Le monde n’est pas sur la bonne voie pour atteindre l’égalité des genres d’ici 2030. À ce rythme, il faudrait plutôt viser 2322.
En effet, selon un rapport publié par ONU Femmes ce mois-ci, il faudrait près de 300 ans pour atteindre l’égalité totale entre les genres au rythme actuel, qui est bien trop lent.
Selon le rapport, la pandémie, les conflits, le réchauffement climatique et les réactions violentes à l’encontre de la santé et des droits sexuels et reproductifs des femmes réduisent davantage les perspectives d’égalité des genres. En outre, la violence à l’égard des femmes reste élevée, car les crises sanitaires, climatiques et humanitaires mondiales ont accentué les risques de violence, en particulier pour les femmes et les filles les plus vulnérables. Certaines femmes se sentent plus en danger aujourd’hui qu’avant la pandémie.
Pourtant, les filles et les femmes détiennent la clef de la lutte contre la faim, de la sauvegarde de la planète et de la relance de l’économie, mais cela ne pourra pas se faire sans un soutien renforcé.
C’est pour cette raison que, dans le cadre de notre campagne pour le Global Citizen Festival, nous avons pour objectif de donner aux filles les moyens de passer à l’action MAINTENANT. Le Global Citizen Festival 2022 s’intègre dans une campagne mondiale appelant les dirigeants à mettre fin à l’extrême pauvreté MAINTENANT, avec des événements jumeaux à Central Park (New York) et sur la Black Star Square (Accra, Ghana) le 24 septembre.
Nous appelons les dirigeants mondiaux, les grandes entreprises et les fondations philanthropiques à monter sur scène lors de nos festivals pour annoncer de nouveaux engagements afin de mettre fin à l’extrême pauvreté MAINTENANT, par exemple : déployer des financements, prendre des mesures en faveur du climat, autonomiser les femmes et les filles par le biais d’investissements essentiels dans l’éducation, la santé sexuelle et reproductive et l’autonomisation économique, ou encore atténuer l’effondrement du système alimentaire mondial.
Pourquoi ce besoin urgent ? Il suffit de jeter un coup d’œil à ces faits alarmants sur l’inégalité entre les genres dans le monde, issus du nouveau rapport de l’ONU.
Plus de 380 millions de femmes et de filles vivent dans l’extrême pauvreté
C’est plus que la population entière des États-Unis qui vit avec moins de 1,90 $ par jour.
Pire encore, si les tendances actuelles se confirment, les femmes et les filles seront plus nombreuses qu’aujourd’hui à vivre dans l’extrême pauvreté en Afrique subsaharienne d’ici 2030. Mais ce n’est pas dans ce sens que nous souhaitons inverser la tendance.
En fait, la majorité des plus démunis dans le monde sont des femmes. Pourquoi ? La pauvreté touche les femmes de manière disproportionnée, car elles n’ont pas autant d’opportunités que les hommes de recevoir une éducation, de travailler ou de posséder des biens.
Plus de 1,2 milliard de femmes et de filles vivent dans des zones où l’accès à l’avortement est limité
L’accès à l’avortement est un élément central des droits en matière de santé sexuelle et reproductive (SDSR), qui sont cruciaux pour atteindre l’égalité des genres et à mettre fin à l’extrême pauvreté.
Pourtant, il reste illégal dans plusieurs pays et limité dans de nombreux autres. Selon le rapport de l’ONU, plus de 1,2 milliard de femmes et de jeunes filles en âge de procréer (âgées de 15 à 49 ans) vivent dans des pays ou des régions où l’accès à l’avortement est limité, et 102 millions vivent dans des zones où l’avortement est totalement interdit.
Les avortements non médicalisés sont une cause majeure, mais évitable de mortalité maternelle. On estime que 25 millions d’avortements non sécurisés ont lieu chaque année, entraînant l’hospitalisation d’environ 7 millions de femmes par an dans les pays en développement et constituant jusqu’à 13,2 % des décès maternels dans le monde.
