Ces derniers temps, les réfugiés ont défrayé la chronique.
Ils meurent par noyade, livrés aux mains des passeurs ; ils sont placés dans des camps tentaculaires avec peu d’accès aux services ; et ils sont même braqués par la mafia. Partout, de l’Allemagne à l’Argentine, les réfugiés affluent plus vite que jamais.
En fait, il n'y a jamais eu autant de personnes déplacées de force dans toute l’histoire de l'humanité.
Mais trop souvent, semble-t-il, l'accent est mis sur l'endroit vers lequel les réfugiés se dirigent, et non sur ce qu'ils fuient.
Alors, qu'est-ce qu'un réfugié ? Et comment les gens deviennent-ils des réfugiés ?
La définition d'un « réfugié » a changé au fil des ans : des protestants fuyant la persécution religieuse en France au 17e siècle aux Syriens fuyant les bombes au 21e siècle.
Le terme « réfugié » n’a pas été officiellement défini dans le droit international jusqu’à la Convention de 1951 sur les réfugiés. Cette convention a été instaurée en réponse à la première grande crise des réfugiés du XXe siècle, la Seconde Guerre mondiale, qui a déplacé de force environ 50 millions de personnes dans le monde.
La définition initiale du terme « réfugié » était assez restrictive.
En 1951, 26 pays seulement se sont réunis à Genève pour définir un réfugié comme étant une personne ayant « craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques » et qui, en raison de cette crainte « ne veut pas retourner dans [son pays d'origine]. »
La Convention et le Protocole de 1967 relatifs au statut des réfugiés ont mis à jour cette définition qui, auparavant, incluait seulement les réfugiés d’Europe qui avaient été déplacés avant 1951.
Mais entre 1967 et aujourd'hui, le nombre de réfugiés et de personnes déplacées a explosé.
En 1967, il y avait à peine plus de 2 millions de réfugiés dans le monde. En 2017, ils étaient 17 millions, sans compter les 5 millions de Palestiniens, qui sont enregistrés auprès de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies, et non auprès du HCR.
Comme la population de réfugiés a changé, il en va de même de la nécessité d'une définition plus englobante de ce qui définit un réfugié.
Avec une population mondiale croissante, combinée aux conflits humains et aux changements environnementaux, les gens deviennent des réfugiés pour des raisons de plus en plus nombreuses. Global Citizen vous propose de parcourir cinq des raisons les plus importantes :
1. Persécution religieuse/nationale/sociale/raciale/politique
La raison la plus commune pour laquelle les gens deviennent des réfugiés est la persécution, qui peut prendre de nombreuses formes : religieuse, nationale, sociale, raciale ou politique.
En ce qui concerne les réfugiés religieux aux États-Unis, la part de chrétiens et de musulmans est relativement équivalente. Selon Pew, 46 % des réfugiés arrivés aux États-Unis en 2016 étaient musulmans et 44 % étaient chrétiens ; 10 % faisaient partie d'autres religions, comme les hindous, les bouddhistes et les juifs.
Dans le monde entier, les réfugiés religieux sont partout : des musulmans persécutés en Birmanie aux chrétiens en République centrafricaine en passant par les hindous au Pakistan.
Plusieurs personnalités ont été, à un moment ou à un autre, des réfugiés politiques. On peut mentionner Gloria Estefan (qui a fui le régime de Castro à Cuba), Alexander Ginsburg (qui a fui le Kremlin pendant la guerre froide) et le Dalaï-Lama (leader en exil du Tibet).
2. Guerre
La plupart des réfugiés de l'histoire sont des réfugiés de guerre directs ou indirects.
Actuellement, le plus grand groupe de réfugiés au monde fuit le conflit civil en Syrie, qui fait rage depuis 2011 et a tué 400 000 Syriens et déplacé 6,3 millions à l'intérieur du pays. 5 autres millions ont totalement quitté le pays.
Mais avant la Syrie, les réfugiés ont fui en masse les guerres qui ont éclaté en Irak et en Afghanistan au début des années 1980, 1990 et 2000. L'Afghanistan, notamment, a compté le plus grand nombre de réfugiés au monde pendant plus de vingt ans entre 1981 et 2013, avant d'être rattrapé par la Syrie cette même année.
3. Genre/Orientation sexuelle
En juin dernier, la France est devenue le premier pays à accepter un réfugié tchétchène homosexuel, une décision historique qui a eu des répercussions mondiales.
Le HCR a mis à jour ses directives pour inclure les réfugiés pour des raisons de genre ou d'orientation sexuelle en 2012.
« Il est largement documenté que les personnes LGBTI sont la cible d'assassinats, de violences sexuelles et sexistes, d'agressions physiques, de tortures, de détentions arbitraires, d'accusations de comportement immoral ou déviant, de déni des droits de réunion, d'expression et d'information et de discrimination en matière d'emploi, de santé et d'éducation dans toutes les régions du monde », a indiqué l'organisation.
4. Famine
On estime que 20 millions de personnes dans quatre pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, à savoir la Somalie, le Soudan du Sud, le Nigeria et le Yémen, sont confrontées à une sécheresse extrême, et un grand nombre de ces personnes deviennent des réfugiés, forcées de quitter leur pays d'origine à la recherche de sources de nourriture stables.
Il y a environ 17 millions de personnes déplacées à travers le continent africain, indique The Guardian, et seule une petite partie d’entre elles atteint les côtes du continent européen. Beaucoup finissent dans de vastes camps de réfugiés informels comme la ville de Monguno, dans le nord-est du Nigeria.
Les réfugiés qui fuient la famine peuvent bien sûr fuir d'autres facteurs en même temps, notamment la montée de groupes extrémistes comme Boko Haram au Nigeria et les conséquences du changement climatique.
5. Changement climatique
On estime qu'au cours des 83 prochaines années, 13 millions d’habitants des régions côtières pourraient être forcés à se déplacer à cause du changement climatique, rejoignant les foules de réfugiés et de personnes déplacées.
Officiellement, le changement climatique n'est pas encore un motif valable pour une demande d'asile. En 2013, le premier cas d'asile de réfugiés lié au changement climatique a été rejeté par la Haute Cour de Nouvelle-Zélande, quand un homme de Kiribati a tenté de revendiquer ce statut par la loi.
Mais à mesure que le changement climatique anthropique s’aggrave et que le niveau des océans augmente, les conventions de 1951 et 1967 pourraient devoir étendre leur portée.