires. Cinq ans après la survenue de la crise migratoire qui a secoué le continent, ce pacte est très attendu, mais la question du Royaume-Uni se pose toujours. En effet, les lois européennes qui protègent les mineurs non-accompagnés prendront fin le 31 décembre prochain avec le Brexit — un horizon inquiétant pour plusieurs organisations de défense qui réclament elles aussi une réforme sérieuse de la politique migratoire britannique, comme le souligne le Guardian.