Les grossesses non désirées peuvent également empêcher les femmes et les filles de poursuivre leur éducation et leur carrière, entraînant des répercussions sur leurs revenus. Une étude menée dans plusieurs pays d’Afrique, dont le Kenya, le Rwanda et l’Ouganda, a notamment révélé que 56 % des adolescentes issues de populations marginalisées qui avaient abandonné l’école étaient actuellement enceintes ou l’avaient récemment été.
12 millions de filles de moins de 18 ans sont mariées chaque année
Le mariage d’enfants est défini comme un mariage formel (ou informel) dans lequel au moins un des conjoints a moins de 18 ans. Le plus souvent, il s’agit du mariage d’une jeune fille avec un garçon ou un homme plus âgé.
Le mariage d’enfants est encore répandu dans de nombreuses régions du monde et il est amplifié par les crises humanitaires : que ce soit en contexte de conflit, de pandémie ou de changements climatiques, les jeunes filles issues des ménages ruraux les plus pauvres sont les plus touchées.
Le rapport des Nations Unies indique qu’en 2021, près d’une femme sur cinq âgée de 20 à 24 ans a été mariée avant l’âge de 18 ans, toutes communautés confondues. Au Bangladesh, des filles issues de familles aisées ont été mariées de force dès leur enfance. Des réfugiées syriennes déplacées par le conflit ont été mariées avant de se sentir prêtes. Même des jeunes filles américaines issues de familles chrétiennes ont été victimes de mariages d’enfants. Enfin, des filles vivant issues de familles défavorisées au Myanmar ont été mariées à des hommes plus âgés en Chine.
Pour que le mariage des enfants disparaisse d’ici 2030, le rapport de l’ONU conseille de multiplier par 17 les progrès réalisés au cours de la décennie précédente.
Une femme ou une fille meurt toutes les 11 minutes sous les coups d’un membre de sa famille
Que ce soit le meurtre de Sarah Everard au Royaume-Uni par un policier en service ou l’immolation par le feu d’une jeune fille de 19 ans ayant refusé les avances de son agresseur en Inde, la violence à l’égard des femmes et des filles est omniprésente dans le monde entier.
Pourtant, elles ne doivent pas seulement craindre la violence exercée par des inconnus, mais aussi celle de leurs proches. Le rapport ajoute qu’au niveau mondial, plus d’une femme et d’une fille sur dix âgée de 15 à 49 ans a subi des violences sexuelles et/ou physiques de la part d’un proche en 2021.
Le nombre de femmes et de filles déplacées de force n’a jamais été aussi élevé
Le rapport estime que quelque 44 millions de femmes et de filles ont été déplacées de force en 2021, que ce soit en raison du réchauffement climatique, d’une guerre, d’un conflit ou de violations des droits de l’homme. Il s’agit d’un triste record.
Pour les femmes, le déplacement n’est pas la fin des problèmes, ce n’est même que le commencement. Elles perdent souvent leurs biens, leurs actifs, leurs moyens de subsistance et leur accès aux soins de santé. Elles sont également exposées à des risques accrus de violence, de trafic et d’abus sexuels.
130 millions de filles ne sont toujours pas scolarisées dans le monde
Partout dans le monde, des jeunes filles sont privées d’éducation, et ce, de manière disproportionnée. Un tiers des filles les plus pauvres de la planète, âgées de 10 à 18 ans, n’ont jamais été scolarisées, et dans les zones rurales, 61 % des filles ne vont pas au collège.
La pandémie de COVID-19 a également entraîné davantage de lacunes d’apprentissage pour les filles que pour les garçons. Par ailleurs, les risques d’être confrontées au travail des enfants, à la violence sexiste, au mariage précoce et à la grossesse se sont multipliés.
Pourtant, l’éducation des filles fait partie intégrante de la majorité des volets de la lutte contre l’extrême pauvreté. Lorsque les jeunes filles reçoivent une éducation de qualité, tous les aspects de leur vie et leur communauté en bénéficient. La scolarisation des filles favorise la croissance économique, la paix et la lutte contre le réchauffement climatique. Par ailleurs, les femmes qui terminent leurs études secondaires touchent des revenus plus élevés, puisque chaque année de scolarité supplémentaire augmente jusqu’à 20 % les revenus d’une femme adulte.
