En moyenne, les femmes ont leurs règles pendant 40 ans de leur vie et utilisent plus de 9 000 produits sanitaires, mais pour beaucoup, chaque cycle menstruel soulève des difficultés.
La moitié de la population mondiale, soit plus de 1,9 milliard de personnes, a ses règles, mais on estime que 500 millions de personnes vivent dans des conditions d'hygiène menstruelle insuffisantes.
En raison de siècles de stigmatisation, de honte, de manque de connaissances et de sexisme autour des règles, des personnes dans le monde entier n'ont pas accès aux produits menstruels, à l'éducation ou aux outils nécessaires à la gestion de leur cycle menstruel. Autrement dit, ces personnes sont confrontées à ce qu'on appelle la précarité menstruelle.
Nous avons répondu ci-dessous à quelques-unes des questions les plus courantes sur cet enjeu.
1. Où la précarité menstruelle est-elle la plus grave ?
Des millions de personnes dans les pays développés et en développement sont confrontées à la précarité menstruelle, mais celle-ci touche de manière disproportionnée les communautés à faibles revenus. À l'échelle mondiale, 12,8 % des femmes et des filles vivent dans la pauvreté et ont du mal à accéder aux ressources nécessaires pour faire face à leurs règles.
En Inde, où les personnes qui ont leurs règles sont largement considérées comme impures et sales et sont souvent exclues de la participation aux activités et à la société, environ 12 % des femmes ne peuvent pas se permettre de produits menstruels.
La précarité menstruelle est également importante dans les pays d'Afrique subsaharienne, où seulement 27 % de la population a accès à des installations sanitaires de base. Au Nigéria, environ 25 % des femmes manquent d'intimité pour gérer leurs règles, ce qui les empêche souvent d'aller à l'école et les expose à un risque accru de violence sexuelle. Au Kenya, où 65 % des femmes trouvent que les serviettes hygiéniques sont trop chères, des femmes ont déclaré avoir été contraintes d'échanger des rapports sexuels contre des produits menstruels parce qu'elles ne pouvaient pas se les payer. Parallèlement, en Afrique du Sud, une étude menée par l'université de Stellenbosch a révélé que, selon les estimations, 30 % des filles ne vont pas à l'école pendant leurs règles parce qu'elles n'ont pas les moyens d'acheter des produits menstruels.
Certaines données indiquent également que la précarité menstruelle est un problème de plus en plus fréquent dans les pays riches.
Selon une enquête commanditée par la marque de produits menstruels Always, une fille sur cinq aux États-Unis manque l'école parce qu'elle n'a pas accès aux produits menstruels. Au Royaume-Uni, l'organisation Plan International a constaté qu'une fille sur dix n'avait pas les moyens d'acheter des produits menstruels et que 49 % d'entre elles avaient manqué une journée entière d'école à cause de leurs règles. Pas moins de 27 % des filles âgées de 10 à 18 ans au Royaume-Uni ayant participé à une autre enquête menée par Always et la société d'études de marché OnePoll ont déclaré éviter de sortir pendant leurs règles parce que leur famille n'avait pas les moyens d'acheter des produits menstruels. En Écosse, les filles sont confrontées à des obstacles similaires, une sur quatre des plus de 2 000 personnes ayant participé à l'enquête indiquant que les produits menstruels leur étaient difficiles d'accès, selon une étude menée par l'organisation Young Scot.
2. La précarité menstruelle a-t-elle un impact sur la santé mentale ?
Des études révèlent qu'il existe un lien direct entre précarité menstruelle, qualité de vie et santé mentale. Lorsqu'il est impossible de gérer ses règles en toute sécurité et avec dignité, cela peut avoir des conséquences sur le plan physique et mental, ce qui aggrave les sentiments de honte et de gêne. Selon un sondage réalisé par Always auprès de 1 000 femmes, 39 % de celles qui n'ont pas accès aux produits menstruels ont déclaré souffrir d'anxiété ou de dépression. Le stress induit par l'expérience de la pauvreté peut avoir un impact négatif sur la capacité d'une personne à se concentrer et à participer au travail, à l'école et à la vie en société.
3. Quel est l'impact de la COVID-19 sur la précarité menstruelle ?
Comme de plus en plus de personnes sont poussées vers l'extrême pauvreté dans le monde entier à cause de la pandémie de COVID-19, elles sont plus susceptibles de se retrouver en situation de précarité menstruelle. L'accès aux services sociaux a régressé, limitant l'accès à l'éducation et aux ressources qui aident habituellement les populations à faire face à leurs règles. Il est désormais impossible, par exemple, de compter sur les écoles ou les espaces communautaires pour avoir accès à des produits menstruels gratuits.
D'après une enquête, une personne sur quatre âgée de 13 à 35 ans a déclaré avoir des difficultés à gérer ses règles pendant la pandémie.
Des professionnels de santé interrogés par Plan International dans 30 pays indiquent que les pénuries ou les perturbations des chaînes d'approvisionnement sont à l'origine de problèmes majeurs dans l'accès des personnes aux produits menstruels. La majorité des personnes interrogées, soit 68 %, ont également noté que l'accès restreint aux installations sanitaires et l'augmentation du prix des produits sanitaires aggravaient la précarité menstruelle.
4. Comment mettre fin à la précarité menstruelle ?
Il n'existe pas de solution unique pour résoudre la précarité menstruelle, mais les activistes, les secteurs privé et public et les particuliers peuvent s'unir pour lutter contre ce problème de plusieurs façons. Selon les activistes, il est essentiel que les garçons et les filles participent à l'éducation et aux conversations quotidiennes qui normalisent les menstruations pour mettre fin aux tabous qui entourent ce phénomène. Les gouvernements doivent également soutenir des politiques qui garantissent à chaque individu l'accès aux ressources et aux informations nécessaires pour gérer ses règles et donner la priorité à l'hygiène menstruelle dans le cadre des efforts de lutte contre la COVID-19.