Il y a 5 ans, les dirigeants mondiaux ont fixé un seuil de température que le monde ne devrait pas dépasser afin de minimiser les effets du changement climatique, mais un nouveau rapport indique que cette limite pourrait être franchie au cours de la prochaine décennie.
Le rapport United in Science 2020, rĂ©alisĂ© par l'Organisation mĂ©tĂ©orologique mondiale (OMM), sous la direction du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations Unies, recueille les dernières informations relatives au climat communiquĂ©es par plusieurs organisations mondiales. Parmi celles-ci, on compte notamment l'OMM, le Global Carbon Project (GCP), la Commission ocĂ©anographique intergouvernementale de l'UNESCO (UNESCO-COI), le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'Ă©volution du climat (GIEC), le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et le Met Office. Â
Selon le rapport, au cours des cinq prochaines années, il y a 25 % de chances que le monde soit confronté à une année si chaude que l'augmentation de la température mondiale sera 1,5 °C supérieure à celle de l'époque préindustrielle.
En 2015, l'accord de Paris a été adopté pour aider le monde à s'adapter au changement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Les dirigeants mondiaux ont convenu que des mesures étaient nécessaires pour empêcher les températures mondiales de dépasser un maximum de 2 °C, mais l'objectif idéal était de maintenir le réchauffement à 1,5 °C.
Alors que la pandémie de COVID-19 a fait baisser les émissions de carbone et qu’elle a atténué leurs effets désastreux, le rapport de mercredi indique que le monde ne parvient pas à garder le cap.
Non seulement nous constatons une augmentation des températures, mais le niveau des mers augmente également en raison de la fonte des glaces polaires et d'autres facteurs.
« La chaleur record, les fontes de glace, les incendies, les inondations et les sécheresses continuent de s'aggraver, ce qui affecte les communautés, les pays et les économies du monde entier », a écrit le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, dans l'avant-propos du rapport.
En un rien de temps, le monde a connu des incendies hors du commun en Amazonie, dans l'Arctique et en Australie.
« La sécheresse et les vagues de chaleur ont considérablement augmenté le risque d'incendies, indique le rapport. Les trois plus grandes pertes économiques enregistrées par les feux de forêt ont toutes eu lieu au cours des quatre dernières années. »
La température mondiale a déjà augmenté de près de 1,1 °C depuis la fin du 19ème siècle, selon le rapport.
La période 2016-2020 est en passe de devenir la plus chaude des cinq dernières années. D'après l'Associated Press (AP), l'année en cours est d'ailleurs la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée.
Le secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas, a déclaré à l'AP que le réchauffement était dû aux activités humaines, ainsi qu'au réchauffement naturel provoqué par le phénomène El Niño observé au cours des 5 dernières années.
« La probabilité [que la température dépasse 1,5 °C] augmente d'année en année, a déclaré M. Taalas à l'AP. Il est très probable que cela se produise dans la prochaine décennie si nous ne changeons pas notre comportement. »
Un monde qui connaît une augmentation de plus de 1,5 °C peut certes exister, selon un rapport de l'Organisation des Nations Unies (ONU) de 2018, mais les conséquences en seraient désastreuses.
Pour M. Taalas, la planète se dirige vers un réchauffement de 3° C supérieur à celui observé à la fin du 19ème siècle.
En raison de la pandémie, les émissions de dioxyde de carbone diminueront de 4 à 7 % cette année, selon l’AP. M. Taalas a toutefois précisé que ce gaz restera dans l'air pendant un siècle et que la quantité de dioxyde de carbone piégée dans l'atmosphère continuera d'augmenter, tout comme les températures.