Vous avez sûrement déjà été captivé par une œuvre de street art que vous avez vue, que ce soit par son message politique ou ses couleurs incroyablement vives et saturées.
Illégal dans la plupart des villes mais présent dans le monde entier, le street art est souvent subversif. Il offre aux gens qui n'ont pas leur mot à dire une plateforme pour partager des idées et des expériences, et il fournit une touche de couleur nécessaire aux villes animées.
La scène du street art est largement dominée par les hommes, mais il y a plusieurs artistes de rue féminines importantes qui valent le coup d’œil.
Ces artistes viennent du monde entier, mais ce qu'elles ont en commun, c'est qu'elles remettent en question les stéréotypes sur les femmes et qu'elles cassent les codes en faisant simplement ce qu'elles aiment.
La Suerte (Quito, Équateur)
La Suerte, qui signifie « la chance » en espagnol, crée des fresques à Quito depuis plus de sept ans. Elle fait partie d'un collectif artistique appelé Los Fenómenos. Par son art, La Suerte aime jouer avec l'idée du corps féminin.
« Ici en Équateur, s’occuper des problèmes du corps ou parler du corps reste un péché, c’est mal vu… J’aime la beauté qu’il y a dans les plis de la peau. Dans mon travail, j'aime pousser cette idée de chair à l'extrême. C'est ma façon de lutter contre les stéréotypes sur le corps féminin », a-t-elle déclaré dans une interview accordée à Women Artists.
La Suerte a également fait une conférence TED en 2016 TEDxQuito sur sa création artistique. Elle a parlé de réinventer et de recréer la ville dans laquelle elle vit à travers l'art, au cours d’une présentation multimédia en collaboration avec David Sur et Sergio Silva.
Panmela Castro (Rio de Janeiro, Brésil)
Panmela Castro, parfois surnommée la « Reine du graffiti » du Brésil, utilise son art pour se réapproprier les espaces publics. Elle a pris conscience des différences de genre sur la scène du street art lorsque des artistes masculins lui ont dit que son graffiti était « tellement bien qu'on aurait dit un graffiti d’homme. »
Après avoir compris les clivages et les stéréotypes de genre, Castro a décidé de faire de l'art un objet résolument « féminin ». Elle estime que son art ajoute de la féminité à un espace masculin, en se réappropriant la sphère publique pour les femmes.
Castro inspire aussi les jeunes femmes à peindre et espère que son art éveillera des féministes au sein de la jeune génération. En 2010, elle a fondé Rede Nami, un groupe féministe qui utilise le street art pour défendre les droits des femmes. À travers ce groupe, elle anime des ateliers qui ont mobilisé plus de 5 000 personnes. L'art de Castro casse les codes et change l'attitude envers le féminisme au Brésil.
Shamsia Hassani (Kaboul, Afghanistan)
Shamsia Hassani est la première femme artiste de graffiti en Afghanistan. Née en Iran en 1988 de parents afghans, elle a été discriminée à cause de sa nationalité. Quand Hassani a eu 16 ans, sa famille est retournée en Afghanistan.
En 2010, elle a commencé à travailler le graffiti dans un atelier organisé par Combat Communications, un petit groupe anonyme d'artistes défendant la liberté d'expression à travers la jeunesse afghane.
Selon le LA Times, Hassani considère que son travail est important, car il permet aux gens qui n'iraient pas dans les galeries d'apprécier l'art et il apporte joie et beauté à sa ville déchirée par la guerre. Elle fait face au harcèlement quand elle peint, simplement à cause de son genre, mais cela ne la dissuade pas de faire ce qu'elle aime.
Ces femmes font ce qu'elles aiment face au danger, non seulement parce qu'elles aiment ça, mais aussi parce qu'elles ont un message important à partager avec le grand public. Pour les filles et les femmes, le street art est un moyen puissant de défier les stéréotypes et de se réapproprier la rue.