Sue et David Smith étaient bébés lorsqu’ils ont contracté la polio en 1949. Mais c’est cette maladie dévastatrice qui les a unis.
Une épidémie de polio a touché leur ville natale de Gravesend, dans le comté de Kent, tout comme elle a touché l’ensemble du Royaume-Uni, le Canada et les États-Unis, tuant plus de 2 700 personnes.
Aujourd’hui mariés depuis 45 ans, Sue et David ont été hospitalisés sur le même étage dans la même unité d’isolement près de Gravesend.
David et Sue ont raconté leur histoire à Global Citizen dans le cadre d’une campagne de sensibilisation à la polio afin d’éradiquer la maladie.
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« Je ne sais pas exactement comment j’ai contracté la polio, mais je sais que j’étais à une fête et que le lendemain, tous ceux qui y avaient participé ont été placés en isolement, explique Sue. J’ai été hospitalisée pendant six mois ; j’étais âgée de 15 mois lorsque j’ai contracté la maladie, quelques années seulement avant que l’on découvre un vaccin qui, éventuellement, permettrait d’éradiquer la maladie ».
« La polio, explique quant à lui David, m’a laissé des séquelles permanentes à la jambe droite, qui est deux pouces et demi plus courte que la gauche, alors je dois porter une attelle à cette jambe. David est atteint plus sévèrement et a toujours dû porter une attelle pleine longueur à la jambe gauche ».
David et Sue sont devenus amis dans l’enfance alors que tous deux étaient traités à l’hôpital, et même s’ils fréquentaient des écoles différentes, ils ont toujours su qu’ils s’étaient en fait connus à l’hôpital.
Mais leur relation s’est réellement développée lors de leur fête de graduation du collège, puis ils ont commencé à se fréquenter et se sont épousés en 1973.
Jusqu’aux années 1980, la polio laissait des gens paralysés au R.-U. et Sue et David sont parmi les plus de 120 000 hommes et femmes souffrant de cette terrible maladie qui ont conservé des séquelles.
La maladie agit rapidement et, dans certains cas, elle affecte le corps dans les heures qui suivent l’infection et entraîne une faiblesse musculaire extrême et la paralysie, compromettant sérieusement la croissance. Dans certains cas, la maladie est mortelle.
David et Sue ont été chanceux. Ils ont été en mesure de récupérer de la maladie et ont mené une vie active et bien remplie ; David a travaillé comme comptable et Sue comme enseignante. Ils ont deux garçons maintenant adultes, Adam et Oliver, et ont aujourd’hui quatre petits-enfants.
Malgré les effets à long terme que la polio a eus sur leur mobilité, ils n’ont jamais considéré que cela avait eu un impact négatif sur leur vie de famille.
« Élever deux enfants alors qu’on vit avec la polio a eu des effets positifs sur eux, parce qu’ils ont dû apprendre à s’adapter, explique Sue. Par exemple, lorsque nous allions à la mer, tous les enfants autour se lançaient tout de suite dans l’eau, mais Adam et Oliver nous aidaient à sortir les chaises et la couverture pour le pique-nique ».
David and Sue Smith on their wedding day in 1973.
Elle ajoute : « Nous avons toujours gardé nos petits-enfants et ils se sont habitués, comme nos enfants avant eux, à monter l’escalier sous mon bras, puis ils ont appris à les descendre en s’assoyant et en les descendant ainsi, comme fait grand-maman ».
David, quant à lui, a toutefois un regret : la maladie l’a toujours empêché de danser avec Sue.
« Nous adorons tous deux la musique. Je joue de la guitare et Sue joue du piano, et la danse est une des choses que la polio m’a empêché de faire. »
A doctor in Afghanistan, where polio is still endemic, assesses a child.
La polio est toujours au stade endémique au Pakistan et en Afghanistan, ce qui signifie que cette maladie représente toujours une réelle menace dans ces pays, mais un vaccin peu coûteux existe et pourrait éradiquer la maladie une fois pour toutes.
La lutte contre la polio est presque terminée. Depuis que l’Assemblée mondiale de la santé a adopté en 1988 une résolution pour éradiquer la polio, l’incidence de la maladie a diminué de 99,9 % et on estime qu’aujourd’hui, quelque 10 millions de personnes peuvent marcher alors qu’elles auraient pu être paralysées des suites de la maladie.
Si la campagne est couronnée de succès, la polio sera seulement la deuxième maladie à être éradiquée, la première étant la variole.
Comme le dit Sue : « Ce n’est pas uniquement le problème des pays en développement : les citoyens du R.-U. doivent s’en préoccuper. La polio est toujours là et elle ne le devrait pas l’être. Nous devons tous nous mobiliser et donner le grand coup qui nous permettra de l’éradiquer. »