Dans le monde, les femmes ont consacré 512 milliards d’heures aux soins non rémunérés des enfants
On pourrait penser que les femmes qui s’occupent de toutes les corvées ménagères ne sont pas en haut de la liste des priorités en matière d’égalité des genres.
Pourtant, ces heures s’accumulent, en particulier pour les femmes et les filles qui vivent dans la pauvreté et appartiennent à des groupes marginalisés. Cela les empêche notamment d’aller à l’école et de trouver un emploi.
Ce phénomène est appelé « travail de soins non rémunéré ». Méconnue et sous-évaluée, cette tâche invisible incombe en grande partie aux mères et aux filles.
Entre autres choses, la pandémie a aggravé la situation. En 2020, selon des estimations, les fermetures d’écoles, d’établissements préscolaires et de crèches ont entraîné pour les femmes 512 milliards d’heures supplémentaires de soins non rémunérés aux enfants dans le monde. Cela représente plus de 57 000 décennies de travail non rémunéré.
Près d’une femme sur trois a été confrontée à l’insécurité alimentaire en 2021
Le monde est en proie à une crise alimentaire croissante et sans précédent. En effet, la convergence dévastatrice des conflits, des changements climatiques et du COVID-19 avait déjà mis à rude épreuve certaines des populations les plus défavorisées de la planète, mais la guerre en Ukraine menace désormais de faire basculer des millions de personnes vers la catégorie de faim la plus aiguë qui soit : la famine.
Les femmes sont plus susceptibles que les hommes de connaître l’insécurité alimentaire, et l’écart entre les genres se creuse. En 2021, près d’une femme sur trois dans le monde a subi une insécurité alimentaire modérée ou grave, et la situation empirera sans aucun doute si des mesures ne sont pas prises immédiatement.
Il faudrait encore 286 ans pour abolir les lois discriminatoires à l’égard des femmes et des filles
Les lois qui entérinent l’égalité des genres (comme la rémunération égale à travail égal), interdisent la discrimination à l’égard des femmes et garantissent l’égalité des droits sont essentielles pour permettre aux femmes de bénéficier de droits et de protections juridiques égalitaires. Pourtant, des lacunes subsistent dans de nombreux pays et, au rythme actuel, il faudrait jusqu’à 286 ans pour instaurer ces encadrements juridiques.
En entreprise, seul un manager ou responsable sur trois est une femme.
Le plafond de verre est toujours aussi solide et le restera sans doute pendant un certain temps. Le rapport de l’ONU estime précisément qu’il faudrait attendre 140 ans pour que les femmes atteignent la parité au rythme actuel.
Les femmes n’occupent que 26,4 % des sièges parlementaires
En juillet 2022, les femmes occupaient un peu plus d’un quart des sièges parlementaires dans le monde. Dans 23 pays, elles détenaient même moins de 10 % des sièges.
Le rapport alerte que cette situation n’est pas prête de changer, la date la plus proche pour la parité étant estimée pour 2062.
Le Global Citizen Festival appelle les dirigeants mondiaux, les entreprises et les philanthropes à redoubler d’efforts pour mettre fin à l’extrême pauvreté MAINTENANT. Grâce à notre campagne mondiale et à des concerts dans deux lieux emblématiques (Central Park à New York et Black Star Square à Accra), nous réunirons des dirigeants, des artistes, des militants et des Global Citizens du monde entier le 24 septembre pour réaliser un programme politique ambitieux axé sur l’autonomisation des filles et les femmes, en prenant des mesures pour le climat, en brisant les barrières systémiques et en élevant les militants et les défenseurs. Où que vous soyez dans le monde, vous pouvez rejoindre la campagne et passer à l’action dès maintenant en téléchargeant l’application Global Citizen.