Pour nombre d’entre nous, le processus de vaccination commence et se termine au centre de vaccination, lorsqu’un soignant nous a désinfecté le bras avant d’y injecter la dose de vaccin et d’ensuite nous renvoyer chez nous.
En réalité, il ne s’agit là que la dernière étape du cycle de vie du vaccin. Pour acheminer une dose d’un point A à un point B, il ne suffit pas de la commander, de la livrer et de l’administrer, surtout si elle est destinée à une communauté rurale isolée.
En effet, une armée d’intervenants entre en jeu : pour récupérer les doses de vaccin depuis une usine de production, les acheminer vers un aéroport, puis sur le sol du pays destinataire, avant de les livrer dans les centres de vaccination physiques ou mobiles des communautés. Ce procédé nécessite une documentation et un suivi méticuleux, une organisation logistique rigoureuse et la mobilisation d’ambassadeurs de la vaccination de confiance incarnés par des membres de la communauté.
Le processus d’approvisionnement en vaccins commence lorsque les pays passent leurs commandes pour des doses de vaccin. Si un pays fait face à une épidémie, le gouvernement peut solliciter des doses de vaccin par le biais des stocks d’urgence de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Cette ressource est disponible pour le choléra, ébola, la méningite et la fièvre jaune. Une fois la commande validée, l’UNICEF se procure les vaccins et organise leur livraison, idéalement dans un délai d’une semaine.
Puisqu’aucun stock de vaccins contre la COVID-19 n’était disponible au début de la pandémie, les pays les plus riches ont directement commandé des doses auprès du fabricant. En revanche, ceux qui n’avaient pas les moyens nécessaires ont dû compter sur l’approvisionnement en vaccins de l’initiative COVAX, de la Banque mondiale ou de dons directs d’autres pays.
The vaccine procurement process begins when countries put in their orders for vaccine doses. Once the order and transportation details are set, the manufacturers process the orders, confirm batch release timelines, and pack the doses for transport.
COVAX, une initiative lancée en avril 2020 en réponse à la pandémie, est un outil de financement qui vise à garantir un accès équitable et juste aux vaccins contre la COVID-19. Elle est codirigée par Gavi, l’Alliance du Vaccin, par la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI) et par l’OMS.
Si un pays obtient des doses de vaccin contre la COVID-19 par l’intermédiaire de COVAX ou de la Banque mondiale, les détails de sa commande sont transmis à l’UNICEF, qui prend en charge l’acquisition et le transport des vaccins. Dès lors, des responsables organisent la logistique pour obtenir des doses auprès des fabricants et trouver des vols afin de transporter les vaccins vers leurs pays respectifs.
Le processus est similaire pour les vaccinations systématiques, y compris celles contre la polio, la rougeole et le papillomavirus humain (HPV), dont l’accessibilité est facilitée pour les pays à revenu faible ou intermédiaire grâce à des partenariats mondiaux, tels que Gavi. Les doses sont alors prises en charge et livrées par l’UNICEF.
Une fois que les détails de la commande et du transport sont réglés, les doses de vaccin prennent la route. Les fabricants traitent les commandes, confirment les délais de distribution des lots et conditionnent les doses pour le transport.
Pour de nombreux vaccins, y compris ceux contre la COVID-19, la distribution des doses nécessite le respect de la chaîne du froid, afin de conserver les doses à la température recommandée. La chaîne du froid permet de conserver l’efficacité des vaccins depuis leur fabrication jusqu’au moment de la vaccination. Le laboratoire Pfizer a par exemple mis au point des transporteurs thermiques à température contrôlée, qui utilisent de la glace sèche pour garder les vaccins au froid. Ces conteneurs peuvent maintenir les conditions de température recommandées jusqu’à 10 jours sans être ouverts, ce qui permet aux doses de faire le trajet entre l’usine de fabrication dans un pays et l’aéroport dans un autre.
Une fois que les vaccins ont atterri dans le pays destinataire, l’étape suivante consiste à les distribuer au niveau régional. Ils sont d’abord déchargés de l’avion et placés dans des chambres froides. Ensuite, des responsables procèdent généralement à un inventaire des doses, afin de s’assurer qu’elles correspondent à la quantité commandée. Ils s’occupent par la suite de déterminer quelles quantités iront à quels districts.
La mise en place de la stratégie de la chaîne d’approvisionnement en vaccins de la Sierra Leone est l’une des responsabilités principales de Joyce Mariana Kallon. En tant que responsable de la chaîne d’approvisionnement et de la logistique pour le Programme élargi de vaccination du pays, elle élabore des matrices permettant de déterminer l’acheminement des vaccins vers les 16 districts du pays.
After they land in a receiving country, vaccines need to be distributed at a regional level. They are loaded off the airplane and into cold rooms, where officials do a count of the vaccines and determine the quantities for each district.
Les autorités sanitaires tiennent compte de plusieurs facteurs pour déterminer le nombre de doses livrées à chaque district, notamment le nombre d’équipes médicales présentes dans la région, le nombre de personnes qu’elles souhaitent vacciner par jour et le nombre de jours pendant lesquels elles prévoient de mener la campagne vaccinale. Joyce Mariana Kallon explique que ces facteurs peuvent être limités par un manque de soignants, une pénurie d’installations de stockage à froid et les dates de péremption des vaccins.
Dans le cadre des vaccins contre la COVID-19, les doses sont ensuite placées dans des glacières remplies de blocs réfrigérants conditionnés, qui sont conçues pour maintenir une température stable pendant 72 heures. Elles sont ensuite chargées dans des camions réfrigérés avec des seringues, des formulaires de dépistage et des cartes de vaccination.
