Le cinquième variant de la COVID-19 à être classé comme préoccupant a été nommé le 26 novembre : Omicron.
Vous vous demandez peut-être pourquoi la nouvelle souche porte un nom similaire à celui des super-vilains de Marvel et, non, cela n'a rien à voir avec ses pouvoirs extraordinaires. Selon le New York Times, l'Organisation mondiale de la santé a simplement décidé de nommer les variants importants d'après des lettres grecques afin d'éviter toute confusion, de prévenir la discrimination et la stigmatisation, et de rationaliser le discours public.
D'une part, le mot Omicron reste gravé dans la mémoire. D'autre part, il y a encore beaucoup de confusion autour de la menace potentielle d'Omicron, comme le montre la réaction non scientifique des gouvernements du monde entier qui ont immédiatement imposé des interdictions de voyage dès qu'ils ont découvert son existence.
Il reste encore beaucoup de travail à faire pour déterminer la transmissibilité, la gravité et la capacité de résistance immunitaire d'Omicron, selon The Conversation. Mais il y a beaucoup de choses que nous savons et pouvons déduire sur le virus en nous basant sur les principales connaissances scientifiques et de santé publique disponibles, ce qui peut guider notre action dans les semaines et les mois à venir.
"Plus que tous les humains avant nous, nous avons la capacité d’anticiper les pandémies, de nous y préparer, de décoder les aspects génétiques des agents pathogènes, de les détecter aux premiers stades, de les empêcher de se muer en catastrophes mondiales et de riposter lorsque c’est le cas.", a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, chef de l'Organisation mondiale de la santé, lors d'un point de presse lundi au sujet du variant Omicron.
"Et pourtant, nous voici, nous apprêtant à entrer dans la troisième année de la pire crise sanitaire jamais connue en un siècle, incapables de nous défaire de son emprise.", a-t-il ajouté. "Ce fléau, que nous pouvons prévenir, détecter et traiter – continue de faire planer une menace diffuse sur le monde."
Voici ce que nous savons pour l'instant.
Qu'est-ce que le variant Omicron ?
Le virus de la COVID-19 est en constante évolution car il cherche à échapper aux réponses immunitaires humaines et à infecter davantage de personnes, mais la plupart de ses mutation sont sans conséquence. De temps à autre, un variant de la maladie émerge et justifie qu'on s'y intéresse de plus près. Omicron est la dernière évolution de ce type, après Delta, Gamma, Beta et Alpha.
Des épidémiologistes sud-africains ont séquencé la souche Omicron et ont fait part de leurs conclusions à l'OMS le 24 novembre, soulignant qu'elle contient plus de 30 mutations dans les protéines de pointe du virus, qui lui permettent de pénétrer et d'infecter les cellules. Cette variante a été découverte pour la première fois au Botswana.
3 choses à savoir sur le variant Omicron de la COVID-19
Omicron a été signalé pour la première fois au Botswana, puis en Afrique du Sud, mais s'est depuis étendu à plus d'une douzaine de pays.
Ce variant présente un nombre inhabituellement élevé de mutations, mais cela ne nous dit pas grand-chose sur ses effets sur le corps humain.
Certains pays ont décrété des interdictions de voyage en provenance d'Afrique du Sud, ce que certains scientifiques ont qualifié de "réaction instinctive". Pour contenir le variant Omicron, les mêmes règles s'appliquent que pour tout autre variant : équité vaccinale, accès universel aux traitements, aux masques et des mesures de réduction de la pauvreté.
Comment Omicron se distingue-t-il des autres souches par ses effets sur notre organisme ?
Les premiers rapports suggèrent que les personnes infectées par le variant Omicron présentent des symptômes similaires à ceux de la grippe - fatigue et maux de tête et de corps - tandis que les personnes atteintes du variant Delta font souvent état de faibles niveaux d'oxygène, d'un pouls élevé et d'une perte de l'odorat et du goût, selon Bloomberg.
Il s'agit toutefois de rapports préliminaires, et une idée plus précise se dégagera au fur et à mesure de l'arrivée de nouvelles données. Rien n'indique qu'Omicron provoque des symptômes plus dangereux que les autres souches, mais il est possible qu'il soit plus transmissible.
Où le variant Omicron a-t-il été découvert ?
Le variant Omicron a été trouvé en Autriche, en Belgique, au Botswana, au Canada, en République tchèque, au Danemark, en Allemagne, à Hong Kong, en Israël, en Italie, aux Pays-Bas, au Portugal, en Afrique du Sud et au Royaume-Uni.
L'OMS prévient que le virus pourrait bientôt être présent dans tous les pays du monde, ce qui prolongerait encore la pandémie, mettrait en danger les populations vulnérables et aggraverait les inégalités.
