Début 2020, la pandémie de COVID-19 était présentée comme le « grand égalisateur » transcendant les classes. La situation semblait de plus en plus décourageante au fur et à mesure que le nombre de cas grimpait et que le taux de mortalité faisait la une des journaux. Nul n’était à l’abri ,et l’humanité entière était dans la même situation. Mais pourquoi les inégalités sont-elles aujourd’hui toujours aussi présentes qu’avant ?

Le monde espérait assister à un grand changement lorsque les pays commenceraient à se remettre sur leurs pieds. Les enfants retournent à l’école, les bureaux et les entreprises rouvrent leurs portes, mais la situation depuis ce retour à la normale ne semble pas si différente.

« Le grand égalisateur » a prouvé (et même exacerbé) les profonds déséquilibres présents à travers la planète. On pensait que la COVID-19 permettrait aux peuples de s’unir, mais dans certains cas, ils sont à présent encore plus divisés qu’avant.

La pandémie a pourtant présenté de nombreuses occasions de retisser les liens internationaux, de soigner la planète, de promouvoir l’égalité d’accès à l’éducation, de vaincre la pauvreté.

Les milliardaires se sont enrichis alors que des citoyens luttaient pour conserver leur logement. Des millions d’enfants du monde entier risquent de ne pas recevoir d’éducation. Les pays les plus défavorisés sont encore affectés par les inégalités vaccinales : environ 0,3 % des vaccins seulement ont été administrés dans les pays à faible revenu.

Mais il n’est pas trop tard pour passer à l’action. Il existe encore de nombreux moyens pour continuer à faire pression en vue d’un changement. Nous avons vu ce que les pays peuvent faire en cas de crise et nous savons qu’ils peuvent faire encore plus.

Voici cinq secteurs dans lesquels nous avons gâché le potentiel de la reprise post-pandémie (et comment vous pouvez encore passer à l’action).

1. Environnement

Alors que le monde était à l’arrêt au début de la pandémie, certaines bonnes nouvelles ont vu le jour. Certes, les internautes ont ironisé sur le caractère temporaire de la guérison de la planète, mais le confinement mondial a tout de même eu des effets positifs réels sur l’environnement.

Lorsque la planète s’est mise en pause, le trafic aérien a chuté de 50 %. N’ayant nulle part où aller, les Britanniques ont réduit de 70 % le trafic automobile du pays, selon la BBC. Autre information, la revueNature a déclaré que les émissions mondiales de gaz à effet de serre avaient baissé de 6,4 % en 2020. Parallèlement, les habitants du Népal et du Nord de l’Inde ont pu apercevoir le sommet de l’Himalaya pour la première fois depuis des décennies. Dans un autre registre, des ours, des lynx et des coyotes ont été aperçus dans le parc national de Yosemite, profitant de l’absence des visiteurs.

La pandémie de COVID-19 et les confinements successifs ont donc permis d’apercevoir une lueur d’espoir pour l’environnement. La question se posait alors : combien de temps cela allait-il durer ? Nous avons aujourd’hui la réponse : environ un an. L’assouplissement progressif des confinements a permis aux pays de se relever et certains affirment même que les émissions de gaz à effet de serre au sortir du dernier confinement ont été plus importantes que celles enregistrées en 2019.

Les analyses des effets de la pandémie sur l’environnement sont en majorité décevantes, mais elles montrent aussi comment nous pouvons faire mieux que pendant les confinements.

Alors que pouvons-nous faire à présent que nous savons plus ou moins à quoi ressemblerait le monde si l’humanité ralentissait ? Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations unies (GIEC) nous donne la réponse : il faut au minimum atteindre la neutralité carbone et réduire les autres émissions de gaz à effet de serre.

Il est donc temps de passer à la vitesse supérieure et de mettre la pression sur les dirigeants mondiaux afin qu’ils se mobilisent contre le changement climatique. Ceci implique un véritable engagement à réduire les émissions, à financer des actions pour le climat dans les pays en développement et à planter plus d’arbres. Il convient également d’interpeler les chefs d’entreprise pour les pousser à opérer des changements significatifs dans leur rapport à l’environnement.

2. Santé mondiale

Que ce soit en matière de distribution de vaccins ou de disparités ethniques, les inégalités au sein des systèmes de santé étaient au cœur des discussions sur la pandémie. Aux États-Unis, les populations noires et métisses sont disproportionnellement touchées par la pandémie et le taux de mortalité au sein de ces communautés est plus élevé qu’ailleurs. En Afrique cette fois-ci, moins de 2 % de la population a été vaccinée.

La crise mondiale a également mis en évidence le manque de préparation généralisé. Les hôpitaux saturaient devant le nombre croissant de patients et la pénurie de respirateurs, pourtant vitaux, s’est fait sentir. Par ailleurs, les professionnels de la santé ne disposaient pas toujours d’un équipement de protection individuelle adéquat.

