À quelques semaines du Sommet de la COP26 qui se tiendra à Glasgow, une nouvelle étude, publiée dans la revue Environmental Research Letters, alerte sur la menace que représente la montée des eaux pour 500 millions à 1 milliard de personnes dans les décennies à venir.
Pour illustrer leurs propos, les scientifiques ont travaillé avec Climate Central, une organisation de presse qui regroupe des journalistes et chercheurs spécialisés dans la science du climat. Leur modélisation atteste des conséquences que pourrait avoir la montée des eaux sur de nombreuses villes, peut-être même la vôtre.
La première mauvaise nouvelle que nous apprend cette étude, c’est que même si nous arrêtions maintenant toutes les émissions de gaz à effet de serre, le réchauffement climatique déjà engagé provoquera tout de même une montée moyenne du niveau de la mer de 1,90 mètre.
Pourquoi ? car « La concentration actuelle de [dioxyde de carbone] est de 50 % supérieure à celle de 1800 et la température moyenne à la surface de la Terre a augmenté de 1,1 °C, a expliqué Benjamin Strauss, l’auteur principal de l’article, à l’Agence France Presse (AFP). C’est suffisant pour faire monter le niveau des mers de près de deux mètres, que cela prenne deux ou dix siècles. »
Cette évolution ne ferait qu’empirer en fonction de la gravité du réchauffement, comme le démontrent les différents scénarios envisagés par les scientifiques. Dans l’hypothèse où les objectifs fixés par l’Accord de Paris seraient atteints et que le réchauffement climatique se limiterait à 1,5 °C par rapport à l’ère pré-industrielle, le niveau de l’eau monterait déjà de 2,90 mètres. Plus alarmant encore, dans un scénario de réchauffement de 4° C, ce niveau pourrait atteindre 8,90 mètres.
Ce tableau n’est pourtant pas étonnant. Si nous avons pu observer une baisse des émissions de dioxyde de carbone pendant les confinements liés à la crise du coronavirus — jusqu’à 7 % en 2020 — un retour au niveau de 2019 était attendu, preuve que l’influence humaine est désormais « sans équivoque ». Aujourd’hui, il y a plus de 40 % de risques que la température mondiale moyenne dépasse le seuil des 1,5 °C inscrit dans l’Accord de Paris, au moins une fois au cours des cinq années à venir.
« Seulement » 510 millions de personnes seront affectées
L’étude révèle en effet que si nous arrivons à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport à l’ère pré-industrielle, « seulement » un demi-milliard de personnes devraient être menacées par l’augmentation du niveau de la mer.
Si la planète ne se réchauffe que d’un unique demi-degré supplémentaire, c’est 200 millions de citadins qui seront affectés par des inondations et tempêtes. Enfin, si le scénario du GIEC s’avère exact, c’est-à-dire une hausse des températures de 3 °C, ce sont près de 810 millions de personnes qui se retrouveront en péril en raison de la montée des eaux.
Face à cette situation, tout le monde ne serait pas logé à la même enseigne. L’Asie, qui compte neuf des dix mégapoles à plus haut risque, sera inévitablement le continent le plus durement frappé. Quant aux petites nations insulaires, elles pourraient totalement disparaître de la carte. Même si ces projections peuvent nous paraître éloignées dans le temps, en 2020, deux îles de Sumatra ont été englouties sous les eaux.
« Environ 5 % de la population mondiale vit actuellement sur des terres situées sous le niveau qui sera atteint en marée haute sous l’effet du dioxyde de carbone déjà accumulé dans l’atmosphère par l’activité humaine », a déclaré à l’AFP l’auteur principal de l’article Ben Strauss, président et chef des chercheurs de l’organisation indépendante de journalistes et scientifiques Climate Central.
« Une image vaut mille mots »
Pour illustrer les propos de cette étude, les chercheurs se sont associés à Climate Central afin de modéliser à l’aide de google image, la montée des eaux dans plus de 184 villes.
Il est possible, en déplaçant le curseur de gauche à droite, de simuler les conséquences, qu’auraient la montée des eaux sur les différentes villes suivant les différents scénarios envisagés de +1,5°C à +4°C. La totalité des images est disponible ici.
L’analyse ne tient pas compte des ouvrages de défense qui seront éventuellement construits pour faire face à ce risque, néanmoins les auteurs de l’étude rappellent que face à la nature, « même de monumentales mesures d’adaptation ne permettront pas d’éliminer tous les risques ».
La COP 26 sera déterminante pour notre avenir et celui des générations futures
Reportée d’un an à cause de la pandémie de COVID-19, la 26e conférence des parties se tiendra dans deux semaines à Glasgow. Après un été où inondations et incendies meurtriers ont déjà illustré les prémisses des conséquences du changement climatique, les attentes sont élevées.
« À Glasgow et jusqu’à la fin de cette décennie, nous avons la possibilité soit d’aider les cent prochaines générations, soit de les trahir », a insisté M. Strauss.
La communauté internationale ne doit pas reproduire les mêmes erreurs que celles commises pendant la pandémie de COVID-19, car l’une comme l’autre représente des menaces sans frontières, imposant des prises de décisions globales.
Global Citizen encourage les pays riches, qui sont les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre à prendre des mesures afin de réduire drastiquement leurs émissions. En effet, les 10 pays les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre contribuent à eux seuls à plus de deux tiers des émissions mondiales. À l’inverse, ce sont les pays les plus pauvres qui seront les plus vulnérables aux conséquences du changement climatique.