« À chaque étape de la chaîne d’approvisionnement, nous voulons conserver les vaccins à la température standard de 2 à 8 [degrés Celsius]. Nous ne voulons pas compromettre la température », nous précise Joyce Mariana Kallon.
Les camions prennent ensuite la route des établissements de santé de chaque district du pays. En Sierra Leone, la distribution des vaccins aux districts est assurée par deux camions : l’un s’occupe du nord et de l’ouest du pays, l’autre du sud et de l’est.
Lorsqu’ils arrivent au centre de vaccination, les vaccins sont immédiatement placés dans des réfrigérateurs. Si un district ne possède pas de réfrigérateurs, les doses qui lui sont attribuées sont conservées dans un district voisin qui dispose des ressources de stockage nécessaires. S’il s’agit d’une région reculée, qui ne compte aucune autre installation à proximité, le personnel du district conserve les vaccins à l’intérieur des glacières dans lesquelles ils sont arrivés et change les blocs réfrigérants toutes les 72 heures pour maintenir la température.
Mais le processus ne s’arrête pas là. Une fois que les vaccins ont été répartis au niveau régional, il faut encore les distribuer dans les villages et les villes. Les soignants des pays chargent la quantité déterminée de doses pour une population donnée dans un autre conteneur de vaccins avec des blocs réfrigérants conditionnés, et se déplacent aussi bien à moto, à dos d’âne, à pied ou par tout autre moyen disponible pour administrer les vaccins aux communautés locales.
Savior Flomo Mendin, responsable de Last Mile Health dans le Comté de Grand Bassa, au Liberia, supervise la distribution locale des vaccins dans son pays. Au Liberia, où 1,2 million de personnes vivent en marge du système de santé, les longues distances et le mauvais état des routes restent des obstacles importants à la distribution des vaccins dans les communautés éloignées, explique-t-elle.
From the regional level, vaccines are then distributed to villages and towns. Long distances and poor road conditions remain significant obstacles for vaccine distribution in remote communities.
« Il faut parfois jusqu’à quatre ou cinq heures aux communautés les plus éloignées [pour atteindre le centre de santé le plus proche] », raconte Savior Flomo Mendin à Global Citizen. « Certaines communautés sont très éloignées et occupent aussi par des terrains singuliers, cela peut donc prendre toute la journée, jusqu’à huit heures. »
Dans les communautés qui ne possèdent pas de chambres froides, les soignants mettent en place des unités de vaccination mobiles et doivent généralement administrer les doses le jour de leur livraison, afin de garantir leur efficacité. Cela nécessite une planification importante en amont, notamment pour s’assurer qu’une partie considérable de la communauté est prête et disposée à recevoir le vaccin, au risque que les doses soient gaspillées dans le cas contraire.
À ce stade, l’éducation à la vaccination et l’instauration d’un climat de confiance sont des éléments clés de la réussite, en particulier dans les communautés où les gens hésitent à se faire vacciner.
En Sierra Leone, Joyce Mariana Kallon explique que certains acteurs communautaires, comme les chefs, les présidents et les représentants religieux, sont sollicités pour inciter la population à se faire vacciner.
Joyce Mariana Kallon continue: « Lorsque c’est votre propre peuple qui vous parle, vous vous sentez en sécurité, contrairement à quelqu’un qui vient de très loin pour vous dire de faire quelque chose. C’est pour cela que notre effort de mobilisation sociale n’inclut pas seulement des représentants nationaux, mais l’équipe comporte également des membres de la communauté, sur le terrain. »
De même, au Liberia, les soignants communautaires jouent un rôle important dans l’effort de vaccination local.
Le travail de Savior Flomo Mendin soutient la formation des soignants communautaires, en leur fournissant des conseils sur la manipulation et le stockage des vaccins, ainsi que sur la manière de réfuter les préjugés sur les vaccins et de mobiliser la population à se faire vacciner. Ces liens entre la communauté et les systèmes de santé ont joué un rôle essentiel dans l’opinion générale de la vaccination et dans l’augmentation du taux de vaccination.
Community outreach and mobilization efforts are vital components of global immunization programs.
« Nous avons constaté une grande réceptivité lorsque les soignants communautaires sont entrés en jeu et se sont faits vacciner [contre la COVID-19] », a déclaré Savior Flomo Mendin. « La plupart des membres de la communauté leur font déjà confiance et respectent leurs décisions, alors s’ils se font vacciner, cela encourage les autres membres de la communauté à comprendre la valeur du vaccin. »
La sensibilisation de la communauté s’est révélée cruciale, non seulement pour la campagne vaccinale contre la COVID-19, mais pour de nombreux efforts de vaccination à l’œuvre avant cette pandémie.
Les soignants qui font le lien entre les communautés locales et le système de santé ont joué un rôle indispensable en aidant l’Initiative mondiale pour l'éradication de la poliomyélite (IMEP) à vacciner plus de 2,5 milliards d’enfants. De même, le succès des efforts de vaccination systématique de Gavi, qui ont permis de vacciner plus de 888 millions d’enfants dans 77 pays, n’aurait pas été possible sans le soutien des organisations de la société civile qui assurent jusqu’à 65 % des services de vaccination dans certains pays.
Voici donc les étapes nécessaires pour que les vaccins arrivent au dernier maillon de la chaîne. Tout commence certes par un fabricant et des organisations internationales, telles que COVAX, Gavi, la Banque mondiale ou l’UNICEF, mais tout le procédé repose sur bien plus de facteurs : des avions, des camions frigorifiques, des glacières et des blocs réfrigérants sont également nécessaires. Tout ce protocole repose finalement sur la planification, les stratégies et l’action cruciale des soignants du monde entier.
Divulgation : Cette série a été rendue possible grâce au financement de la Fondation Bill et Melinda Gates. Chaque article a été produit en toute indépendance éditoriale.