Toutefois, la pandémie de COVID-19 a donné lieu à un exploit dans le domaine de l’innovation médicale. Dans une course pour surmonter la crise qui a mis la planète à l’arrêt, le premier vaccin contre la COVID-19 a vu le jour en un temps record. L’urgence de la pandémie a ainsi démontré la capacité des pays, des scientifiques et des laboratoires pharmaceutiques à collaborer afin de développer un vaccin salvateur.

La pandémie nous a donc donné un aperçu des bénéfices potentiels d’une coopération internationale, mais les populations les plus vulnérables sont toujours laissées pour compte. Les pays les plus riches, de leur côté, ne fournissent pas l’aide nécessaire. En effet, les fabricants du vaccin refusent notamment de céder les droits de propriété intellectuelle sur ce dernier. Ce sont les pays en développement qui ont le plus à perdre.

La COVID-19 a réussi à susciter un effort collectif pour développer le vaccin, mais où en sommes-nous aujourd’hui ? Selon Nature, 240 vaccins contre des pathologies mortelles comme le paludisme et la tuberculose sont toujours bloqués aux étapes préliminaires de leur développement. Ces vaccins (qui concernent en particulier des maladies présentes dans les pays à plus faibles revenus) ne parviennent toujours pas à franchir les différentes étapes nécessaires à leur lancement. Pendant la pandémie, les progrès de la médecine ont été fulgurants et certains pays comme le Canada ou le Royaume-Uni s’engagent enfin à fournir des doses de vaccin aux pays dans le besoin. Pourtant, il reste encore beaucoup à faire pour le système de santé mondial.

La pandémie ne sera derrière nous que lorsque toute la population en sera sortie. Appelez les dirigeants mondiaux à partager plus de vaccins, afin d’atteindre 2 milliards de doses d’ici fin 2021. Exhortez les laboratoires pharmaceutiques à soutenir la production de vaccins en Afrique. Incitez Joe Biden à investir dans la santé des femmes et des jeunes filles. Prenez la défense des communautés marginalisées à travers le monde.

3. Éducation

Pendant la pandémie, le monde entier a dû faire face à une crise de l’éducation. Un an après les premiers confinements, l’UNICEF a publié ses conclusions : depuis le début de la pandémie, pour 168 millions d’enfants, l’école avait complètement fermé ses portes. 214 millions d’enfants ont également manqué plus des trois quarts de leur scolarité en présentiel.

Alors que les inégalités vaccinales concernent toujours les pays les plus défavorisés aujourd’hui, des millions d’enfants du monde entier risquent de passer à côté de leur éducation. Selon un rapport de US News and World Report, aux États-Unis, 50 millions d’enfants sont de retour en classe pour la rentrée 2021/2022. Le Canada et les États-Unis ont été parmi les plus rapides à vacciner entièrement plus de la moitié de leur population, avec des chiffres bien plus élevés que la moyenne mondiale de 15 % de la population vaccinée. Dans les pays avec la couverture vaccinale la plus faible, les enfants ne peuvent pas retourner à l’école. Par ailleurs, les pays à plus faible revenu ne verront pas leur vaccination débuter avant 2023.

Dans les pays les plus riches, la vie reprend son cours, mais des millions d’enfants du monde entier ne peuvent toujours pas accéder à une éducation.

Aux États-Unis, la mise en place de cours en ligne a mis en lumière les inégalités éducatives, que ce soit au niveau ethnique ou financier. Certains étudiants afro-américains se sont davantage impliqués dans l’éducation à distance, qui représentait pour eux un espace sûr exempt de tout racisme et une occasion de concilier vie scolaire et professionnelle.

Pourtant, dans les pays ne disposant pas des ressources nécessaires, l’enseignement à distance n’a pas été une option. En Afrique du Sud, environ 750 000 élèves auraient abandonné l’école uniquement à cause de la pandémie. En Amérique latine et aux Caraïbes, non loin de 100 millions d’enfants ont perdu leur accès à l’éducation lorsque les écoles ont fermé leurs portes.

Au total, la COVID-19 a eu des conséquences sur 1,5 milliard d’élèves à travers le monde et pourrait contraindre 9,7 millions d’enfants à quitter définitivement les bancs de l’école. La difficulté de s’adapter à l’absence de cours en présentiel a souligné les inégalités criantes du système éducatif mondial. Plus que jamais, il est nécessaire de passer à l’action.

Voici comment vous pouvez vous mobiliser. Soutenez le fonds Éducation sans délai ainsi que les Nations Unies et appelez le premier ministre canadien Justin Trudeau à fournir les fonds nécessaires pour financer l’éducation des enfants les plus vulnérables. Vous pouvez également rejoindre Global Citizen et rappeler aux dirigeants qu’il est temps de s’engager à investir pour permettre aux enfants de continuer à aller à l’école, même en situation de crise. Pour les enfants qui n’ont pas la chance de retourner à l’école cette année, exigez des entreprises et des milliardaires qu’elles comblent le fossé numérique et qu’elles donnent accès à une éducation en ligne aux élèves sud-africains. Apportez votre soutien à l’équité vaccinale.

