Revenu de solidarité active (RSA), allocations au logement, allocations familiales… Les aides sociales font partie intégrante du paysage de solidarité français. Ces prestations, qui visent à garantir aux plus précaires un niveau de vie décent, représentent près de 741 milliards d’euros de dépenses par an.
Mais selon un nouveau rapport, elles s’avèrent également essentielles à la lutte contre la pauvreté.
L’ouvrage, intitulé « Minima sociaux et prestations sociales » et publié mardi par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), montre que près d’un Français sur quatre vivrait dans la pauvreté en leur absence.
Le constat de la DREES est frappant : près de 40 % de la population française est considérée comme modeste, tandis que près de 8,9 millions d’individus — soit 14,1 % de la population — sont considérés comme pauvres et vivent en dessous du seuil de pauvreté fixé à 1 041 euros par mois.
Parmi ces personnes modestes, les femmes sont particulièrement surreprésentées : leurs taux de pauvreté sont plus élevés que celui de leurs homologues masculins. Les jeunes âgés de moins de 30 ans, les familles monoparentales, ainsi que les personnes en situation de handicap sont également plus modestes que le reste de la population. Selon le rapport, ces personnes cumulent les difficultés sociales et attestent souvent d’un isolement prononcé en raison de leur situation précaire.
Au sein de ces ménages, les prestations sociales jouent un rôle de premier plan en matière de réduction de la pauvreté et constituent 41 % de leur revenu disponible. Elles ne suffisent à garantir un dépassement du seuil de pauvreté, mais contribuent à en atténuer la sévérité. En effet, sans ce dispositif de redistribution, non seulement la pauvreté serait plus prononcée, mais la proportion de personnes pauvres atteindrait aussi un seuil de 22 %.
Le rapport constate également que les minimas sociaux favorisent l’équité sociale et réduisent l'écart de richesse entre les plus pauvres et les plus aisés de France.
Avant redistribution équitable, les 10 % les plus riches enregistrent un niveau de vie 6,3 fois supérieur à celui des plus modestes. Grâce aux prestations sociales, cet écart est notablement réduit.
« La redistribution réduit les inégalités entre le niveau de vie des plus aisés et des plus pauvres, peut-on lire dans le rapport. Le rapport entre le 9e et le 1er déciles de niveau de vie est ainsi de 3,4, alors qu’il atteindrait 6,3 sans les transferts sociaux et fiscaux. »
Le rapport, rédigé sur la base d’observations enregistrées au cours de l’année 2017, ne tient toutefois pas compte des inégalités croissantes qui se manifestent en France en raison de la COVID-19.
Depuis le début de la pandémie, les banques alimentaires ont enregistré une demande accrue de 20 à 30 %, et la crise sanitaire a également eu des répercussions importantes sur des individus qui étaient déjà « sur le fil », a expliqué Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, à France Info.
Parmi ces « nouveaux pauvres », les étudiants, les chômeurs et les intérimaires semblent aujourd’hui figurer parmi les plus touchés.