Comment les pays y répondent-ils ?
Les experts en santé publique ont exhorté les pays à ne pas décréter d'interdiction de voyage, car le variant Omicron s'est propagé et se propagera de toute façon au-delà des frontières, et les interdictions de voyage stigmatisent et nuisent inutilement aux pays concernés.
Néanmoins, des dizaines de gouvernements ont restreint les voyages en provenance des pays d'Afrique australe, une mesure critiquée par le président sud-africain Cyril Ramaphosa.
"La seule chose que l'interdiction de voyager fera, c'est de déstabiliser encore plus les économies des pays touchés et de compromettre leur capacité à répondre à la pandémie et à s'en remettre", a-t-il déclaré dans un discours prononcé dimanche.
De nombreux gouvernements surveillent activement les vols en provenance d'Afrique du Sud, soumettent les voyageurs à bord à des tests et exigent que ceux dont le test est positif soient mis en quarantaine. Les gouvernements ordonnent également des mesures de santé publique plus strictes, telles que l'extension des exigences en matière de masques et de vaccins et la restriction des rassemblements en intérieur.
Omicron est devenu la souche COVID-19 dominante en Afrique du Sud, mais le ministre de la Santé du pays a appelé la population et les dirigeants mondiaux à ne pas paniquer et à travailler ensemble pour mieux connaître et contenir ce variant.
C'est un point important qu'il ne faut pas négliger : le refus permanent des pays riches d'aider les pays à faible revenu à avoir accès aux vaccins et aux traitements a sans doute créé les conditions favorables à l'émergence d'Omicron.
Le nationalisme vaccinal est critiqué depuis la commercialisation des vaccins, mais très peu de progrès ont été réalisés sur cette question, notamment parce que des pays comme l'Allemagne et les États-Unis soutiennent les brevets et les droits de propriété intellectuelle sur les vaccins détenues par les géants pharmaceutiques qui bloquent une production massive et équitable des vaccins. L'assouplissement de ces règles dans le cadre de ce que l'on appelle une dérogation ADPIC permettrait d'accroître considérablement la disponibilité de vaccins efficaces, ce qui aiderait une plus grande partie du monde à lutter contre le COVID-19 et à prévenir des maladies graves et des décès.
Lundi, un groupe de 2,5 millions de professionnels de la santé a demandé instamment aux pays de suspendre temporairement les règles relatives aux brevets sur les vaccins afin de remédier à l'inégalité manifeste de l'accès aux vaccins. Les groupes de santé publique et de défense des droits de l'homme affirment depuis longtemps que la pandémie ne sera jamais éradiquée tant que les vaccins ne seront pas universellement disponibles.
"En tant que professionnels de première ligne, nous sommes bien placés pour témoigner de la violation du droit de toute individu à pouvoir bénéficier du meilleur état de santé physique et mentale possible en raison de l'impact d'une dérogation ADPIC COVID-19 retardée", prévient la lettre.
Que peuvent faire les gouvernements pour contenir le variant Omicron ?
L'OMS a établi un plan d'action que les pays doivent suivre.
En ce qui concerne les informations sur le variant, les pays doivent renforcer la surveillance et le séquençage du virus et partager les données sur les cas individuels et les clusters avec les bases de données publiques pour permettre une surveillance mondiale. Les pays doivent également consacrer des ressources à l’analyse des caractéristiques et des effets du variant Omicron afin de déterminer si les vaccins et les traitements existants restent efficaces.
En ce qui concerne la lutte contre le virus, les experts affirment que nous devons adopter des approches fondées sur la science. Avant tout, il s'agit de fournir des vaccins à toutes les personnes éligibles, en particulier aux populations à risque.
Les pays doivent également continuer à fournir une aide économique aux communautés afin que les gens puissent s'isoler sans connaître les difficultés de la pauvreté.
Les pays doivent travailler ensemble pour contenir et vaincre la COVID-19. Cela implique de partager les vaccins et les traitements, de veiller à ce que tous les systèmes de soins de santé disposent des ressources et du personnel adéquats, et de fournir une aide essentielle aux pays qui souffrent des répercussions économiques.
Que puis-je faire pour rester en sécurité ?
Les meilleurs moyens de se protéger contre le COVID-19 sont bien connus : faites-vous vacciner si vous le pouvez, portez un masque dans les lieux publics, lavez-vous régulièrement les mains, évitez les grands rassemblements et faites-vous tester si vous avez des symptômes. Si votre test est positif, isolez-vous des autres, alertez les personnes avec lesquelles vous avez été en contact récemment, reposez-vous et hydratez-vous régulièrement, et consultez un médecin si votre taux d'oxygène chute ou si votre état de santé se détériore.