4. Emploi

Dans le monde entier, les populations ont souffert de pertes d’emploi considérables au début de la pandémie. Environ 114 millions de personnes auraient perdu leur emploi en 2020. Selon le Wall Street Journal, jusqu’à 40 millions de personnes auraient été licenciées aux États-Unis, car les entreprises ont fermé leurs portes, réduit leurs effectifs ou ont été mises à l’arrêt indéfiniment en raison des dégâts économiques de la pandémie.

Dans les régions les plus fortement touchées, ce sont les femmes et les populations noires qui ont le plus souffert. Au Royaume-Uni, les jeunes travailleurs noirs ont été les plus affectés, avec un taux de chômage de 41 %, soit trois fois plus que leurs homologues blancs. Les femmes, elles, auraient perdu 800 milliards de dollars de revenus à cause de la pandémie. Selon les experts, la pandémie de COVID-19 pourrait réduire à néant 50 années de progrès vers l’égalité salariale. Enfin, en Amérique latine, les femmes ont vu leur situation s’aggraver au fil de la crise sanitaire qui les a poussées à s’endetter.

Malgré tout, dans les pays et les secteurs où le télétravail a été possible, certains avantages ont émergé. Au Portugal, les travailleurs en situation de handicap ont pu profiter des opportunités offertes par le travail à distance : leurs emplois sont devenus plus accessibles grâce à l’absence de trajet et à la flexibilité des horaires. Le monde entier étant à l’arrêt, les pays et les entreprises ont pu repenser leur politique d’accessibilité et d’aménagement à destination des employés en situation de handicap. Aujourd’hui, la couverture vaccinale dans les pays comme le Portugal et les États-Unis pousse toutefois à un retour au bureau, peut-être au détriment des travailleurs en situation de handicap, qui craignent que ces progrès ne disparaissent.

La pandémie a donc donné l’occasion de résoudre les discriminations à l’emploi en matière de préjugés ethniques et d’inaccessibilité des infrastructures. Comment faire pour passer à l’action aujourd’hui ? Nous pouvons commencer en éduquant et en défendant nos intérêts, nous pouvons replacer l’embauche inclusive au centre de la conversation et défendre les travailleurs en situation de handicap. Pour que personne ne soit laissé pour compte, vous pouvez soutenir le Recovery Plan for the World de Global Citizen, qui a pour objectif de subventionner les organisations qui œuvrent en faveur d’une reprise équitable pour tous.

5. Pauvreté



La pandémie de COVID-19 a amplifié les inégalités à travers le globe. Par ailleurs, la crise économique mondiale a suscité la colère de la population, et cette population en colère a mis la pression aux dirigeants pour les exhorter à apporter plus de soutien. Les États-Unis ont par exemple rapidement accordé des indemnités de chômage et des chèques de relance. De même, dans tout le pays, les expulsions locatives et le remboursement des dettes étudiantes ont été mis en pause. Cet accompagnement a eu des conséquences positives réelles sur le taux de pauvreté outre-Atlantique.

Alors que des restrictions de voyage étaient en place et que le tourisme était à l’arrêt, 20 % des hôtels de la ville de New York ont proposé d’accueillir des sans-abris. Les mesures prises par les pays riches comme les États-Unis pour atténuer leurs urgences sanitaires et économiques étaient porteuses de promesses.

Pourtant, dans les initiatives pour une relance mondiale, les plus pauvres du monde continuent d'être laissés pour compte.

Tandis que les milliardaires de la planète ont atteint un niveau de richesse record, avec une fortune cumulée de plus de 10 200 milliards de dollars, à l’inverse, 115 millions de personnes supplémentaires ont été précipitées dans l’extrême pauvreté. Dans les pays comme la Thaïlande, l’Inde et le Liban, le prix des denrées alimentaires a grimpé pendant la pandémie. Le Programme alimentaire mondial estime même que 270 millions de personnes seraient concernées par l’insécurité alimentaire en 2021. En outre, aux États-Unis, les programmes d’aide aux victimes de la pandémie prennent fin et 8000 sans-abris sont transférés depuis les hôtels où ils logeaient vers leurs anciens abris.

La pandémie n’est pas encore derrière nous. Il est désormais temps de faire entendre votre voix. Avec seulement 6 milliards de dollars, les milliardaires qui ont vu leur fortune accroître pendant la pandémie pourraient sauver 41 millions de personnes qui risquent de mourir de faim. Rejoignez Global Citizen et exhortez les milliardaires à se montrer à la hauteur des enjeux. Usez de votre voix et poussez les dirigeants européens à aider les plus défavorisés à se relever. Plaidez pour un salaire équitable pour tous.

Vous pouvez rejoindre la campagne Global Citizen Live en passant à l'action ici pour défendre la planète et vaincre la pauvreté, et faire partie d'un mouvement porté par des citoyens du monde entier qui agissent de concert avec les gouvernements, les entreprises et les philanthropes pour changer les choses.

Global Citizen Life

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Par Kate Nakamura