L'impact économique de la pandémie de coronavirus COVID-19 contraint des millions de parents à exposer leurs enfants à la mendicité, au travail et au mariage précoces pour compenser la perte de revenus, révèle un nouveau rapport de l'organisation World Vision.
Le document, publié mercredi, a sondé 14 000 familles dans neuf pays asiatiques, 2 400 propriétaires de petites entreprises en Afrique et 360 migrants vénézuéliens en Amérique latine. L'enquête indique que 110 millions d'enfants dans le monde souffrent de faim, tandis que 8 millions ont été poussés à travailler et à mendier en raison de la pandémie.
Le rapport fait état de prédictions « alarmantes » quant à l'augmentation de la violence, de la pauvreté et de la faim en raison du virus. Comme prévu, ceux qui vivaient déjà dans des zones de conflit et de déplacement et qui subissaient les effets du changement climatique sont les plus touchés.
« Nos évaluations sommaires dans les pays d'Amérique latine, d'Afrique subsaharienne et d'Asie montrent que les enfants sont sur le point de subir une catastrophe, a déclaré Grant Bayldon, directeur national de World Vision Nouvelle-Zélande, selon Scoop New Zealand. Chaque évaluation révèle des bouleversements majeurs au niveau des revenus, de la capacité d'achat de denrées alimentaires suffisantes, ainsi qu'une augmentation des risques encourus par les enfants alors que les familles s'efforcent de faire face à la situation. »
M. Bayldon a ajouté : « Les effets sont déjà visibles, et pourraient conduire à une aggravation de l'extrême pauvreté et de la faim que l'on n'avait pas vue depuis des décennies. »
#COVID19Aftershocks are sending as many as 8 million children just in Asia into begging, child labour, and child marriage because parents cannot afford to buy enough food. Read more about the effects and how they can be prevented in our new report. https://t.co/k3kqYD5hMZpic.twitter.com/TXvGxhivqP
— World Vision (@WorldVision) July 7, 2020
Parmi les familles interrogées en Asie, un tiers ont perdu leur emploi.
Quelque 60 % d'entre elles ont déclaré que le travail journalier occasionnel était leur principale source de revenus, et 34 % estiment que les restrictions en matière de transport constituent désormais l'obstacle le plus important à la perception d'un revenu.
Un tiers des familles affirment qu'il ne leur reste qu'une semaine de vivres.
Le rapport révèle également qu'au Cambodge, 28 % des familles étaient confrontées à des pertes d'emploi si importantes qu'elles étaient obligées d'envoyer leurs enfants travailler. Au Bangladesh, 34 % des familles ayant signalé une perte de revenus importante ont dit avoir envoyé leurs enfants mendier dans les rues.
Dans les bidonvilles indiens, 40 % des personnes interrogées affirment avoir été témoins de pics de violence domestique.
Rekha, une jeune fille de 15 ans originaire de Delhi, explique que les restrictions en matière de voyage et la réduction des revenus familiaux obligent les individus à enfreindre la loi et à s'exposer au risque de tomber malade pour se procurer de la nourriture dans les magasins de rationnement.
« Il y a un problème de vivres et de rations. Comment les travailleurs journaliers vont-ils se débrouiller ? Mon père est aussi un ouvrier, et nous avons même du mal à gérer notre foyer, peut-on lire dans le rapport. Il y a aussi beaucoup de problèmes dans d'autres foyers. »
En réponse à la pandémie, World Vision a établi un plan d'intervention d'urgence COVID-19.
Ce plan vise à répondre aux besoins fondamentaux de 72 millions de personnes dans le besoin, tout en s'attaquant aux conséquences économiques de la pandémie sur les communautés à plus long terme.
En parallèle, World Vision continue d'exhorter les dirigeants mondiaux à accroître leur aide alimentaire et financière, à donner la priorité aux interventions sensibles au genre et à assurer la continuité des produits de base essentiels pour les citoyens les plus vulnérables de leurs pays.